Présentation de la vision « Sénégal 2050 » : le PROJET, entre discours et urgences !


Le président de la République sera ce lundi au Centre International de Conférences Abdou Diouf (CICAD) où se tiendra la cérémonie officielle de lancement du référentiel « Sénégal 2050: l’Agenda National de Transformation ». Aussi, le Premier ministre Ousmane Sonko ainsi que tous les membres de son gouvernement seront présents. Mais également le secteur privé national et international, la société civile, les partenaires au développement, les universitaires, ainsi que des acteurs publics, des organisations non gouvernementales, et des syndicats, autour des axes majeurs et des objectifs stratégiques du Sénégal pour les trois prochaines décennies. 
 
 
Que faut-il attendre de cette présentation ? 
 
En effet, au Sénégal, pratiquement 54% des personnes sont analphabètes et 2 sur 3 ne sont pas qualifiées. La solution ne peut être trouvée que dans l’éducation, sous toutes ses formes, l’enseignement, tant professionnel que supérieur, et surtout dans la question de l’emploi. Les emplois décents et qualifiés par exemple. La présentation de ce référentiel se tient cependant dans un contexte où un nouveau gouvernement est arrivé il y a 6 mois et dans une situation où les urgences sont pressantes. Le monde est confronté à une forme d'inflation et de pertes en vies humaines, même si des mesures sur la réduction des prix ont été actées avec une enveloppe de plus de 53 milliards, « le Gorgorlu » souffre toujours. Alors que faut-il faire ? Selon l’analyste politique Hamidou Anne, subventionner, baisser, « sont de fausses solutions. La solution est le pouvoir d’achat, et non la diminution des prix ». 
 
Dans nos pays, on parle encore de baisse des prix. Cependant, en démocratie, on parle principalement de pouvoir d’achat. C’est en réalité, « permettre aux gens d’avoir un métier suffisamment valorisé, de pouvoir effectivement consommer. Et là, le dernier rapport du FMI, de septembre, affirme que les prix ont baissé. Quoi qu’il en soit, l’inflation a baissé. Mais pas parce que l’offre est plus élevée. Mais parce qu’en réalité, il n’y a pas de consommation. C’est un phénomène assez compliqué dans l’économie, a considéré Mr Anne qui, concrètement, parle d'éducation, d'emploi, de pouvoir d'achat. L’autre solution dont il pourrait s’agir comme réponse aux impératifs de développement, c’est de suivre les efforts du gouvernement précédent en terme de reconstruction des infrastructures.
 
Aujourd'hui, le TER est à Diamniadio, bientôt à l’AIBD et on s'attend à ce qu'il aille jusqu'au bout. « Je pense que c'est bien de considérer ces vrais chantiers de même que la question des finances publiques ». Aussi, ajoutera notre interlocuteur, il ne faut pas avoir peur de la dette. « Le Japon, qui est considéré comme un modèle, a 200% de dette par rapport au PIB. Les États-Unis ou la France sont à 150% du PIB. Nous, nous en sommes à 75% ». 
 
 
 
L’endogénéisation, un mythe qui peut plaire, mais…
 
 
« Un discours politique », dira Anne. En fait, l'endogénéisation de l'économie, le patriotisme économique, ce sont des discours simplistes parce que nous sommes dans un monde ouvert. « Déjà, nous sommes dans un espace communautaire. Nous avons une monnaie que nous partageons avec sept autres pays, déjà. Nos critères de convergence sont définis au siège du l’UEMOA, ici, à la Banque Centrale, à Dakar, au siège du l’UEMOA. En plus, nous sommes signataires de mécanismes de suivi, d'accompagnement avec des institutions internationales sur plusieurs années. Aujourd'hui, notre premier bailleur en termes techniques de co-développement, c'est la France », fera-t-il savoir ajoutant que même les entreprises françaises, qui sont environ 300, génèrent 25% des recettes fiscales du Sénégal. Donc, cette histoire d'endogénéisation, c'est une idéologie limitative. 
 
 
Mais est-ce que ça ne peut pas se faire progressivement, au fur et à mesure ? 
 
L'option économique, nous informe Hamidou Anne, c'est l'ouverture du pays à la coopération et aux investissements. « Quand on a un pays où il y a 54% d’analphabètes et où 90% des entreprises sont informelles, on a besoin d'un investissement étranger au delà  des locaux pour maximiser les emplois. Mais dans ce cas, l’État va gagner en terme de fiscalité. « Lorsque les gens travaillent, ils perçoivent un salaire que nous payons également sous forme d'impôts, à savoir la TVA. Je crois aux investissements privés, locaux et étrangers, sans exclusivité. Aussi, je crois en une économie ouverte et nous avons décidé de libéraliser notre économie depuis 1994. Pour moi, l’endogénéité dans l’économie est un mythe qui peut plaire, mais qui n'a pas forcément de véritable ancrage de mon point de vue », explique le sieur Anne rappelant qu’il est attendu aussi des nouvelles autorités, de faire recours à l'industrie. Aujourd'hui, l’agriculture fait travailler près de 70% de la population, soit 10 fois moins de 20% du PIB du Sénégal. C'est donc très très peu. D’où l’importance d’industrialiser le secteur car, le plus grand secteur pourvoyeur d’emplois est l’industrie. Cela apporte également de l’innovation. Aujourd’hui, dans beaucoup de pays développés, certains font une sorte de transition industrielle, avec celle vers l'économie verte, qui génère beaucoup plus d'emplois, comme les emplois verts, d'avenir, ainsi que la technologie .
 
Faire focus aussi sur le futur avec la technologie, l'intelligence artificielle, car ce sont des secteurs extrêmement porteurs et qui nécessitent beaucoup d'investissement, dont l'État ne dispose pas et aussi, dont les privés locaux ne disposent pas. Il est alors obligé d'ouvrir davantage le pays, de rassurer les entrepreneurs, de maintenir une sécurité juridique, et d'aller faire du Sénégal, un environnement suffisamment attractif pour attirer l'investissement étranger.
 
Il est donc attendu une stratégie globale à mettre en place comme moteur de l'emploi, de l'industrialisation, de progrès, à travers la formation et les investissements, mais surtout, le capital humain. 
 
 
Dimanche 13 Octobre 2024
Dakaractu



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