Les termes peu amènes des responsables israéliens vis-à-vis de leur indéfectible allié américain témoignent du camouflet qu'ils viennent de subir aux Nations unies. « L'administration Obama a non seulement échoué à protéger Israël contre cette ligue anti-israélienne à l'ONU, mais elle s'y est également associée en coulisses », a fulminé vendredi soir le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu dans un communiqué. « Ce soir, les États-Unis ont abandonné leur allié, leur seul ami au Moyen-Orient », a surenchéri le ministre de l'Énergie Yuval Steinitz, dans un entretien à la deuxième chaîne de télévision israélienne.
La colère est en effet à la hauteur de la secousse provoquée à New York. Pour la première fois en huit ans, l'ambassadeur américain à l'ONU s'est abstenu de bloquer une résolution du Conseil de sécurité sur le conflit israélo-palestinien, permettant à l'organe décisionnel de l'ONU d'adopter par quatorze voix à zéro un texte appelant Israël à « cesser immédiatement et complètement toute activité de colonisation en territoire palestinien occupé, dont Jérusalem-Est », qui « met en péril la viabilité de la solution à deux États », non sans rappeler son caractère illégal en vertu du droit international.
La résolution s'en prend également au camp palestinien en condamnant « tout acte de violence contre des civils, incluant les actes de terreur, aussi bien que les actes de provocation, d'incitation (à la haine) et de destruction ». « Le texte que nous avons ne se concentre pas exclusivement sur les colonies », a expliqué l'ambassadeur de France auprès des Nations unies, François Delattre. « Il condamne également la violence et le terrorisme. Il appelle aussi à éviter toute incitation émanant du côté palestinien, donc c'est un texte équilibré. »
100 000 colons israéliens de plus
Il n'empêche, pour la première fois de son histoire, l'administration Obama n'a pas opposé son veto à une résolution mettant en cause Israël, son plus grand allié au Moyen-Orient. En 2011, Washington avait déjà empêché l'adoption d'une résolution similaire au Conseil de sécurité, arguant que l'adoption de ce texte pouvait donner un prétexte aux Israéliens et aux Palestiniens pour ne pas s'engager dans des négociations sérieuses.
« Les circonstances ont dramatiquement changé. Depuis 2011, l'accroissement des colonies n'a fait qu'accélérer », a expliqué l'ambassadrice américaine à l'ONU, Samantha Power, à l'issue du vote de ce vendredi. En effet, depuis l'arrivée au pouvoir de Barack Obama en 2009, le nombre de colons en Cisjordanie et à Jérusalem-Est a augmenté de près de 100 000, selon Ben Rhodes, le conseiller diplomatique du président américain, portant leur nombre à près de 600 000 dans l'ensemble des Territoires palestiniens, annihilant sur le terrain tout hypothétique État palestinien à venir.
S'il a reçu en 2009 le prix Nobel de la paix pour l'encourager dans la résolution de ce conflit vieux de 68 ans, Barack Obama ne s'est jamais directement engagé dans cet épineux dossier, chargeant plutôt son secrétaire d'État John Kerry d'arracher en juillet 2013 une reprise des négociations bilatérales entre Israéliens et Palestiniens. Neuf mois durant, le chef de la diplomatie américaine a alors fait la navette entre Washington, Tel-Aviv et Ramallah. Mais il s'est heurté à l'implacable poursuite de la colonisation israélienne, à Jérusalem-Est et en Cisjordanie.
Revanche d'Obama
Excédé par l'intransigeance israélienne, John Kerry s'était alors laissé aller à livrer le fond de sa pensée. « La poursuite de la colonisation donne l'impression qu'Israël ne négocie pas sérieusement », affirmait-il en novembre 2013 à la télévision israélienne, rompant avec les usages diplomatiques en vigueur. Et le secrétaire d'État de mettre en garde l'État hébreu : « Israël veut-il une troisième intifada ? [...] Si la paix reste introuvable, Israël sera de plus en plus isolé. Il y aura un renforcement de la campagne de délégitimation au niveau international. »
Côté israélien, on estime que la colonisation n'est pas un vrai problème et que, si les gros blocs de colonies autour de Jérusalem-Est ne sont pas voués à être démantelés, d'autres en Cisjordanie pourraient faire l'objet d'échanges de territoire dans le cadre de négociations bilatérales avec les Palestiniens. Pourtant, un ancien ministre français des Affaires étrangères qui a côtoyé Benjamin Netanyahu affirme que ce dernier a en tête l'idée de finalement déplacer les Palestiniens en Jordanie. Et l'arrivée au pouvoir du gouvernement le plus à droite de l'histoire d'Israël, qui fait la part belle aux colons ultra-orthodoxes et aux nationalistes, ne laisse guère de place au compromis.
