Le rapport fait noter que « le mois de janvier a vu une forte hausse du nombre d’atteintes à la sécurité, dont des actes relevant du terrorisme, du banditisme et du radicalisme, des crimes et des affrontements intercommunautaires. » Il souligne en même temps que « le nord du pays a continué d’être touché par l’insécurité et le terrorisme. »
Le secrétaire général rapporte que les attaques ont visé la population civile et les forces armées nationales et internationales.
Les forces armées et la Minusma visées
Durant la même période, poursuit le rapport du secrétaire général des nations unies (ONU), les forces nationales et internationales, la Minusma et les groupes armés signataires ont subi 92 attaques asymétriques. Ces actions ont touché le nord du Mali où 35 d’entre elles se sont produites, soit 38% des attaques. Dans cette partie septentrionale du Mali, la région de Tombouctou a enregistré le plus grand nombre d’attaques, 15 au total, soit 16%. s’ensuit Gao où les terroristes ont frappé durant ces trois derniers mois à 11 reprises (12%) tandis que Kidal a enregistré 7 attaques (2%).
Il émerge des constats du secrétaire général de l’Onu que le centre du Mali a été le plus touché, comptant 57 attaques (62% au total, dont 53 dans la région de Mopti et 4 dans la région de Ségou (4%).
Le fait inquiétant relevé par Antonio Guterres, c’est la hausse des chiffres par rapport à la période précédente au cours de laquelle 20 attaques contre les forces de sécurité et les groupes signataires avaient été recensées dans le centre du pays.
D’après le rapport, les attaques dirigées contre la Minusma ont augmenté. Alors qu’elles étaient au nombre de 20 pour un mort et 11 blessés dans le dernier trimestre de l’année 2020, elles ont connu un rebond de janvier à mars pour atteindre au moins 39. Ces actions terroristes contre la mission onusienne ont fait 7 morts, dont 6 casques bleus et 1 vacataire des Nations Unies. En outre, 48 blessés ont été dénombrés à l’occasion de ces attaques.
Les forces de défense et de sécurité maliennes sont les autres cibles privilégiées des groupes armés terroristes. À ce propos, le document lu à Dakaractu a compté 47 attaques qui ont fait au total 100 morts, dont 26 membres des FAMAs, 3 membres de la Garde nationale, 3 membres de la police et le gendarmerie. Les groupes armés radicaux auraient enregistré le plus grand nombre de victimes dans ces attaques, car ils auraient perdu 66 de leurs membres. Les groupes d’autodéfense ont déploré deux pertes en vie humaine.
Selon le rapport du secrétaire général de l’Onu destiné au Conseil de sécurité, les deux attaques les plus meurtrières ont ciblé les forces maliennes qui se sont produites le 24 janvier à Mondoro et à Boulkessi. Le bilan fait état de 6 morts, 18 blessés dont 7 grièvement parmi les forces armées maliennes.
Dans la même zone, le groupe de soutien à l’Islam et aux musulman (GSIM) affilié à Al Qaida a revendiqué une offensive sanglante qui a fait 50 morts dans les rangs de l’armée malienne en septembre 2019.
Dans celles de janvier dernier, les jihadistes auraient perdu entre 15 et 30 membres, d’après les services de sécurité.
Toujours dans le registre des attaques asymétriques, l’Onu rapporte l’assaut du 3 février contre un camp des Forces armées maliennes situé près de Boni, à environ 83 kilomètres de la ville de Douentza, dans la région de Mopti. Dix soldats maliens ont été tués lors de cette attaque ainsi que vingt assaillants.
Les civils ne sont pas épargnés
Comme indiqué supra, les attaques ont eu aussi pour cibles les civils, si on se fie au rapport du secrétaire général des Nations Unies. « Au 22 février, 145 civils avaient été tués, 155 blessés et 80 enlevés dans l’ensemble du pays (238 attaques signalées au total), ce qui traduit une baisse relative du niveau de violence par rapport à la période précédente, durant laquelle 182 civils avaient été tués, 175 blessés et 163 enlevés (232 attaques signalées). À noter que le nombre d’attaques a cependant augmenté.
