Monsieur Macky Sall,
Président de la République du Sénégal,
Gatineau-Canada
Objet : Notre pays et la violence
Monsieur le Président de la République,
Jeune Gòorgòorlu de mon état, j’habite la banlieue. Père de famille, j’arpente chaque jour, rues et ruelles de la Capitale à la recherche du diable pour lui tirer la queue. Mais, Monsieur le président, je dois vous dire que ces derniers temps, une peur bleue m’habite et m’accompagne dans tous mes déplacements. Ayant toujours l’esprit traumatisé à jamais par les meurtres du vendeur de café-Touba égorgé devant le siège de Walfadjri en août 2015 et celui du taximan tué à bout portant en octobre 2016, j’ai peur de cette vague de folie meurtrière qui sévit dans notre cher pays. C’est sûr que je ne suis le seul, Monsieur le Président, à être habité par une crainte et une grande peur ces derniers temps. J’en veux pour preuve la frange de la population qui réclame l’instauration de la peine de mort depuis l’assassinat sordide de la vice-présidente au Conseil économique et social.
Monsieur le président, en regardant les images à la télé, ma femme s’est tournée vers moi, les yeux embués de larmes, avant de me lancer : Qui sera la prochaine victime ? Sur le coup, j’ai répondu en toute sérénité : En réalité, ça pourrait être n’importe qui.
Monsieur le président, la question de ma femme a eu sur moi l’effet d’un électrochoc, qui m’a poussé à jeter un regard critique sur la situation du pays afin d’y déceler des brins d’explication à cette sauvagerie en vogue. La question est difficile, car le profil du tueur est multiforme. En dehors d’un cas où la folie a été évoquée, tous les autres sont perpétrés par des individus jouissant apparemment de toutes leurs facultés mentales. Ce qui est si curieux et étonnant qu’on serait tenté de se demander : Qu’est-ce qui pousse certains de nos concitoyens à ces actes barbares ? Qu’est-ce qui les incite à être si violents ?
C’est en essayant d’apporter des réponses à ces questions que j’aimerais attirer votre attention sur quelques maux, que je qualifie de catalyseurs de la violence, et donner mon point de vue sur la peine de mort.
Certaines autorités font l’apologie de la violence.
Monsieur le président, lors des émissions télé, il est devenu banal de voir des autorités sortir des insanités en usant d’un ton va-t-en-guerre qui choque beaucoup de téléspectateurs. Ils se livrent souvent à une violence verbale qui non seulement est injustifiable, mais donne l’impression qu’il faut être particulièrement violent pour réussir
en politique. Monsieur le président, beaucoup de vos partisans, par arrogance ou ignorance, sont tristement adeptes de tels dérapages. Leurs discours loin d’apaiser les esprits, font souvent l’apologie de la violence. Monsieur le président, vous devez leur apprendre à privilégier la force de l’argument plutôt que l’argument de la force, car un discours vide, même enrobé d’arrogance sans mesure, ne peut convaincre personne. Ces comportements incitent à la violence et jouent à votre défaveur.
Monsieur le président, certaines autorités se vantent haut et fort d’être détenteurs d’une autorisation de port d’arme. J’ai même vu lors d’une émission très suivie à la télé un député brandir son pistolet pour montrer à la journaliste qu’il n’hésiterait pas à appuyer sur sa gâchette en cas de trouble. Monsieur le président, je pense que sous aucun prétexte, un citoyen ne doit être armé. Le port d’arme doit être purement et simplement prohibé. Même aux États-Unis, beaucoup d’américains remettent en question leur deuxième amendement qui sans doute est la cause des multiples tueries.
Monsieur le président, l’Assemblée nationale a perdu tout son symbolique. Censée être un haut lieu de dialogue, elle est transformée en arène nationale. Nous avons vu à la télé, avec désolation, des images violentes au sein de l’hémicycle.
Monsieur le président, je ne parlerai pas des jeunes du Cojer qui, s’étant récemment illustrés à travers des actes de violence inouïs, ont ainsi prouvé qu’ils ont leur carte à jouer dans cette arène politique.
Monsieur le président, cette violence omniprésente dans l’espace politique donne l’impression que notre pays est une sorte de jungle où règne une seule loi : celle du plus fort.
Quand les fautifs sont punis ou récompensés en fonction de leur appartenance politique, les gens ont tendance à se faire justice eux-mêmes.