Depuis l'échec de l'initiative américaine en avril 2014, la relation entre Barack Obama et Benjamin Netanyahu, déjà notoirement mauvaise, n'a fait que se dégrader. Au-delà du fiasco des pourparlers israélo-palestiniens, c'est surtout la volonté déclarée du Premier ministre israélien de torpiller les négociations sur le nucléaire iranien qui a irrité Barack Obama. En effet, le chef du gouvernement israélien est allé jusqu'à se faire inviter en mars 2015 au Congrès, dans le dos du président américain, pour fustiger cette initiative. Un geste sans précédent dans l'histoire des États-Unis, qui avait passablement heurté la Maison-Blanche.
Pas de changement sur le terrain
Si Barack Obama a tout de même réussi à conclure un accord historique avec l'Iran, il n'a pu que constater son échec sur l'épineux conflit israélo-palestinien. Dès lors, il se murmurait depuis plusieurs mois dans les couloirs de l'ONU que le président américain, libéré de toute contrainte électorale, pourrait consentir à un dernier « geste » à la fin de son mandat, pour débloquer cet inextricable dossier, qui plus est après la défaite de la démocrate Hillary Clinton au profit du républicain Donald Trump, défenseur inconditionnel de l'État hébreu.
Pressentant le revirement américain à venir, Benjamin Netanyahu a de nouveau rompu avec les usages en appelant à l'aide le milliardaire américain avec lequel il entretient une très bonne relation. Si le président élu n'est toujours pas aux manettes, il a pourtant réussi à convaincre le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi de reporter jeudi un premier projet de résolution condamnant la colonisation israélienne. Or, un texte similaire a été présenté dès le lendemain à la demande de la Nouvelle-Zélande, de la Malaisie, du Sénégal et du Venezuela.
Et à en croire la Maison-Blanche, Barack Obama n'aurait décidé de ne pas faire usage de son veto que quelques heures avant le vote décisif. « Le fait que cela arrive à la fin de nos 8 ans de mandat montre que ce n'était pas l'évolution que nous préférions », a admis Ben Rhodes, le conseiller diplomatique de Barack Obama. « Si c'était ce résultat que nous cherchions, nous l'aurions obtenu depuis longtemps. »
« Un message diplomatique »
Si l'effet symbolique de ce revirement américain est considérable, et que l'isolement d'Israël aux Nations unies est croissant, il n'en reste pas moins vrai que cette résolution ne changera rien à court terme à la situation sur le terrain. « La résolution a été adoptée sous le chapitre 6 de la charte de l'ONU, ce qui signifie qu'elle est non contraignante et ne constitue qu'une déclaration publique d'intention ainsi qu'une recommandation », analyse Barak Ravid, correspondant diplomatique du quotidien israélien Haaretz. « Il s'agit d'un message diplomatique à Israël qui résume le consensus international sur la question des colonies. »
Un texte gravé dans le marbre du Conseil de sécurité de l'ONU qui risque de contrarier la position israélienne, hostile aux frontières internationalement reconnues de 1967 (avant le début de la colonisation), dans le cadre de futures négociations avec les Palestiniens. Toutefois, Benjamin Netanyahu n'a pas dit son dernier mot, et a déjà les yeux fixés sur le 20 janvier prochain, date de l'entrée en fonction de Donald Trump, qui ne fait pas mystère de ses positions pro-israéliennes (il s'est déjà prononcé en faveur de la colonisation et pourrait établir l'ambassadeur américain à Jérusalem, et non plus Tel-Aviv, NDLR). Dans un tweet ravageur, le président élu a d'ores et déjà annoncé la couleur : « Quant à l'ONU, les choses seront différentes à partir du 20 janvier 2017. »
La colère est en effet à la hauteur de la secousse provoquée à New York. Pour la première fois en huit ans, l'ambassadeur américain à l'ONU s'est abstenu de bloquer une résolution du Conseil de sécurité sur le conflit israélo-palestinien, permettant à l'organe décisionnel de l'ONU d'adopter par quatorze voix à zéro un texte appelant Israël à « cesser immédiatement et complètement toute activité de colonisation en territoire palestinien occupé, dont Jérusalem-Est », qui « met en péril la viabilité de la solution à deux États », non sans rappeler son caractère illégal en vertu du droit international.
