KARIM WADE DIGNE DANS L’ÉPREUVE
Au début de la traque des biens mal acquis, Karim Wade n’a jamais pensé que Macky Sall allait ouvrir un dossier contre lui. Il était hors du pays, lorsqu’il était convoqué par la Cour de l’Enrichissement Illicite. A bord d’un Vol Air France, le fils de Wade pensait qu’il allait juste venir à Dakar pour quelques jours, il fera 03 ans en prison. On peut détester Karim Wade mais il faut lui reconnaître son courage dans l’épreuve. Jamais, il n’a montré des signes de faiblesse devant les personnes qui ont voulu le nuire, le réduire au néant, l’éliminer politiquement. Le fils du Lion a été digne. Ceux qui lui rendaient visite à la prison de Reubeuss ont toujours vu un Karim Wade serein, déterminé à mener le combat contre Macky Sall, Abdoul Mbaye, Aminata Touré, Sidiki Kaba, Alioune Ndaw, Henry Grégoire, Antoine Diome.
Ses interrogatoires se déroulaient dans les locaux de la Section des Recherches dés fois jusqu’aux environs de 4h à 5h du matin. Ses coaccusés Cheikh Diallo, Mamadou Pouye etc., étaient souvent victimes d’une répression morale de la part des enquêteurs. Karim avait supporté toute sorte d’agression, d’intimidation, d’humiliation lors des enquêtes préliminaires, de l’Instruction, de sa détention à Reubeuss et du procès. Il a été agressé devant la Cour par un garde pénitentiaire, sa jambe cassée. La torture morale était matérialisée par les bijoux de son épouse morte que les enquêteurs ont confisqués sous ses yeux. Cette forte personnalité il la doit à son papa qui était la cible du pouvoir socialiste pendant plus de 20 ans. Il n’a jamais fléchit.
KARIM WADE A-T-IL ABANDONNÉ LE COMBAT A LA VEILLE DE SA VICTOIRE ?
Certes Reubeuss n’est pas un hôtel 05 étoiles. En plus, Karim subissait un régime spécial en prison. Il était isolé dans sa cellule. Il n’avait aucun contact avec les autres prisonniers. Durant ses rares apparitions dans la cour publique, il créait des instants d’hystérie, de délire et de débordements à cause des prisonniers qui ne pouvaient pas se retenir en voyant leur «Président». Tous criaient : «Karim Président !».
Pendant toute sa détention, Wade fils a reçu plusieurs milliers de visiteurs. Près de 200 Mouvements de soutien ont été créés par des sénégalais qui ne l’ont jamais connu. Son procès était relayé par tous les média internationaux. L’Elysée, le Département d’Etat américain, les Nations Unies, la Cour de Justice de la Cedeao, la Raddho, Amnesty International, l’Opposition sénégalaise tous suivaient le procès. Certains ont pris position exigeant sa libération. Macky qui voulait que toute la procédure soit vidée jusqu’à la Cour suprême ne pouvait plus continuer à garder Karim Wade en prison. Karim était devenu un monstre politique enfanté par la méchanceté d’un régime qui voulait se venger de Me Wade en passant par son fils. C’est la conviction de plusieurs observateurs. Les multiples violations dans la procédure qui a abouti à l’arrestation de Karim ont renforcé le sentiment selon lequel, Macky n’était animé que d’un sentiment de vengeance. Prétextant une intervention du Qatar, le président Macky Sall décide de le libérer en lui accordant une grâce présidentielle qu’il avait lui-même refusée quelques mois avant.
Macky gérerait la libération de Karim, seul, avec les autorités du Qatar et Me Madické Niang, qui aurait adressé une lettre de demande de grâce au nom de la famille Wade. Dans cette affaire, les autres avocats de Karim Wade ont été mis à l’écart. Car c’était devenu une affaire de famille. Le président Sall se rend à Touba et à Tivaouane pour informer les autorités religieuses de sa volonté de libérer Karim Wade. Le Qatar venait de réussir là où les marabouts ont tous échoué. Dans sa cellule, Karim ne mesurait pas le malaise qui régnait dans le camp du pouvoir. Il ne pouvait plus rester 30 jours en prison, Macky s’étant engagé devant le Qatar, Touba et Tivaouane. Karim tenait le bon bout devant Macky qui voulait se débarrasser d’un prisonnier encombrant. Mal informé de la situation réelle, Karim a accepté d’être libéré dans une condition que ses plus farouches défenseurs ont dénoncée.