La drogue : Un danger pour la jeunesse
Monsieur le Président, j’ai peur, car il ne fait plus aucun doute que la présence massive de la drogue dans notre pays est une menace à la santé mentale de notre jeunesse qui est exposée à la consommation de stupéfiants. Selon un haut responsable de votre parti, connu sous le sobriquet d’El pistolero – encore un nom qui rime avec violence –, les barons de la drogue sont des intouchables de la république.
Monsieur le Président, tout porte à croire aux dires de votre collaborateur car les révélations du commissaire Cheikh Sadibou Keita, ex-directeur de l’OCRTIS sont restées lettres mortes. Pis, sans enquête approfondie, le brave homme a été accusé d’insubordination puis radié.
Monsieur le président, je soupçonne que les commissaires qui luttent contre ce fléau, en tentant de démanteler les réseaux sophistiqués de trafiquants, subissent des pressions ou sont parfois même persécutés.
Monsieur le président, si mes suspicions sont avérées, la drogue a encore de beaux jours au Sénégal. Or, une société conditionnée par la drogue ne peut être que violente. Je doute fort que certains de ces meurtres soient liés à ce fléau.
Monsieur le président, il est temps de prendre des mesures pour juguler ce mal, car toute jeunesse qui en est victime est sans avenir. Le désœuvrement des jeunes, combiné à leur surconsommation de drogue, est un cocktail explosif qui risque de n’épargner personne.
Les inégalités sociales : Une injustice à corriger.
Monsieur le président, les bourses familiales ne suffisent pas. Il faut également réduire le train de vie de la plupart de vos collaborateurs. Le HCCT doit être dissout et son budget alloué aux projets d’emploi des jeunes. La promotion des militants ne doit pas primer sur celle des méritants. Les larcins ne doivent pas être plus punis que les détournements de deniers publics. Même en prison, les citoyens sont traités différemment. Certaines fortunes sont inexplicables pour un fonctionnaire dans un pays comme le Sénégal. J’ai l’impression que les élus accaparent toutes les richesses au détriment du peuple.
Monsieur le Président, la pauvreté des uns côtoie à longueur de journée la richesse insolente d’une certaine classe surtout de politiciens. Il est inutile de vous dire qu’exhiber des millions devant quelqu’un qui n’a même pas de quoi manger est une forme de violence et une incitation à la violence aussi. Et, la violence appelle la violence.
Monsieur le président, un tel environnement d’injustice sociale n’est pas favorable à une paix durable. Il faut y remédier, car si le tir n’est pas rectifié à temps, nous risquons d’assister malheureusement à une recrudescence de la violence.
Peine de mort : Une solution inadaptée
Monsieur le Président, concernant la peine de mort, je ne la recommande pas. J’ai peur que notre système judiciaire fasse des erreurs. Je pense, sans le sous-estimer, que ce système judiciaire n’est pas assez mature pour l’application de la peine de mort. J’ai aussi peur qu’une telle loi se transforme en arme que certains pourraient utiliser abusivement pour régler des comptes personnels ou éliminer des adversaires politiques. La CREI en est une parfaite illustration.
Monsieur le président, je ne défends point les criminels. Ils méritent le pire des châtiments, car il n’y a aucune raison valable pour mettre fin à la vie d’un être humain, mais je réitère que nous ne sommes pas prêts. Notre police criminelle n’est pas encore assez outillée pour mener des enquêtes approfondies dans certains cas. Les États-Unis qui sont très avancés dans la criminalistique font des fois des erreurs judiciaires qui aboutissent malheureusement à des exécutions d’innocents.
Conclusion :
Monsieur le président, il y a trop de frustrations dans les cœurs. En dehors de vos partisans qui vous cachent la vérité, les Sénégalais sont en colère pour les raisons suivantes :
Président de la République du Sénégal,
Gatineau-Canada
Objet : Notre pays et la violence
Monsieur le Président de la République,
Jeune Gòorgòorlu de mon état, j’habite la banlieue. Père de famille, j’arpente chaque jour, rues et ruelles de la Capitale à la recherche du diable pour lui tirer la queue. Mais, Monsieur le président, je dois vous dire que ces derniers temps, une peur bleue m’habite et m’accompagne dans tous mes déplacements. Ayant toujours l’esprit traumatisé à jamais par les meurtres du vendeur de café-Touba égorgé devant le siège de Walfadjri en août 2015 et celui du taximan tué à bout portant en octobre 2016, j’ai peur de cette vague de folie meurtrière qui sévit dans notre cher pays. C’est sûr que je ne suis le seul, Monsieur le Président, à être habité par une crainte et une grande peur ces derniers temps. J’en veux pour preuve la frange de la population qui réclame l’instauration de la peine de mort depuis l’assassinat sordide de la vice-présidente au Conseil économique et social.
