Rétro politique 2024 : Arrivée de Pastef au pouvoir, dissolution de l’assemblée et législatives anticipées : Les premières couleurs de la rupture


L’ancien président Macky Sall avait annoncé en début d’année 2024, le report de l’élection présidentielle initialement prévue le 25 février de la même année. Mais après avoir vu sa décision retoquée par le conseil constitutionnel, il s’engage à organiser le scrutin dans les meilleurs délais. L’annonce de ce report avait accru les craintes concernant la fin d’une « exception sénégalaise », démocratie longtemps considérée comme la plus stable de la région. Auparavant, il faut souligner que dès juin 2023, la vague de manifestations née de l’arrestation du principal opposant de Macky Sall, en l’occurrence Ousmane Sonko, et la répression qui avait suivi, avaient causé des dégâts matériels et même des morts. 
2024, est l’année qui a vu l’arrivée au pouvoir  de Pastef/Les Patriotes et l’accession « inattendue » de Bassirou Diomaye Faye à la tête de l'État du  Sénégal. À son arrivée, Bassirou Diomaye Faye a mis la souveraineté économique et le rééquilibrage des liens avec les entreprises étrangères, notamment françaises, au cœur de son programme. Il devra mettre ce projet de rupture à l'épreuve des réalités économiques héritées du régime précédent. 
 
2024 a aussi été l’année de l'élection qui verra par ailleurs s'affronter les candidats dont les candidatures ont déjà été acceptées, tout en permettant à ceux ayant vu la leur rejetée de contester ce rejet, ouvrant la voie à une possible candidature de Karim Wade ou d'Ousmane Sonko. Macky Sall réitère son intention de quitter la présidence à la date de fin de son mandat, et annonce saisir le Conseil constitutionnel pour organiser son intérim. La situation est alors inédite, la Constitution ne prévoyant pas le cas d'une élection organisée après la fin du mandat du président sortant. Avec un taux de participation de 61,30%, la coalition Diomaye Président sort vainqueur avec 54,28% des plus de 7 millions d’inscrits. 
Après les coups de la campagne électorale, voici venu le temps de l'apaisement. Le nouveau président de la République a tendu la main à ses adversaires et tenu à rassurer les partenaires internationaux du pays. Le Sénégal « restera le pays ami et l'allié sûr et fiable pour tout partenaire qui s'engagera, avec nous, dans une coopération vertueuse », avait-il annoncé face à la presse, juste après la proclamation des résultats de l’élection présidentielle. Cette formulation du nouveau régime tranche avec les éléments de langage martelés par le parti le Pastef, qui a fait de la « souveraineté économique » du Sénégal et de la « rupture » son cheval de bataille.

La dissolution de l’assemblée nationale : le premier acte politique du PR

Rétro politique 2024 : Arrivée de Pastef au pouvoir, dissolution de l’assemblée et législatives anticipées : Les premières couleurs de la rupture
Lors d’un message à la nation en début septembre, le président de la République, Bassirou Diomaye Faye, annonce la dissolution de l’Assemblée nationale. Ce message de dissolution fait partie des actes forts du chef de l’État, en cette année 2024. La date des élections législatives est ainsi fixée au dimanche 17 novembre 2024, a dit le chef de l’État. « Le Peuple Sénégalais a fait le choix de la rupture et de la transformation systémique » en l’élisant au premier tour de l’élection présidentielle, a dit Bassirou Diomaye Faye, qui ajoute avoir constaté « malheureusement, que la majorité parlementaire a décidé de ramer à contre courant de la volonté du peuple Sénégalais (…) » Selon lui, la majorité avec le régime de Macky Sall a d’abord refusé, le 29 juin 2024, de tenir le débat d’orientation budgétaire pourtant obligatoire, « pour le motif simpliste d’une supposée attaque reçue sur le terrain politique. » Une violation d’après le président de la République, qui constitue « une obligation légale prévue par l’article 56 de la loi organique relative aux lois de finances » et qui aura gravement contribué à « ternir l’image du Sénégal aux yeux des institutions internationales », a-t-il ajouté.
Il faut également, rappeler que Ousmane Sonko, Premier ministre et leader de Pastef, a pour sa part, essuyé plusieurs menaces de motion de censure, dont une a été déposée par le camp de l’ancien régime. La déclaration de politique générale, qu’il était censé prononcer le vendredi 13 septembre, devant l’Assemblée nationale, a été automatiquement révoquée par la dissolution. Ce qui aura provoqué, dans le camp de l’opposition, de vives contestations.
Mais visiblement, il était vital pour le Pastef, de disposer d’une large majorité pour faire face aux réformes qu’il avait promises aux sénégalais. Les élections législatives sont désormais retenues pour le 17 novembre.  
Macky Sall tête de liste de Takku Wallu, naissance de Samm Sa Kaddù : 