Dans toute négociation, il faut manœuvrer pour avoir tous les atouts à ses côtés. A une semaine de sa libération, Karim avait toutes les cartes en main sans le savoir. Avant sa sortie de Reubeuss, s’il avait exigé de rester au Sénégal pour au moins 15 jours le temps de rendre visite à ses amis et ses marabouts, Macky allait l’accepter parce qu’il était dans l’étroit et souhaitait tourner cette page. Mais le (ou les) véritable (s) acteur (s), des négociations prés libération n’ont pas donné à Karim la température réelle du pays. Il accepta toutes les conditions et quitte le pays sur la pointe des pieds laissant derrière des militants abusés, médusés, découragés, démobilisés. Qui disait que toutes les batailles politiques se terminent toujours autour d’une table ? Karim a quitté Dakar dans la nuit du 23 juin 2016 alors qu’il était le véritable maître du jeu bien qu’étant en prison. Il accepta librement le passeport diplomatique fait par les services de Mankeur Ndiaye et se rend au Qatar.
LES MANŒUVRES POUR EMMERDER MACKY SALL
Depuis Qatar, Karim n’a pas baissé les bras. Il tentera de poursuivre son combat depuis Doha. Mais il ignorait que loin du champ de bataille, les obus largués risquaient de rater leurs cibles. Le temps qu’il devait prendre en restant au Sénégal dans le but de remercier ses proches, ses militants et ses marabouts, Karim le passera au Qatar. Il prendra la peine d’appeler plusieurs sénégalais pour les remercier. C’est pourquoi, certains de ses détracteurs lui ont collé le sobriquet de «président de Whatsapp». Etant en prison, Karim avait donné un mot d’ordre de vote en faveur du «Non», lors du référendum de Mars 2016. Le «Oui» remportera les consultations électorales malgré la mobilisation des «Karimistes».
Le 30 Juillet 2017, l’Opposition perd encore les élections législatives malgré les rôles déterminants joués par Karim Wade depuis le Qatar. Avant les élections législatives, Me Wade avait reçu Malick Gackou, Mamadou Diop Decroix et Oumar Sarr à Djeddah. Wade fils a beaucoup travaillé avec le leader du Grand Parti avant les élections législatives. Continuera-t-il à le faire ? Il faut dire que souvent, Karim Wade est pris en otage par une certaine naïveté politique qui le pousse à faire de mauvais choix ou à poser des actes à risque. Depuis son entrée au Qatar, Karim n’a jamais quitté ce pays. Ce sont ces parents âgés, qui à chaque font le déplacement pour lui rendre visite. Il ne prend même pas la peine de faire des vidéos pour s’adresser à ses nombreux militants qui n’écoutent que lui. Face aux difficultés que connaissent les sénégalais : crise universitaire, crise dans le monde rurale, violations graves du processus électoral, arrestation de Khalifa Sall, détournement de deniers publics, Karim garde le silence. Et pourtant, il existe plusieurs moyens de communiquer avec les sénégalais via les réseaux sociaux. Mais Karim adopte une démarche d’abandon et de renoncement.
Depuis Qatar, Karim a confié à ses avocats un travail purement juridique sur sa candidature et les nombreux recours qu’il a déposés. Me Clédor et consorts avaient la mission d’examiner les voies et moyens pour faire face à l’Etat du Sénégal qui depuis toujours, a voulu s’opposer à sa candidature. Ils ont donc travaillé sur les recours au niveau de la France et sur les menaces de contraintes par corps brandies par le pouvoir mais aussi sur la légalité de sa candidature. Avec l’annonce du rejet de son inscription, Karim et ses avocats vont engager une bataille juridique contre le régime de Macky décidé à lui bloquer le chemin du Palais. Mais c’est un combat perdu d’avance car Macky ne perd jamais devant «sa» justice.
D’ailleurs, tous les échecs qu’il a connus devant la justice, lui ont été administrés par des juridictions étrangères. Donc Karim Wade devrait comprendre que des recours sur le rejet de son inscription et probablement sur sa candidature devant le Conseil constitutionnel seront vains et sans suite. Le Conseil constitutionnel ou la Cour suprême prononceront leur compétence chronique et connue sur tous les recours de Karim. Restera maintenant le rapport de force sur le terrain. Mais Karim est-il prêt à imposer un rapport de force politique à Macky Sall en terre sénégalaise ? Ou bien va-t-il continuer à dérouler sa politique par procuration ?
POURQUOI KARIM MAINTIENT-T-IL SA CANDIDATURE ?
