Nombreux sont les puristes qui, depuis mars 2012, sont révulsés par le faible niveau d’expression écrite qui caractérise les comptes rendus des communiqués des Conseil des Ministres. Des entorses à la déontologie administrative et des fautes de vocabulaire, d’orthographe et de grammaire de toutes sortes y sont décelées chaque jeudi que dieu fait. La nomination de M. Latif COULIBALY comme Ministre, Porte –parole du Gouvernement, et par conséquent rédacteur des Communiqués des Conseils des Ministres, avait suscité l’enthousiasme au sein des sentinelles de la langue de Molière qui avaient alors eu la naïveté de croire que le journaliste, devenu Ministre, allait nous servir des textes de haute facture. Mais la lecture du communiqué du Conseil des Ministres du jeudi 17 janvier 2013 montre qu’il n’en est rien !
Examinons, en effet, ce texte et commençons par une remarque d’ordre général : lorsqu’on rédige un communiqué du Conseil des Ministre, il convient de faire droit à son officialité sa solennité en respectant, dans l’exposition des communications des membres du Gouvernement, l’ordre de préséance tel qu’il figure dans le Décret portant composition de ce Gouvernement. C’est une faute grave de rédaction administrative, par exemple, que, comme le fait M. COULIBALY, de rendre compte de la Communication du Ministre des Affaires Etrangères avant celle du Ministre des Forces Armées qui est portant protocolairement au – dessus de lui dans la hiérarchie gouvernementale, car venant immédiatement après le Premier Ministre.
Parlant de sécurité routière, le communiqué informe que le Président de la République a instruit le Premier Ministre de faire prendre…
Beaucoup de Sénégalais, sûrs de leur bon droit, utilisent à satiété l’expression « je l’ai instruit de… ou il m’a instruit de…. » Mais elle est incorrecte, car on n’instruit pas une personne. On peut instruire quelque chose comme un dossier ou un procès, mais on l’être humain, on lui donne des instructions qu’il est censé comprendre et exécuter.
Le texte du communiqué comporte beaucoup de lourdeurs. Citons en une: « Le Ministre a indiqué que la France a fait observer que son action actuelle en territoire malien… ». Cette phrase est lourde à cause de l’inflation des « que ». Elle rappelle d’ailleurs la fameuse phrase d’un petit garçon qui rétorquait ainsi aux accusations de son camarade de classe : « Qui t’a dit que c’est moi qui a dit que c’est toi qui a dit ca ? ».
Par ailleurs, la partie du communiqué rendant compte de la communication du Ministre des Forces Armées dit entre autres ceci : « les forces de sécurité faisaient preuve d’une très grande détermination et d’une ardeur remarquable au travail, en dépit de leurs moyens limités ». Cette information ne me semble point seoir (indiquée) dans le contexte actuel où une guerre a éclaté à nos portes et où, par conséquent toute information militaire doit être tenue secrète.
En plus, le communiqué du Conseil parle du « Ministre de la Formation professionnelle et technique ». Au Sénégal, il n’existe pas, à notre connaissance, de Ministre de la Formation professionnelle et technique, il existe plutôt un Ministre de la Formation professionnelle, de l'Apprentissage et de l'Artisanat.
Bref, il faut convenir que, de Serigne Mbaye THIAM à Latif COULIBALY, les communiqués des Conseils des Ministres de la nouvelle alternance n’ont pas encore atteint leur pleine dignité déontologique et langagière d’une rédaction administrative soucieuse du respect de la forme et du fond. Il est temps de revenir à l’orthodoxie en la matière !
François SARR
Dakar
sarrefrancois@gmail.com
François SARR
Examinons, en effet, ce texte et commençons par une remarque d’ordre général : lorsqu’on rédige un communiqué du Conseil des Ministre, il convient de faire droit à son officialité sa solennité en respectant, dans l’exposition des communications des membres du Gouvernement, l’ordre de préséance tel qu’il figure dans le Décret portant composition de ce Gouvernement. C’est une faute grave de rédaction administrative, par exemple, que, comme le fait M. COULIBALY, de rendre compte de la Communication du Ministre des Affaires Etrangères avant celle du Ministre des Forces Armées qui est portant protocolairement au – dessus de lui dans la hiérarchie gouvernementale, car venant immédiatement après le Premier Ministre.
Parlant de sécurité routière, le communiqué informe que le Président de la République a instruit le Premier Ministre de faire prendre…
Beaucoup de Sénégalais, sûrs de leur bon droit, utilisent à satiété l’expression « je l’ai instruit de… ou il m’a instruit de…. » Mais elle est incorrecte, car on n’instruit pas une personne. On peut instruire quelque chose comme un dossier ou un procès, mais on l’être humain, on lui donne des instructions qu’il est censé comprendre et exécuter.
Le texte du communiqué comporte beaucoup de lourdeurs. Citons en une: « Le Ministre a indiqué que la France a fait observer que son action actuelle en territoire malien… ». Cette phrase est lourde à cause de l’inflation des « que ». Elle rappelle d’ailleurs la fameuse phrase d’un petit garçon qui rétorquait ainsi aux accusations de son camarade de classe : « Qui t’a dit que c’est moi qui a dit que c’est toi qui a dit ca ? ».
Par ailleurs, la partie du communiqué rendant compte de la communication du Ministre des Forces Armées dit entre autres ceci : « les forces de sécurité faisaient preuve d’une très grande détermination et d’une ardeur remarquable au travail, en dépit de leurs moyens limités ». Cette information ne me semble point seoir (indiquée) dans le contexte actuel où une guerre a éclaté à nos portes et où, par conséquent toute information militaire doit être tenue secrète.
En plus, le communiqué du Conseil parle du « Ministre de la Formation professionnelle et technique ». Au Sénégal, il n’existe pas, à notre connaissance, de Ministre de la Formation professionnelle et technique, il existe plutôt un Ministre de la Formation professionnelle, de l'Apprentissage et de l'Artisanat.
Bref, il faut convenir que, de Serigne Mbaye THIAM à Latif COULIBALY, les communiqués des Conseils des Ministres de la nouvelle alternance n’ont pas encore atteint leur pleine dignité déontologique et langagière d’une rédaction administrative soucieuse du respect de la forme et du fond. Il est temps de revenir à l’orthodoxie en la matière !
François SARR
Dakar
sarrefrancois@gmail.com
François SARR
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