Loi sur le parrainage : Ismaïla Madior Fall répond à Bathily et écarte un 23 juin bis


A quelques jours de l’examen du projet de loi qui fait polémique, le ministre de la Justice a, anticipant sur les débats, défendu le texte ce 8 avril sur les ondes de la Rfm. De l’avis du Pr. Ismaïla Madior Fall, qui était invité à l’émission dominicale le Grand Jury, « personne ne peut remettre en cause le principe démocratique du parrainage ».

« Le 23 juin, la loi qu’on voulait proposer était anti-démocratique parce qu’elle remettait en cause le mode d’élection du président de la République en permettant à un Sénégalais qui a 26 % d’être président de la République. Le parrainage, c’est la modalité de présentation des candidats. Le mode d’élection ne concerne pas le parrainage, ou l’inverse, le parrainage ne concerne pas le mode d’élection », telle est la position défendue par le Pr. Ismaïla Madior Fall. En d’autres termes, rassure le garde des Sceaux, ce projet de loi sur le parrainage ne touche pas à ce principe supposé sacré qu’est le mode d’élection du chef de l’Etat. Principe, selon son argumentaire, « verrouillé » grâce au référendum du 20 mars 2016. « Il n’est plus question de revenir sur cette clause d’éternité », rassure le ministre. « Il y avait un consensus sur l’idée de parrainage, ce qui faisait débat c’étaient les modalités », note-t-il ; non sans reprocher à une partie de l’opposition d’avoir boycotté les travaux du Comité de concertation sur de processus électoral, qui aurait donné son feu vert au chef de l’Etat.

Répondant à l’ex-leader de la Ligue démocratique, le garde des Sceaux attaque : « J’aurais compris que le Pr. Bathily dise : « le parrainage pose problème au regard de tel point, tel point, tel point ». Ce genre de proclamation, relève de l’infantilisme politique… C’est de l’idéologie. On est dans l’opinion subjective… Il faudrait dire en quoi c’est anti-démocratique », déclare, en outre, le ministre, qui avoue ainsi « avoir des problèmes avec la déclaration du professeur Bathily ».

Au sujet du pourcentage d’1 % que l’ancien patron de la Ld juge « élevé », l’agrégé en droit public rappelle qu’avant la réforme de 1991 qui est toujours en vigueur, que « dès 1963, on a connu le parrainage au Sénégal ». A l’époque, pour être candidat à la présidentielle, il fallait être soutenu par un parti politique ou 10 députés. Ensuite, le nombre de députés requis a baissé de 10 à 5. Pour le ministre de la Justice, c’est pour « restaurer la stricte égalité entre les candidats » que le Président Macky Sall a voulu inscrire un point afférent au parrainage au projet de réforme de 2016 pour permettre « aux candidats indépendants de prendre part à tous les types d’élections ». Par la suite, informe-t-il, Macky Sall a dit : « La réforme (relative au référendum de 2016) est suffisamment chargée, on va enlever l’histoire des parrainages ». Remontant toujours la genèse, Ismaïla Madior Fall mentionnera qu’avec la pléthore de listes caractéristique des législatives de 2017, « il fallait que l’idée revienne. Les législatives ont montré qu’on peut avoir 47 candidats. 50 candidats. Il va y avoir des problèmes pour l’organisation des élections au Sénégal».

« L’argument où il dit qu’on viole le secret ne repose sur rien. J’attendais des arguments un peu plus sérieux que ça », contre-attaque encore M. Fall, qui n’a pas raté son collègue universitaire.

 
Dimanche 8 Avril 2018




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