Pour comprendre l’entêtement de Karim à vouloir se présenter en 2019, il faut se demander ce que serait le fils de Wade s’il avait publiquement renoncé à ses ambitions politiques. Il serait un simple citoyen lambda exfiltré du jeu politique sénégalais. Pour éviter d’être exclu au profit d’Idrissa Seck, de Malick Gackou, de Samuel Sarr, d’Omar Sarr, d’Abdoulaye Baldé etc., Karim continue de poser des actes pour dire : «Je suis là, je compte». C’est ainsi, uniquement, qu’il constituera un enjeu diplomatique aux yeux du Qatar. Un Karim Wade sans ambition, effacé du débat politique sénégalais n’a aucun enjeu pour le Qatar. Voilà pourquoi, à travers le dossier de Wade-fils, Doha influence directement le jeu politique du Sénégal. Rien ne se fera sans Karim Wade parce qu’il n’a jamais renoncé à rien. Et il nourrit depuis toujours la volonté de faire tomber Macky Sall, personnellement en 2019, ou en soutenant une candidature crédible de son choix. Karim et Idrissa Seck ont parlé.
L’ancien Maire de Thiès l’a dit publiquement le 04 Avril 2018. «Karim Wade m’a appelé pour faire un rapprochement entre son père et moi» a déclaré Idrissa Seck. Karim n’a pas nié cette déclaration du président de Rewmi malgré les interpellations de certains ténors du Pds qui n’ont pas compris cette démarche solitaire de leur candidat qui ouvre des négociations avec Idrissa sans en parler au parti. Il faut préciser que si Karim a pris l’engagement de parler avec Idrissa Seck c’est parce qu’il est conscient de sa position de faiblesse. Et ce que l’ancien Maire de Thiès n’a pas dit c’est que ses divergences avec Me Abdoulaye Wade ont été arrangées avant les élections législatives lorsque ce dernier avait demandé à Karim d’appeler son grand-frère. Ce que Wade fils avait accepté de faire.
L’objet de l’appel téléphonique de Karim à Idrissa n’était pas uniquement de faire un rapprochement avec le Pape du Sopi. Ce n’est plus d’actualité. D’ailleurs, les services de renseignement marocains et sénégalais ont eu vent des négociations effectuées sur le réseau «LinkedIn» selon une source diplomatique. En plus d’Idrissa Seck, les Wade auraient parlé avec Haguibou Soumaré qui se serait rendu à Doha pour échanger avec eux et solliciter leur soutien. D’ailleurs, depuis l’annonce de sa candidature, plusieurs ténors du Pds ont rejoint Haguibou Soumaré. On peut en citer Mme Ngoné Ndoye ancienne responsable libérale à Rufisque et ancien Ministre. L’intérêt d’investir Haguibou comme candidat du Pds c’est qu’il n’aura pas l’intention de spolier le parti en cas de victoire ou de défaite en 2019.
Alors que n’importe quel autre candidat responsable politique aura l’ambition de diriger le Pds à la place de Karim et de son père. Or l’enjeu c’est la présidentielle de 2019 mais aussi les législatives de la même année et la présidentielle de 2024. Seulement si l’argument de l’Article L31 est utilisé pour écarter Karim Wade, il sera difficile, voire impossible, pour lui de participer un jour candidat à une élection quelconque au Sénégal. Parce que L31 vise des délits continus et perpétuels ineffaçables sauf lorsqu’un nouveau régime s’installe et décide d’amnistier Karim Wade. Si non le leader de la Génération du concret pourra dire «à Dieu la politique».
LES ÉQUATIONS A PLUSIEURS INCONNUS
Une brave dame, amoureuse du Sénégal mais aussi très attaché à son fils. Mme Viviane Wade qui a souffert du combat politique de son mari plusieurs fois arrêté par le régime socialiste, ne souhaite pas voir son seul fils se retrouver en prison à nouveau. Cela fait partie des obstacles qui se dressent contre Karim Wade qui tient toujours compte de l’avis de sa maman comme tout bon fils.
Mais Wade fils Karim laissera-t-il son papa s’impliquer dans le jeu politique pour faire partir Macky Sall en 2019 comme lors des élections législatives ? Il est évident qu’en 2019, Me Wade pourrait être l’arbitre des élections. Sa consigne de vote sera fortement suivie par ses milliers de militants à travers le pays. Mais Karim fera-t-il de son papa un acteur dans la campagne à risque dont l’issue est plus qu’incertaine et malgré tout ? Le temps et l’âge ne jouent pas en faveur du Pape du Sopi.
