Lutte contre le terrorisme : Comment renforcer la coopération sécuritaire dans le Sahel ?


Dans un contexte déjà fragilisé par une crise démographique, climatique et par l'insécurité liée au djihadisme, des pays du Sahel ont décidé de faire cavalier seul malgré les efforts du conseil de sécurité des Nations Unies. D’ailleurs, dans un entretien en janvier 2024, le représentant spécial du Secrétaire général de l'ONU pour l’Afrique de l’Ouest et le Sahel, revenait sur les relations de l’ONU et sur le dialogue avec les pays du Sahel. Leonardo Santos Simão avançait aussi l’espoir de voir « les morceaux recollés » non seulement entre ces pays réfractaires du Sahel et la CEDEAO, mais également que le dialogue soit instauré afin de trouver une issue favorable. 
 
Lors d’opérations par exemple comme celle de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA), il s’agissait pour la France, d’une opération de maintien de la paix dont le mandat est centré sur le soutien à la mise en œuvre de l’accord de paix inter-malien, la protection des civils ou encore l’appui au rétablissement de l’autorité de l’État. La MINUSMA est par ailleurs l’une des premières opérations de maintien de la paix en terme d’effectifs et de budget. Elle comptait plus de 15 000 soldats, policiers et personnels civils et entendait jouer un rôle indispensable pour la stabilisation du Mali. La France s’était engagée au Sahel, comme d'autres partenaires internationaux, afin d'éviter que cette zone ne devienne un foyer durable d'instabilité où pourraient s'installer des groupes terroristes et différents trafics (de drogues et d'armes, traite des êtres humains et de migrants notamment). Mais les pays de l’AES semblent déjà prendre leurs responsabilités pour, disent-ils, « assurer la sécurité de la zone ». 
 
À l’occasion de la 79ème session ordinaire de l'Assemblée générale des Nations Unies, qui s’est tenue du 24 au 30 septembre 2024 à New York, le Président sénégalais, Bassirou Diomaye Faye, a réitéré son engagement envers la sécurité et la stabilité de la région du Sahel. Il a dénoncé les rivalités géopolitiques qui exacerbent les tensions dans cette zone fragilisée. « Nous ne pouvons plus fermer les yeux sur la tragédie qui se déroule au Sahel », a affirmé le président sénégalais, mettant en lumière la nécessité d'une réponse collective face à l'insécurité. Ce n’est pas la première fois que le Sénégal affiche une position proactive dans la lutte contre le terrorisme au Sahel. Déjà, le 30 mai 2024, Bassirou Diomaye Faye s’était rendu à Ouagadougou, et à Bamako, des membres de l’Alliance des États du Sahel (AES), dans le but de renforcer les liens régionaux. Avec le Niger, ces pays, ayant récemment rompu leurs liens avec la France, ont annoncé leur retrait de la CEDEAO, dénonçant l’allégeance de cette dernière à Paris et son manque de soutien dans la lutte contre les groupes armés terroristes.
 
Cette solidarité s’explique également avec cette action entreprise par le Sénégal ce jeudi envers le Burkina Faso dans un contexte de crise sécuritaire. En effet, le capitaine Ibrahim Traoré, Président du Burkina Faso, a reçu en audience Abdoulaye Bathily, l’envoyé spécial du Président du Sénégal Bassirou Diomaye Faye. Ce dernier est venu porter un message de solidarité envers le Burkina Faso, particulièrement en ces temps difficiles marqués par des attaques terroristes. « Je suis ici pour exprimer le soutien du Président Faye et du peuple sénégalais à l'égard du Burkina Faso dans cette période délicate. » Il a également partagé les préoccupations du Sénégal face à la situation sécuritaire instable qui affecte non seulement le Burkina Faso, mais l'ensemble de la région du Sahel.
 
Bathily a d’ailleurs plaidé pour une coopération renforcée entre les nations, affirmant que l'unité et la solidarité sont cruciales pour surmonter les défis communs. En effet, ces deux pays de la Confédération l’Alliance des États du Sahel » créée en juillet 2024 veulent être en première ligne dans la lutte contre les groupes armés terroristes et peuvent bénéficier de cette solidarité régionale. Comment, en unissant leurs efforts avec un des voisins comme le Sénégal, la région pourrait-elle faire de grands progrès dans cette lutte commune? Le chemin vers la paix et la stabilité au Sahel ne passera t-il pas, inévitablement par une intensification de la collaboration régionale ou par une ouverture au monde global à travers une coopération qui dépasse les frontières et qui vise à défendre l’indépendance et la sécurité des nations africaines? 
 
 
En définitive, le soutien croissant du Sénégal pour une coopération renforcée avec l'Alliance des États du Sahel démontre la montée en puissance de la solidarité africaine face aux défis sécuritaires. Le terrorisme, considéré comme une menace commune, pousse les États africains à s’unir et à se tourner vers des solutions. Mais quelles peuvent-elles être? régionales, affirmant ainsi leur souveraineté et sa volonté de défendre ensemble leur avenir? Ou à une coopération plus élargie ? Quelle serait dans ce cas précis, l’option africaine pour la sauvegarde de ses intérêts? 
Vendredi 11 Octobre 2024
Dakaractu



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