Rétro politique 2024 : Arrivée de Pastef au pouvoir, dissolution de l’assemblée et législatives anticipées : Les premières couleurs de la rupture
La coalition Takku-Wallu Sénégal regroupant notamment l’Alliance pour la République (APR) et Karim Wade du PDS va naître et faire face à Bassirou Diomaye Faye. Mais la grande surprise chez certains a été de voir l’ancien président de la République, Macky Sall, être porté comme tête de liste de ladite coalition. Une nouvelle fois, le Sénégal s’avance vers une confrontation entre les deux principaux acteurs d’un bras de fer qui dure depuis de nombreuses années. Si les déclarations de candidatures sont jugées recevables par la Direction générale des élections dans les prochains jours, l’ancien président Macky Sall  et le désormais Premier ministre Ousmane Sonko, devront s’affronter.

Rétro politique 2024 : Arrivée de Pastef au pouvoir, dissolution de l’assemblée et législatives anticipées : Les premières couleurs de la rupture
Parallèlement, la coalition Samm Sa Kaddù, lancée le 18 octobre 2024 et réunissant au départ Khalifa Sall, Barthélémy Dias, Bougane Guèye Dany, Papa Djibril Fall, Déthié Fall, le PUR avec Cheikh Tidiane Youm, s’engage à porter une assemblée nationale avec une opposition qui sera une force de propositions et outillée à faire le contrôle nécessaire de l’action du gouvernement. La coalition Sopi Sénégal, une autre entité dissidente du PDS après l’alliance jugée « contre-nature » avec l’APR, est formée. Elle est composée majoritairement des « exclus du PDS » notamment Tafsir Thioye, ancien porte-parole du PDS qui est la tete de liste. Mais également, l’ancien parlementaire Doudou Wade, Awa Abdoul Ba, Djibril Wade, maire de biscuiterie, Woré Sarr entre autres. 
Le 17 novembre 2024 ou la confirmation du Pastef

Après la dissolution de l’assemblée nationale le 12 septembre dernier, le président de la République Bassirou Diomaye Faye fixe les élections législatives au 17 novembre. 2024, a ainsi vu naître le jour du scrutin qui va encore porter le Pastef au sommet avec 1 991 770 voix. Ousmane Sonko tête de liste de Pastef se retrouve avec 29 sièges pour la proportionnelle et 101 sur la départementale. Takku-Wallu Sénégal (TWS) vient en deuxième position avec 531 466 voix, 8 sièges sur la proportionnelle et 8 départementaux avec un total 16 sièges. Jamm Ak Jariñ de Amadou Bâ totalise 330 865 voix, et 7 sièges dont 5 proportionnels et 2 départementaux. Enfin, Samm Sa Kaddù dirigée par Barthélémy Dias totalise 222 060 voix. La coalition obtient 3 sièges proportionnels et aucun départemental. 
 