En 2019, Karim Wade entend être le maitre du jeu politique durant les élections. Il ne voudrait pas qu’Idrissa Seck et les autres candidats lui volent la vedette. Ainsi, même si sa candidature est refusée, il entend contrôler le jeu en soutenant un candidat qu’il pourra contrôler à sa guise avec le soutien manifeste et déterminant de Me Wade. Mais Idrissa qui ne crachera pas sur une consigne de vote de Me Wade en sa faveur, n’acceptera jamais d’être sous le contrôle de Karim Wade. Ensuite, Karim Wade mettra-t-il ses billes dans la campagne d’un candidat comme Idrissa Seck qui risque demain d’échapper à son contrôle parce que l’ancien premier Ministre de Wade n’est pas un homme à paille.
Et ce qu’il a toujours refusé à Me Wade, il ne l’acceptera pas de Karim Wade, alors qu’en cas de rejet de sa candidature, Wade fils aura besoin d’un candidat à lui. Il faut insister sur le travail remarquable effectué par Omar Sarr depuis 2012. Il n’a jamais varié dans ses positions et dans son combat pour la sauvegarde de l’héritage de Me Wade et dans la lutte contre l’injustice que ce dernier et sa famille subissent. Omar Sarr est le véritable gardien du temple libéral. Il sera difficile de trouver un responsable mieux placer pour être le candidat du Pds investi avec la bénédiction de Me Wade. Ce serait que juste à son endroit.
ME WADE PLUS POLITIQUE QUE SON FILS, KARIM
C’est lorsque Me Wade est arrivé au pouvoir en 2012 que Karim est sorti de l’ombre. Il n’a pas de base politique connue ni au Point E ni à Kébémer. Son aura politique est la conséquence de son emprisonnement par le régime de Macky qui a créé Karim de toute pièce. Le présumé redoutable Karim Wade est né des maladresses répétées de Macky Sall. De 2000 à 2012, Karim Wade devrait pouvoir diriger une ville comme Idrissa Seck l’avait fait à Thiés, Macky Sall à Fatick, Ousmane Masseck Ndiaye à Saint-Louis, Abdoulaye Baldé à Ziguinchor, Souleymane Ndéné Ndiaye à Guinguénéo etc...
C’est lorsque son papa a quitté le pouvoir qu’il a pris de l’envergure politique étant entre 04 murs dans une prison. Karim compte de nombreux sympathisants au sein du Pds et dans la société sénégalaise. Seulement, il se contente de quelques mouvements de soutien «Karimsites » qui n’ont jamais pesé lors du référendum de Mars 2016 ni aux législatives du 30 Juillet 2017. Pourront-ils faire un miracle en 2019 ? En plus, Karim n’a pas su entretenir d’excellentes relations avec tous les ténors du Pds qui sont restés fidèles à son papa à l’instar de Habib Sy, Babacar Gaye, Farba Senghor, Ousmane Ngom, Pape Samba Mboup, Aida Mbodji, Fada Diagne etc.
Karim est souvent prisonnier de ses préjugés souvent factices sur certaines personnes du parti de son père. En politique, il faut savoir pardonner et faire des concessions pour l’intérêt commun. Car c’est un ensemble qui fait gagner… Mais, Karim s’appuie souvent sur des jeunes sans expérience ni compétences académiques ou professionnelles pour s’occuper du management de sa stratégique politique. Wade fils souffre d’un manque d’organisation, de planification et d’intelligence politique autour de lui. Et faudrait-il qu’il soit humble pour recevoir des conseils et écouter les suggestions des gens qui lui parlent. L’humilité ne s’improvise pas. C’est une qualité innée.
La bataille politique ne s’opère pas sur les réseaux sociaux comme WhatsApp. Elle se passe ici au Sénégal, à Sandaga, au Plateau, à Thiès, à Touba, à Ziguinchor, à Bambey, à Tivaouane etc. Les recours ne feront pas reculer Macky Sall. Karim le sait ! Et le président Macky Sall mettra tous les atouts de son côté pour passer au premier tour.
C’est une Lapalissade de dire qu’en politique, il faut disposer de moyens financiers pour soutenir son Parti, ses responsables et ses mouvements de soutien. C’est uniquement dans ces conditions que Karim Wade pourra prétendre à un retour au bercail réussi. Autrement, il ferait une grave erreur politique aux conséquences insoupçonnées, parce qu’il aura perdu le rapport de force. Il a donc besoin d’une bonne organisation s’il veut créer un rapport de force pour basculer toutes les forces politiques et sociales de son côté en vue de prendre le dessus sur Macky Sall.