La résolution s'en prend également au camp palestinien en condamnant « tout acte de violence contre des civils, incluant les actes de terreur, aussi bien que les actes de provocation, d'incitation (à la haine) et de destruction ». « Le texte que nous avons ne se concentre pas exclusivement sur les colonies », a expliqué l'ambassadeur de France auprès des Nations unies, François Delattre. « Il condamne également la violence et le terrorisme. Il appelle aussi à éviter toute incitation émanant du côté palestinien, donc c'est un texte équilibré. »
100 000 colons israéliens de plus
Il n'empêche, pour la première fois de son histoire, l'administration Obama n'a pas opposé son veto à une résolution mettant en cause Israël, son plus grand allié au Moyen-Orient. En 2011, Washington avait déjà empêché l'adoption d'une résolution similaire au Conseil de sécurité, arguant que l'adoption de ce texte pouvait donner un prétexte aux Israéliens et aux Palestiniens pour ne pas s'engager dans des négociations sérieuses.
« Les circonstances ont dramatiquement changé. Depuis 2011, l'accroissement des colonies n'a fait qu'accélérer », a expliqué l'ambassadrice américaine à l'ONU, Samantha Power, à l'issue du vote de ce vendredi. En effet, depuis l'arrivée au pouvoir de Barack Obama en 2009, le nombre de colons en Cisjordanie et à Jérusalem-Est a augmenté de près de 100 000, selon Ben Rhodes, le conseiller diplomatique du président américain, portant leur nombre à près de 600 000 dans l'ensemble des Territoires palestiniens, annihilant sur le terrain tout hypothétique État palestinien à venir.
S'il a reçu en 2009 le prix Nobel de la paix pour l'encourager dans la résolution de ce conflit vieux de 68 ans, Barack Obama ne s'est jamais directement engagé dans cet épineux dossier, chargeant plutôt son secrétaire d'État John Kerry d'arracher en juillet 2013 une reprise des négociations bilatérales entre Israéliens et Palestiniens. Neuf mois durant, le chef de la diplomatie américaine a alors fait la navette entre Washington, Tel-Aviv et Ramallah. Mais il s'est heurté à l'implacable poursuite de la colonisation israélienne, à Jérusalem-Est et en Cisjordanie.
Revanche d'Obama
Excédé par l'intransigeance israélienne, John Kerry s'était alors laissé aller à livrer le fond de sa pensée. « La poursuite de la colonisation donne l'impression qu'Israël ne négocie pas sérieusement », affirmait-il en novembre 2013 à la télévision israélienne, rompant avec les usages diplomatiques en vigueur. Et le secrétaire d'État de mettre en garde l'État hébreu : « Israël veut-il une troisième intifada ? [...] Si la paix reste introuvable, Israël sera de plus en plus isolé. Il y aura un renforcement de la campagne de délégitimation au niveau international. »
Côté israélien, on estime que la colonisation n'est pas un vrai problème et que, si les gros blocs de colonies autour de Jérusalem-Est ne sont pas voués à être démantelés, d'autres en Cisjordanie pourraient faire l'objet d'échanges de territoire dans le cadre de négociations bilatérales avec les Palestiniens. Pourtant, un ancien ministre français des Affaires étrangères qui a côtoyé Benjamin Netanyahu affirme que ce dernier a en tête l'idée de finalement déplacer les Palestiniens en Jordanie. Et l'arrivée au pouvoir du gouvernement le plus à droite de l'histoire d'Israël, qui fait la part belle aux colons ultra-orthodoxes et aux nationalistes, ne laisse guère de place au compromis.