Au titre de la situation des droits humains, la Minusma a recensé 409 infractions, dont 89 violations des droits humains et 320 atteintes à ces droits, soit 74 cas de moins que pendant la période précédente. À en croire le rapport du secrétaire général des Nations Unies, il s’agissait notamment d’exécutions extrajudiciaires, sommaires ou arbitraires (9 cas), de meurtre (65 cas), de coups et blessures (125 cas), d’actes de torture et de mauvais traitements (17 cas), enlèvement (110 cas), d’arrestations et de détention illégales, y compris des détentions prolongées et des violations des garanties d’une procédure régulière, ainsi que de nombreux cas de menaces de mort et d’intimidation, de destruction et de pillage de bien, de déplacements forcés et d’attaques contre le personnel humanitaire et médical.
Les Fds au ban des accusés
Le plus malheureux dans ces faits, c’est qu’ils sont en majorité commis par les forces de défense et de sécurité. Le rapport impute 31 cas aux membres des forces nationales, 7 aux agents de sécurité de l’État, 51 cas aux représentants des autorités judiciaires. Les groupes armés signataires de l’accord d’Alger seraient les auteurs de 36 cas d’infractions au préjudice des civils alors que les groupes armés et milices communautaires ont signé 88 faits au moment où les groupes armés terroristes se sont rendus coupables de 176 actions contre les civils. Comme avec les attaques visant les forces de défense, les infractions visant les civils se sont produites dans la majorité des cas dans le centre du Mali, principalement à Bandiagara (94 cas), Douentza (51 cas), de Mopti (11 cas) et de Ségou (54 cas).
Dans le même ordre, l’Onu rapporte avoir enregistré une hausse du nombre de violations graves commises contre les enfants au Mali. Au cours de la période étudiée, 236 violations commises contre 183 enfants ont été signalées contre 225 violations commises contre 156 enfants dans la période précédente. Il a été aussi signalé le recrutement ou l’utilisation dans les groupes armés de 122 enfants (91 garçons et 31 filles) âgés de 10 à 17 ans. Jusqu’à la parution du rapport le 29 mars dernier, 33 d’entre eux restaient actifs dans les rangs des groupes armés.
L’éducation est aussi touchée par l’expansion de l’insécurité dans la région de Mopti. À cet effet, plus de 1. 230 écoles fréquentées par plus de 378.300 enfants, étaient fermées en décembre 2020.
Guterres monte le ton
Ce constat froid sur la situation sécuritaire plus que précaire fait réagir le secrétaire général de l’Organisation des Nations Unies. Dans la partie réservée aux observations, Antonio Guterres se dit « très préoccupé par la dégradation des conditions de sécurité dans le nord et le centre du pays. » Il exhorte les différents acteurs impliqués dans la lutte contre le terrorisme « à mettre rapidement en œuvre les recommandations formulées aux sommets de Pau (France) et de N’Djamena, tenus respectivement en 2020 et en 2021, en vue d’apporter une réponse globale au problème de l’extrémisme violent dans la région du Sahel. » Pour le secrétaire général de l’Onu, les auteurs des attaques contre la Minusma doivent être traduits en justice.
« En ce qui concerne les violences intercommunautaires, ajoute-t-il, je me félicite que des accords de paix aient été conclus au niveau local pour désamorcer les tensions, mais je reste préoccupé par l’action déstabilisante de milices animées par des considérations ethniques. J’engage le Gouvernement de transition à concevoir une approche globale pour faire face à la situation dans le centre et notamment à définir des solutions durables pour que les milices et les groupes armés déposent les armes et s’associent au dialogue. En outre, j’exhorte les autorités à définir clairement les responsabilités des structures étatiques chargées de gérer la crise dans le centre, à faire preuve d’initiative en appliquant une stratégie dirigée par le Gouvernement et à redoubler d’efforts pour réimplanter les services administratifs et sociaux et les services de sécurité de l’État dans le centre. »
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