Mamadou Mouth BANE
Au début de la traque des biens mal acquis, Karim Wade n’a jamais pensé que Macky Sall allait ouvrir un dossier contre lui. Il était hors du pays, lorsqu’il était convoqué par la Cour de l’Enrichissement Illicite. A bord d’un Vol Air France, le fils de Wade pensait qu’il allait juste venir à Dakar pour quelques jours, il fera 03 ans en prison. On peut détester Karim Wade mais il faut lui reconnaître son courage dans l’épreuve. Jamais, il n’a montré des signes de faiblesse devant les personnes qui ont voulu le nuire, le réduire au néant, l’éliminer politiquement. Le fils du Lion a été digne. Ceux qui lui rendaient visite à la prison de Reubeuss ont toujours vu un Karim Wade serein, déterminé à mener le combat contre Macky Sall, Abdoul Mbaye, Aminata Touré, Sidiki Kaba, Alioune Ndaw, Henry Grégoire, Antoine Diome.
Ses interrogatoires se déroulaient dans les locaux de la Section des Recherches dés fois jusqu’aux environs de 4h à 5h du matin. Ses coaccusés Cheikh Diallo, Mamadou Pouye etc., étaient souvent victimes d’une répression morale de la part des enquêteurs. Karim avait supporté toute sorte d’agression, d’intimidation, d’humiliation lors des enquêtes préliminaires, de l’Instruction, de sa détention à Reubeuss et du procès. Il a été agressé devant la Cour par un garde pénitentiaire, sa jambe cassée. La torture morale était matérialisée par les bijoux de son épouse morte que les enquêteurs ont confisqués sous ses yeux. Cette forte personnalité il la doit à son papa qui était la cible du pouvoir socialiste pendant plus de 20 ans. Il n’a jamais fléchit.
KARIM WADE A-T-IL ABANDONNÉ LE COMBAT A LA VEILLE DE SA VICTOIRE ?
Certes Reubeuss n’est pas un hôtel 05 étoiles. En plus, Karim subissait un régime spécial en prison. Il était isolé dans sa cellule. Il n’avait aucun contact avec les autres prisonniers. Durant ses rares apparitions dans la cour publique, il créait des instants d’hystérie, de délire et de débordements à cause des prisonniers qui ne pouvaient pas se retenir en voyant leur «Président». Tous criaient : «Karim Président !».
Pendant toute sa détention, Wade fils a reçu plusieurs milliers de visiteurs. Près de 200 Mouvements de soutien ont été créés par des sénégalais qui ne l’ont jamais connu. Son procès était relayé par tous les média internationaux. L’Elysée, le Département d’Etat américain, les Nations Unies, la Cour de Justice de la Cedeao, la Raddho, Amnesty International, l’Opposition sénégalaise tous suivaient le procès. Certains ont pris position exigeant sa libération. Macky qui voulait que toute la procédure soit vidée jusqu’à la Cour suprême ne pouvait plus continuer à garder Karim Wade en prison. Karim était devenu un monstre politique enfanté par la méchanceté d’un régime qui voulait se venger de Me Wade en passant par son fils. C’est la conviction de plusieurs observateurs. Les multiples violations dans la procédure qui a abouti à l’arrestation de Karim ont renforcé le sentiment selon lequel, Macky n’était animé que d’un sentiment de vengeance. Prétextant une intervention du Qatar, le président Macky Sall décide de le libérer en lui accordant une grâce présidentielle qu’il avait lui-même refusée quelques mois avant.
Macky gérerait la libération de Karim, seul, avec les autorités du Qatar et Me Madické Niang, qui aurait adressé une lettre de demande de grâce au nom de la famille Wade. Dans cette affaire, les autres avocats de Karim Wade ont été mis à l’écart. Car c’était devenu une affaire de famille. Le président Sall se rend à Touba et à Tivaouane pour informer les autorités religieuses de sa volonté de libérer Karim Wade. Le Qatar venait de réussir là où les marabouts ont tous échoué. Dans sa cellule, Karim ne mesurait pas le malaise qui régnait dans le camp du pouvoir. Il ne pouvait plus rester 30 jours en prison, Macky s’étant engagé devant le Qatar, Touba et Tivaouane. Karim tenait le bon bout devant Macky qui voulait se débarrasser d’un prisonnier encombrant. Mal informé de la situation réelle, Karim a accepté d’être libéré dans une condition que ses plus farouches défenseurs ont dénoncée.