2024, c’est aussi l’année de la campagne électorale et ses séries de violences. Même si c’est avec un scrutin calme et paisible que les élections se sont achevées, certaines coalitions et partis politiques se sont illustrés sur le terrain avec des actes de violence. Malgré le message solennel du chef de l’État pour des élections apaisées, appelant à l’unité et à la retenue dans l’arène politique, dès les premiers jours de la campagne, les tensions se sont intensifiées et les violences ont éclaté. Des insultes et des échanges virulents, aussi bien par médias interposés que sur les réseaux sociaux, ont dominé l’ambiance électorale.
Le climat s’est encore détérioré avec l’incendie du siège de Taxawu Sénégal, le parti de Khalifa Sall, ancien maire de Dakar, en début de semaine. « Ce qui s’est passé ici est énorme, grave, dangereux, et c’est criminel. Nous avions souhaité une campagne sereine et calme, où le débat d’idées aurait dû prévaloir », a déploré Khalifa Sall lors d’un point de presse le lendemain de l’incendie dans Taxawu.
Élection de El Malick au perchoir et formation d’un nouveau gouvernement 

Celui qui fut tête de liste départementale de Pastef à Linguère aux élections législatives anticipées du 17 novembre 2024, désormais ancien ministre des Infrastructures et des Transports terrestres et aériens va être porté à la tête de l’assemblée nationale après le vote des députés. Le Secrétaire national à la communication de Pastef provoque également un changement léger dans le gouvernement avec l’arrivée de Abass Fall à la tête du ministère du travail, de l’emploi et des relations avec les institutions. Yankhoba Diémé prendra la place de El Malick Ndiaye à la tête du ministère des infrastructures et des transports terrestres et aériens. 

DPG, enfin une bonne date! 


Dans un contexte politique nouveau, la date de la Déclaration de Politique Générale (DPG) du Premier ministre Ousmane Sonko devient l'enjeu d'un véritable bras de fer entre le pouvoir et l'opposition parlementaire. Le président Bassirou Diomaye Faye a fixé la date au 13 septembre, contrecarrant ainsi les manœuvres de l'opposition qui tentait d'accélérer le processus.
 
Le ministre du Travail, de l'Emploi et des Relations avec les institutions, Yankhoba Diémé, a annoncé dans des propos rapportés par l'APS que : « Le président de la République conformément à ses prérogatives constitutionnelles et à l'histoire du Sénégal a informé l'Assemblée nationale dans une lettre en date du 6 septembre 2024 de la tenue le vendredi 13 septembre de la DPG conformément au règlement intérieur de l'institution parlementaire en son article 97". Cette décision intervient après que l'Assemblée nationale, dominée par l'opposition, a tenté de fixer la date au 11 septembre. La coalition Benno Bokk Yakaar, majoritaire à l'Assemblée, avait initialement prévu de jouer la carte du temps pour forcer le Premier ministre à se présenter plus tôt devant l'Assemblée. Lors de la Conférence des présidents, les députés de l’opposition parlementaire avaient ainsi décidé de tenir les travaux de la session extraordinaire en mode « fast-track » fixant la date de la DPG au 11 septembre, soit un jour avant la date limite où le président pourrait théoriquement dissoudre le parlement.
 
L'Assemblée nationale a ouvert sa troisième session extraordinaire le 5 septembre, convoquée par le président pour examiner trois projets de loi et recevoir la DPG du Premier ministre. Cette convocation était elle-même une réponse au projet de motion de censure contre Ousmane Sonko envisagé par l'opposition.
La Déclaration de Politique Générale, un moment crucial dans la vie politique sénégalaise, permet au Premier ministre de présenter les grandes orientations de son gouvernement et de solliciter la confiance de l'Assemblée nationale. Dans le contexte actuel, cette DPG revêt une importance particulière, étant donné les tensions entre le pouvoir exécutif et le pouvoir législatif.
 
L'opposition avait prévu un calendrier serré : une réunion de la commission technique le 6 septembre pour débattre des trois projets de lois, suivie d'une assemblée le 8 septembre, pour finalement clôturer la session extraordinaire par la DPG le 11 septembre. Mais c’est sans compter l’implication du président de la République qui fixe la date au 13 septembre. L’Assemblée nationale se prépare désormais pour la Déclaration de politique générale du Premier ministre Ousmane Sonko, prévue le 27 décembre. L’annonce a été faite lors d’un consei des ministres. 
 
Ce vendredi 27 décembre 2024, marquera une autre étape de la vie politique du Sénégal. Il s’agira pour les observateurs d’écouter le Premier ministre qui va décliner sa feuille de route de route pour les cinq ans à venir. 


Jeudi 26 Décembre 2024
Dakaractu



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