Depuis l'échec de l'initiative américaine en avril 2014, la relation entre Barack Obama et Benjamin Netanyahu, déjà notoirement mauvaise, n'a fait que se dégrader. Au-delà du fiasco des pourparlers israélo-palestiniens, c'est surtout la volonté déclarée du Premier ministre israélien de torpiller les négociations sur le nucléaire iranien qui a irrité Barack Obama. En effet, le chef du gouvernement israélien est allé jusqu'à se faire inviter en mars 2015 au Congrès, dans le dos du président américain, pour fustiger cette initiative. Un geste sans précédent dans l'histoire des États-Unis, qui avait passablement heurté la Maison-Blanche.
Pas de changement sur le terrain
Si Barack Obama a tout de même réussi à conclure un accord historique avec l'Iran, il n'a pu que constater son échec sur l'épineux conflit israélo-palestinien. Dès lors, il se murmurait depuis plusieurs mois dans les couloirs de l'ONU que le président américain, libéré de toute contrainte électorale, pourrait consentir à un dernier « geste » à la fin de son mandat, pour débloquer cet inextricable dossier, qui plus est après la défaite de la démocrate Hillary Clinton au profit du républicain Donald Trump, défenseur inconditionnel de l'État hébreu.
Pressentant le revirement américain à venir, Benjamin Netanyahu a de nouveau rompu avec les usages en appelant à l'aide le milliardaire américain avec lequel il entretient une très bonne relation. Si le président élu n'est toujours pas aux manettes, il a pourtant réussi à convaincre le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi de reporter jeudi un premier projet de résolution condamnant la colonisation israélienne. Or, un texte similaire a été présenté dès le lendemain à la demande de la Nouvelle-Zélande, de la Malaisie, du Sénégal et du Venezuela.
Et à en croire la Maison-Blanche, Barack Obama n'aurait décidé de ne pas faire usage de son veto que quelques heures avant le vote décisif. « Le fait que cela arrive à la fin de nos 8 ans de mandat montre que ce n'était pas l'évolution que nous préférions », a admis Ben Rhodes, le conseiller diplomatique de Barack Obama. « Si c'était ce résultat que nous cherchions, nous l'aurions obtenu depuis longtemps. »
« Un message diplomatique »
Si l'effet symbolique de ce revirement américain est considérable, et que l'isolement d'Israël aux Nations unies est croissant, il n'en reste pas moins vrai que cette résolution ne changera rien à court terme à la situation sur le terrain. « La résolution a été adoptée sous le chapitre 6 de la charte de l'ONU, ce qui signifie qu'elle est non contraignante et ne constitue qu'une déclaration publique d'intention ainsi qu'une recommandation », analyse Barak Ravid, correspondant diplomatique du quotidien israélien Haaretz. « Il s'agit d'un message diplomatique à Israël qui résume le consensus international sur la question des colonies. »
Un texte gravé dans le marbre du Conseil de sécurité de l'ONU qui risque de contrarier la position israélienne, hostile aux frontières internationalement reconnues de 1967 (avant le début de la colonisation), dans le cadre de futures négociations avec les Palestiniens. Toutefois, Benjamin Netanyahu n'a pas dit son dernier mot, et a déjà les yeux fixés sur le 20 janvier prochain, date de l'entrée en fonction de Donald Trump, qui ne fait pas mystère de ses positions pro-israéliennes (il s'est déjà prononcé en faveur de la colonisation et pourrait établir l'ambassadeur américain à Jérusalem, et non plus Tel-Aviv, NDLR). Dans un tweet ravageur, le président élu a d'ores et déjà annoncé la couleur : « Quant à l'ONU, les choses seront différentes à partir du 20 janvier 2017. »
As to the U.N., things will be different after Jan. 20th.
— Donald J. Trump (@realDonaldTrump) 23 décembre 2016
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