Dans toute négociation, il faut manœuvrer pour avoir tous les atouts à ses côtés. A une semaine de sa libération, Karim avait toutes les cartes en main sans le savoir. Avant sa sortie de Reubeuss, s’il avait exigé de rester au Sénégal pour au moins 15 jours le temps de rendre visite à ses amis et ses marabouts, Macky allait l’accepter parce qu’il était dans l’étroit et souhaitait tourner cette page. Mais le (ou les) véritable (s) acteur (s), des négociations prés libération n’ont pas donné à Karim la température réelle du pays. Il accepta toutes les conditions et quitte le pays sur la pointe des pieds laissant derrière des militants abusés, médusés, découragés, démobilisés. Qui disait que toutes les batailles politiques se terminent toujours autour d’une table ? Karim a quitté Dakar dans la nuit du 23 juin 2016 alors qu’il était le véritable maître du jeu bien qu’étant en prison. Il accepta librement le passeport diplomatique fait par les services de Mankeur Ndiaye et se rend au Qatar.
LES MANŒUVRES POUR EMMERDER MACKY SALL
Depuis Qatar, Karim n’a pas baissé les bras. Il tentera de poursuivre son combat depuis Doha. Mais il ignorait que loin du champ de bataille, les obus largués risquaient de rater leurs cibles. Le temps qu’il devait prendre en restant au Sénégal dans le but de remercier ses proches, ses militants et ses marabouts, Karim le passera au Qatar. Il prendra la peine d’appeler plusieurs sénégalais pour les remercier. C’est pourquoi, certains de ses détracteurs lui ont collé le sobriquet de «président de Whatsapp». Etant en prison, Karim avait donné un mot d’ordre de vote en faveur du «Non», lors du référendum de Mars 2016. Le «Oui» remportera les consultations électorales malgré la mobilisation des «Karimistes».
Le 30 Juillet 2017, l’Opposition perd encore les élections législatives malgré les rôles déterminants joués par Karim Wade depuis le Qatar. Avant les élections législatives, Me Wade avait reçu Malick Gackou, Mamadou Diop Decroix et Oumar Sarr à Djeddah. Wade fils a beaucoup travaillé avec le leader du Grand Parti avant les élections législatives. Continuera-t-il à le faire ? Il faut dire que souvent, Karim Wade est pris en otage par une certaine naïveté politique qui le pousse à faire de mauvais choix ou à poser des actes à risque. Depuis son entrée au Qatar, Karim n’a jamais quitté ce pays. Ce sont ces parents âgés, qui à chaque font le déplacement pour lui rendre visite. Il ne prend même pas la peine de faire des vidéos pour s’adresser à ses nombreux militants qui n’écoutent que lui. Face aux difficultés que connaissent les sénégalais : crise universitaire, crise dans le monde rurale, violations graves du processus électoral, arrestation de Khalifa Sall, détournement de deniers publics, Karim garde le silence. Et pourtant, il existe plusieurs moyens de communiquer avec les sénégalais via les réseaux sociaux. Mais Karim adopte une démarche d’abandon et de renoncement.
Depuis Qatar, Karim a confié à ses avocats un travail purement juridique sur sa candidature et les nombreux recours qu’il a déposés. Me Clédor et consorts avaient la mission d’examiner les voies et moyens pour faire face à l’Etat du Sénégal qui depuis toujours, a voulu s’opposer à sa candidature. Ils ont donc travaillé sur les recours au niveau de la France et sur les menaces de contraintes par corps brandies par le pouvoir mais aussi sur la légalité de sa candidature. Avec l’annonce du rejet de son inscription, Karim et ses avocats vont engager une bataille juridique contre le régime de Macky décidé à lui bloquer le chemin du Palais. Mais c’est un combat perdu d’avance car Macky ne perd jamais devant «sa» justice.
D’ailleurs, tous les échecs qu’il a connus devant la justice, lui ont été administrés par des juridictions étrangères. Donc Karim Wade devrait comprendre que des recours sur le rejet de son inscription et probablement sur sa candidature devant le Conseil constitutionnel seront vains et sans suite. Le Conseil constitutionnel ou la Cour suprême prononceront leur compétence chronique et connue sur tous les recours de Karim. Restera maintenant le rapport de force sur le terrain. Mais Karim est-il prêt à imposer un rapport de force politique à Macky Sall en terre sénégalaise ? Ou bien va-t-il continuer à dérouler sa politique par procuration ?
POURQUOI KARIM MAINTIENT-T-IL SA CANDIDATURE ?