Monsieur le président, en regardant les images à la télé, ma femme s’est tournée vers moi, les yeux embués de larmes, avant de me lancer : Qui sera la prochaine victime ? Sur le coup, j’ai répondu en toute sérénité : En réalité, ça pourrait être n’importe qui.
Monsieur le président, la question de ma femme a eu sur moi l’effet d’un électrochoc, qui m’a poussé à jeter un regard critique sur la situation du pays afin d’y déceler des brins d’explication à cette sauvagerie en vogue. La question est difficile, car le profil du tueur est multiforme. En dehors d’un cas où la folie a été évoquée, tous les autres sont perpétrés par des individus jouissant apparemment de toutes leurs facultés mentales. Ce qui est si curieux et étonnant qu’on serait tenté de se demander : Qu’est-ce qui pousse certains de nos concitoyens à ces actes barbares ? Qu’est-ce qui les incite à être si violents ?
C’est en essayant d’apporter des réponses à ces questions que j’aimerais attirer votre attention sur quelques maux, que je qualifie de catalyseurs de la violence, et donner mon point de vue sur la peine de mort.
Certaines autorités font l’apologie de la violence.
Monsieur le président, lors des émissions télé, il est devenu banal de voir des autorités sortir des insanités en usant d’un ton va-t-en-guerre qui choque beaucoup de téléspectateurs. Ils se livrent souvent à une violence verbale qui non seulement est injustifiable, mais donne l’impression qu’il faut être particulièrement violent pour réussir
en politique. Monsieur le président, beaucoup de vos partisans, par arrogance ou ignorance, sont tristement adeptes de tels dérapages. Leurs discours loin d’apaiser les esprits, font souvent l’apologie de la violence. Monsieur le président, vous devez leur apprendre à privilégier la force de l’argument plutôt que l’argument de la force, car un discours vide, même enrobé d’arrogance sans mesure, ne peut convaincre personne. Ces comportements incitent à la violence et jouent à votre défaveur.
Monsieur le président, certaines autorités se vantent haut et fort d’être détenteurs d’une autorisation de port d’arme. J’ai même vu lors d’une émission très suivie à la télé un député brandir son pistolet pour montrer à la journaliste qu’il n’hésiterait pas à appuyer sur sa gâchette en cas de trouble. Monsieur le président, je pense que sous aucun prétexte, un citoyen ne doit être armé. Le port d’arme doit être purement et simplement prohibé. Même aux États-Unis, beaucoup d’américains remettent en question leur deuxième amendement qui sans doute est la cause des multiples tueries.
Monsieur le président, l’Assemblée nationale a perdu tout son symbolique. Censée être un haut lieu de dialogue, elle est transformée en arène nationale. Nous avons vu à la télé, avec désolation, des images violentes au sein de l’hémicycle.
Monsieur le président, je ne parlerai pas des jeunes du Cojer qui, s’étant récemment illustrés à travers des actes de violence inouïs, ont ainsi prouvé qu’ils ont leur carte à jouer dans cette arène politique.
Monsieur le président, cette violence omniprésente dans l’espace politique donne l’impression que notre pays est une sorte de jungle où règne une seule loi : celle du plus fort.
Quand les fautifs sont punis ou récompensés en fonction de leur appartenance politique, les gens ont tendance à se faire justice eux-mêmes.
La drogue : Un danger pour la jeunesse
Monsieur le Président, j’ai peur, car il ne fait plus aucun doute que la présence massive de la drogue dans notre pays est une menace à la santé mentale de notre jeunesse qui est exposée à la consommation de stupéfiants. Selon un haut responsable de votre parti, connu sous le sobriquet d’El pistolero – encore un nom qui rime avec violence –, les barons de la drogue sont des intouchables de la république.
Monsieur le Président, tout porte à croire aux dires de votre collaborateur car les révélations du commissaire Cheikh Sadibou Keita, ex-directeur de l’OCRTIS sont restées lettres mortes. Pis, sans enquête approfondie, le brave homme a été accusé d’insubordination puis radié.
