Paganon explique les raisons des prêts accordés par la France au Sénégal


Paganon explique les raisons des prêts accordés par la France au Sénégal
Le nouveau patron de la diplomatie française au Sénégal, Jean Félix Paganon, a fait sa première sortie. Lu dans les colonnes de l’As, il a essayé de donner les raisons qui guident la France à accorder des prêts au Sénégal. A l’entendre, «nous avons vu dans l’élection du président Macky Sall, la promesse d’une réforme en profondeur et la volonté des autorités sénégalaises de faire une meilleure utilisation possible au franc près des sommes dont dispose le gouvernement».
Mercredi 31 Juillet 2013




1.Posté par Jean-Pierre CANOT le 01/08/2013 14:17
On croit rêver !

Rien n’a changé depuis ce que l’on pouvait écrire en 2011.

La Banque Mondiale continue ! Elle n’a pas compris et ne comprendra jamais que ce, ne sont pas des mesures telles que le sinistre ajustement structurel, ou une aide bien illusoire à la gestion des ressources de l’État, qui permettront à ce pays, comme d’ailleurs à tous les pays en développement de satisfaire la priorité des priorités qu’est l’atteinte de son autosuffisance alimentaire.

Depuis l’indépendance les divers acteurs de l’Aide Publique au Développement AFD, Banque Mondiale, FAO, Union Européenne entre autres, ont investi des millions, au Sénégal en particulier. Tout ceci en vain !

En 2004 un projet de l’Agence Française de Développement prétendait résoudre le problème de la rentabilisation des barrages construits dans les années 80 dans la vallée du fleuve Sénégal.
Le projet présenté notamment par cinq expert Sénégalais de qualité proposait en toute priorité la mise en place d’un système d’organisation professionnelle agricole reposant sur le modèle coopératif – le vrai- dans les domaines humain, technique économique et financier.
Il fut rejeté avec une violence inouïe, notamment par le représentant de la Banque Mondiale.
« Ce que l’on vous demande ce n’est pas d’organiser l’agriculture Sénégalaise, mais de trouver des investisseurs étrangers qui utiliseront les populations locales et exporteront productions et bénéfices » !

« Comment voulez-vous que des investisseurs étrangers s’intéressent à des exploitations de six cents mètres de long sur deux mètres de large où vivent jusqu’à quarante personnes ? », disait cette femme infatigable qui anime des groupe féminins et des Mutuelles d’’Épargne et de Crédit dans la région du fleuve.

C’est la même qui ajoutait : « En Afrique les projets de lutte contre la pauvreté appauvrissent les populations » ! Ou encore :
« La construction des barrages a été une ineptie, l’agriculture vivait mieux avant eux » !

Ce n’est pas la construction de barrages qui est une ineptie, mais la façon dont cela a été fait et surtout le refus encore une fois de mettre en place une organisation professionnelle cohérente et intelligente qui permette au Sénégal de satisfaire avant toute autre chose son autosuffisance alimentaire.

Les réseaux d’irrigation construits à partir des barrages l’ont été à ciel ouvert, ce qui dans un pays dénudé entraine des pertes par évaporation énormes.
On a oublié la technique ancestrales des foggaras, canaux souterrains qui permettaient l’irrigation des zones désertiques notamment les palmeraies du Sahara.
Ces inepties ont fait regretter l’époque des crues fertilisantes que les barrages avaient pour vocation de régulariser, à juste raison d’ailleurs.
Dans les premières années de construction des barrages on est donc allé, suprême imbécillité jusqu’à créer des crues artificielles en ouvrant les barrages, mais cela a été fait quelques semaines après les semis !

Le drame reste que ce pays qui ne survit depuis des années que grâce au Programme Alimentaire Mondial, ne pourra pas retrouver son indépendance dans ce domaine par la seule recherche ou la formation technique fussent-elles américaines ou chinoises ; il ne pourra pas la retrouver non plus par l’accroissement d’une aide financière fut-elle l’imbécilité suprême des produits financiers innovants, pas plus d’ailleurs que par le recours à la microfinance devenue la tarte à la crème du développement alors qu’elle n’est que la toute première étape du modèle coopératif, qui doit bien vite être dépassée.
Il est insensé de chercher à accroitre l’aide publique au développement alors que c’est la façon dont elle est utilisée qui doit être complètement revue.

La seule solution reste pour l’indispensable organisation professionnelle agricole, le recours à ce modèle coopératif, le vrai encore une fois, celui qui a permis il y a quelques 130 ans aux agricultures européenne et notamment française de se développer lorsqu’elles étaient dans la situation de celles que nous n’arrivons pas à aider aujourd’hui.


1 avril 2011

Jean-Pierre Canot
Auteur de « Apprends-nous plutôt à pêcher ! »
http://reviensilssontdevenusfous.blogspot.com/
http://reviensilssontdevenusfous.blogs.sudouest.com



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