Pour comprendre l’entêtement de Karim à vouloir se présenter en 2019, il faut se demander ce que serait le fils de Wade s’il avait publiquement renoncé à ses ambitions politiques. Il serait un simple citoyen lambda exfiltré du jeu politique sénégalais. Pour éviter d’être exclu au profit d’Idrissa Seck, de Malick Gackou, de Samuel Sarr, d’Omar Sarr, d’Abdoulaye Baldé etc., Karim continue de poser des actes pour dire : «Je suis là, je compte». C’est ainsi, uniquement, qu’il constituera un enjeu diplomatique aux yeux du Qatar. Un Karim Wade sans ambition, effacé du débat politique sénégalais n’a aucun enjeu pour le Qatar. Voilà pourquoi, à travers le dossier de Wade-fils, Doha influence directement le jeu politique du Sénégal. Rien ne se fera sans Karim Wade parce qu’il n’a jamais renoncé à rien. Et il nourrit depuis toujours la volonté de faire tomber Macky Sall, personnellement en 2019, ou en soutenant une candidature crédible de son choix. Karim et Idrissa Seck ont parlé.
L’ancien Maire de Thiès l’a dit publiquement le 04 Avril 2018. «Karim Wade m’a appelé pour faire un rapprochement entre son père et moi» a déclaré Idrissa Seck. Karim n’a pas nié cette déclaration du président de Rewmi malgré les interpellations de certains ténors du Pds qui n’ont pas compris cette démarche solitaire de leur candidat qui ouvre des négociations avec Idrissa sans en parler au parti. Il faut préciser que si Karim a pris l’engagement de parler avec Idrissa Seck c’est parce qu’il est conscient de sa position de faiblesse. Et ce que l’ancien Maire de Thiès n’a pas dit c’est que ses divergences avec Me Abdoulaye Wade ont été arrangées avant les élections législatives lorsque ce dernier avait demandé à Karim d’appeler son grand-frère. Ce que Wade fils avait accepté de faire.
L’objet de l’appel téléphonique de Karim à Idrissa n’était pas uniquement de faire un rapprochement avec le Pape du Sopi. Ce n’est plus d’actualité. D’ailleurs, les services de renseignement marocains et sénégalais ont eu vent des négociations effectuées sur le réseau «LinkedIn» selon une source diplomatique. En plus d’Idrissa Seck, les Wade auraient parlé avec Haguibou Soumaré qui se serait rendu à Doha pour échanger avec eux et solliciter leur soutien. D’ailleurs, depuis l’annonce de sa candidature, plusieurs ténors du Pds ont rejoint Haguibou Soumaré. On peut en citer Mme Ngoné Ndoye ancienne responsable libérale à Rufisque et ancien Ministre. L’intérêt d’investir Haguibou comme candidat du Pds c’est qu’il n’aura pas l’intention de spolier le parti en cas de victoire ou de défaite en 2019.
Alors que n’importe quel autre candidat responsable politique aura l’ambition de diriger le Pds à la place de Karim et de son père. Or l’enjeu c’est la présidentielle de 2019 mais aussi les législatives de la même année et la présidentielle de 2024. Seulement si l’argument de l’Article L31 est utilisé pour écarter Karim Wade, il sera difficile, voire impossible, pour lui de participer un jour candidat à une élection quelconque au Sénégal. Parce que L31 vise des délits continus et perpétuels ineffaçables sauf lorsqu’un nouveau régime s’installe et décide d’amnistier Karim Wade. Si non le leader de la Génération du concret pourra dire «à Dieu la politique».
LES ÉQUATIONS A PLUSIEURS INCONNUS
Une brave dame, amoureuse du Sénégal mais aussi très attaché à son fils. Mme Viviane Wade qui a souffert du combat politique de son mari plusieurs fois arrêté par le régime socialiste, ne souhaite pas voir son seul fils se retrouver en prison à nouveau. Cela fait partie des obstacles qui se dressent contre Karim Wade qui tient toujours compte de l’avis de sa maman comme tout bon fils.
Mais Wade fils Karim laissera-t-il son papa s’impliquer dans le jeu politique pour faire partir Macky Sall en 2019 comme lors des élections législatives ? Il est évident qu’en 2019, Me Wade pourrait être l’arbitre des élections. Sa consigne de vote sera fortement suivie par ses milliers de militants à travers le pays. Mais Karim fera-t-il de son papa un acteur dans la campagne à risque dont l’issue est plus qu’incertaine et malgré tout ? Le temps et l’âge ne jouent pas en faveur du Pape du Sopi.