Monsieur le président, je soupçonne que les commissaires qui luttent contre ce fléau, en tentant de démanteler les réseaux sophistiqués de trafiquants, subissent des pressions ou sont parfois même persécutés.
Monsieur le président, si mes suspicions sont avérées, la drogue a encore de beaux jours au Sénégal. Or, une société conditionnée par la drogue ne peut être que violente. Je doute fort que certains de ces meurtres soient liés à ce fléau.
Monsieur le président, il est temps de prendre des mesures pour juguler ce mal, car toute jeunesse qui en est victime est sans avenir. Le désœuvrement des jeunes, combiné à leur surconsommation de drogue, est un cocktail explosif qui risque de n’épargner personne.
Les inégalités sociales : Une injustice à corriger.
Monsieur le président, les bourses familiales ne suffisent pas. Il faut également réduire le train de vie de la plupart de vos collaborateurs. Le HCCT doit être dissout et son budget alloué aux projets d’emploi des jeunes. La promotion des militants ne doit pas primer sur celle des méritants. Les larcins ne doivent pas être plus punis que les détournements de deniers publics. Même en prison, les citoyens sont traités différemment. Certaines fortunes sont inexplicables pour un fonctionnaire dans un pays comme le Sénégal. J’ai l’impression que les élus accaparent toutes les richesses au détriment du peuple.
Monsieur le Président, la pauvreté des uns côtoie à longueur de journée la richesse insolente d’une certaine classe surtout de politiciens. Il est inutile de vous dire qu’exhiber des millions devant quelqu’un qui n’a même pas de quoi manger est une forme de violence et une incitation à la violence aussi. Et, la violence appelle la violence.
Monsieur le président, un tel environnement d’injustice sociale n’est pas favorable à une paix durable. Il faut y remédier, car si le tir n’est pas rectifié à temps, nous risquons d’assister malheureusement à une recrudescence de la violence.
Peine de mort : Une solution inadaptée
Monsieur le Président, concernant la peine de mort, je ne la recommande pas. J’ai peur que notre système judiciaire fasse des erreurs. Je pense, sans le sous-estimer, que ce système judiciaire n’est pas assez mature pour l’application de la peine de mort. J’ai aussi peur qu’une telle loi se transforme en arme que certains pourraient utiliser abusivement pour régler des comptes personnels ou éliminer des adversaires politiques. La CREI en est une parfaite illustration.
Monsieur le président, je ne défends point les criminels. Ils méritent le pire des châtiments, car il n’y a aucune raison valable pour mettre fin à la vie d’un être humain, mais je réitère que nous ne sommes pas prêts. Notre police criminelle n’est pas encore assez outillée pour mener des enquêtes approfondies dans certains cas. Les États-Unis qui sont très avancés dans la criminalistique font des fois des erreurs judiciaires qui aboutissent malheureusement à des exécutions d’innocents.
Conclusion :
Monsieur le président, il y a trop de frustrations dans les cœurs. En dehors de vos partisans qui vous cachent la vérité, les Sénégalais sont en colère pour les raisons suivantes :
- - les injustices et inégalités sociales,
- - les souffrances des jeunes qui ne rêvent que d’un ailleurs incertain car ne voyant en perspective que le chômage et les rudes privations,
- - les politiciens véreux qui distribuent de l’argent à tort et à travers,
- - le péril de l’éducation nationale,
- - les complots et magouilles symboles de mépris vis-à-vis du peuple
Ce sont là les chantiers de construction du cimetière où nous risquons d’ensevelir notre chère et enviable paix sociale.
Monsieur le président, l’heure est grave. Pour éviter le désastre, je pense qu’il est grand temps :
- - d’organiser des rencontres régulières avec l’ensemble des forces vives du pays pour établir un dialogue sincère sur les vrais enjeux nationaux,
- - de privilégier la transparence dans la gestion,
- - de diminuer le train de vie de l’état,
- - de réduire votre caisse noire à un milliard à défaut de la supprimer,
- - d’instaurer un climat de justice équitable,
- - de parler à vos partisans pour plus d’humilité,
- - de parler au peuple pour compatir à leurs difficultés,
- - d’inciter les jeunes au travail (10 minutes à la télé et mensuellement),
- - d’organiser des journées de prières mensuellement pour apaiser les cœurs.
Veuillez agréer Monsieur le président de la République l’expression de mes sentiments distingués.
Babacar BA – Auteur de Leurres et lueurs de l’émigration
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