En 2019, Karim Wade entend être le maitre du jeu politique durant les élections. Il ne voudrait pas qu’Idrissa Seck et les autres candidats lui volent la vedette. Ainsi, même si sa candidature est refusée, il entend contrôler le jeu en soutenant un candidat qu’il pourra contrôler à sa guise avec le soutien manifeste et déterminant de Me Wade. Mais Idrissa qui ne crachera pas sur une consigne de vote de Me Wade en sa faveur, n’acceptera jamais d’être sous le contrôle de Karim Wade. Ensuite, Karim Wade mettra-t-il ses billes dans la campagne d’un candidat comme Idrissa Seck qui risque demain d’échapper à son contrôle parce que l’ancien premier Ministre de Wade n’est pas un homme à paille.
Et ce qu’il a toujours refusé à Me Wade, il ne l’acceptera pas de Karim Wade, alors qu’en cas de rejet de sa candidature, Wade fils aura besoin d’un candidat à lui. Il faut insister sur le travail remarquable effectué par Omar Sarr depuis 2012. Il n’a jamais varié dans ses positions et dans son combat pour la sauvegarde de l’héritage de Me Wade et dans la lutte contre l’injustice que ce dernier et sa famille subissent. Omar Sarr est le véritable gardien du temple libéral. Il sera difficile de trouver un responsable mieux placer pour être le candidat du Pds investi avec la bénédiction de Me Wade. Ce serait que juste à son endroit.
ME WADE PLUS POLITIQUE QUE SON FILS, KARIM
C’est lorsque Me Wade est arrivé au pouvoir en 2012 que Karim est sorti de l’ombre. Il n’a pas de base politique connue ni au Point E ni à Kébémer. Son aura politique est la conséquence de son emprisonnement par le régime de Macky qui a créé Karim de toute pièce. Le présumé redoutable Karim Wade est né des maladresses répétées de Macky Sall. De 2000 à 2012, Karim Wade devrait pouvoir diriger une ville comme Idrissa Seck l’avait fait à Thiés, Macky Sall à Fatick, Ousmane Masseck Ndiaye à Saint-Louis, Abdoulaye Baldé à Ziguinchor, Souleymane Ndéné Ndiaye à Guinguénéo etc...
C’est lorsque son papa a quitté le pouvoir qu’il a pris de l’envergure politique étant entre 04 murs dans une prison. Karim compte de nombreux sympathisants au sein du Pds et dans la société sénégalaise. Seulement, il se contente de quelques mouvements de soutien «Karimsites » qui n’ont jamais pesé lors du référendum de Mars 2016 ni aux législatives du 30 Juillet 2017. Pourront-ils faire un miracle en 2019 ? En plus, Karim n’a pas su entretenir d’excellentes relations avec tous les ténors du Pds qui sont restés fidèles à son papa à l’instar de Habib Sy, Babacar Gaye, Farba Senghor, Ousmane Ngom, Pape Samba Mboup, Aida Mbodji, Fada Diagne etc.
Karim est souvent prisonnier de ses préjugés souvent factices sur certaines personnes du parti de son père. En politique, il faut savoir pardonner et faire des concessions pour l’intérêt commun. Car c’est un ensemble qui fait gagner… Mais, Karim s’appuie souvent sur des jeunes sans expérience ni compétences académiques ou professionnelles pour s’occuper du management de sa stratégique politique. Wade fils souffre d’un manque d’organisation, de planification et d’intelligence politique autour de lui. Et faudrait-il qu’il soit humble pour recevoir des conseils et écouter les suggestions des gens qui lui parlent. L’humilité ne s’improvise pas. C’est une qualité innée.
La bataille politique ne s’opère pas sur les réseaux sociaux comme WhatsApp. Elle se passe ici au Sénégal, à Sandaga, au Plateau, à Thiès, à Touba, à Ziguinchor, à Bambey, à Tivaouane etc. Les recours ne feront pas reculer Macky Sall. Karim le sait ! Et le président Macky Sall mettra tous les atouts de son côté pour passer au premier tour.
C’est une Lapalissade de dire qu’en politique, il faut disposer de moyens financiers pour soutenir son Parti, ses responsables et ses mouvements de soutien. C’est uniquement dans ces conditions que Karim Wade pourra prétendre à un retour au bercail réussi. Autrement, il ferait une grave erreur politique aux conséquences insoupçonnées, parce qu’il aura perdu le rapport de force. Il a donc besoin d’une bonne organisation s’il veut créer un rapport de force pour basculer toutes les forces politiques et sociales de son côté en vue de prendre le dessus sur Macky Sall.
Mamadou Mouth BANE
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