Les avocats du Cheikh Béthio Thioune ont du pain sur la planche. Libération tire cette conviction de la lecture du procès-verbal de l’audition du guide des Cantakunes arrêté, le 03 avril dernier, puis inculpé pour complicité d’homicide dans le double meurtre effroyable de deux de ses disciples, recel de cadavre, inhumation sans autorisation, détention d’armes sans autorisation, association de malfaiteurs, et écroué à la prison de Thiès. En effet, des échanges du prévenu avec les gendarmes, il ressort des faits accablants qui pèsent sur le guide moral des Cantakunes.
Le procès-verbal numéro 103 du 03 avril 2012, portant audition du Cheikh Béthio Thioune par les gendarmes, à Thiès, après son interpellation, le même jour, à Médinatoul Salam, son domaine du village de Keur Samba Laobé, dans le Mbour, où deux de ses disciples, Bara Sow et Ababacar Diagne, avaient été massacrés, fourmille d’informations.
De ce document dont Libération a pris connaissance, il ressort que le guide moral des Cantakunes a conclu son audition par une phrase qui renseigne sur l’état d’esprit du Cheikh, eu égard au contexte politique. «Je juge arbitraire mon interpellation à des fins politiciennes car elle ne procède pas du droit républicain», a dit celui qui, lors de la dernière Présidentielle, a affiché un soutien déterminé en faveur u Président sort ant, Me Abdoulaye Wade, finalement défait par l’actuel homme fort du pays, le Président Macky Sall.
Auparavant, le Cheikh s’était livré au jeu des questions-réponses avec les enquêteurs de la Brigade de recherches de Thiès, en adoptant une ligne de défense faite de dénégations systématiques. Cependant, les gendarmes, rompus à la tâche, l’ont souvent poussé dans ses derniers retranchements.
«C’est mon disciple Cheikh Faye qui, en ma présence, recevait un coup de téléphone auquel il répondait à voix basse. Après une pause que j’avais avec mes épouses, Cheikh est venu m’informer que Bara Sow et ses acolytes sont entrés dans la concession. Ma réaction a été une surprise, compte tenu de tout ce qui s’est passé auparavant», dit le Cheikh.
Mais, les gendarmes le taclent une première fois en lui faisant remarquer que Cheikh Faye, en lieu et place d’un coup de fil, a plutôt fait état, devant les enquêteurs, d’un Sms. Alors, le guide moral des Cantakunes semble bafouiller, n’étant plus sûr de son propos. «Peut-être. Il était couché à même le sol et je n’étais pas attentif à ce qu’il faisait», se défend le Cheikh Béthio. «Non», répond-il à la question de savoir s’il a entendu des coups de feu lorsque la rixe entre ses disciples et la délégation de Bara Sow et Ababacar Diagne a éclaté. «Non», répond-il encore lorsqu’il lui est demandé s’il a constaté des traces de sang dans son domicile. Cependant, la suite de son propos démontre que le Cheikh avait été informé du caractère effroyable de l’affaire : «Ce matin, on me l’a dit. Mais j’avais horreur d’aller voir». Est-il vrai que Bara Sow et Ababacar Diagne exécutés de manière barbare, le Cheikh est sorti de son domaine, accompagné des auteurs du double meurtre – d’aucuns croient savoir que c’était pour organiser l’ensevelissement des cadavres dans la fameuse fosse commune – ? «Oui je suis sorti avec mon chauffeur Samba Ngom et Cheikh Faye (ndlr : inculpés et écroués comme étant les principaux exécutants) pour faire un tour dans le village, de huit (08) minutes à peu près», reconnaît le Cheikh Béthio Thioune. Mais, quand les gendarmes lui posent la question de savoir s’il était suivi du fameux pick-up, qui a transporté les corps, lors de cette sortie, le prévenu perd subitement la mémoire. «Je ne sais pas», répond-il.
Dans cette même logique de dénégations systématiques, le guide moral des Cantakunes soutient qu’il n’a pas été informé de l’arrivée d’un groupe accompagnant Bara Sow : «C’est Cheikh Faye qui était sorti et qui, à son tour, m’a informé que c’est Bara Sow qui était venu à la maison». Seulement, lorsque les enquêteurs ont voulu savoir s’il était informé des deux morts et s’il a au moins interpellé Cheikh Faye sur la rixe, le Cheikh Béthio Thioune dit : «Je l’ai trouvé devant le corridor qui sépare ma chambre du salon et il m’a dit que c’est Bara Sow et ses acolytes».
S’agissant des armes, le guide moral des Cantakunes reconnaît en détenir plusieurs qui «sont à (son) domicile à Touba, l’une étant avec Samba Ngom (son) chauffeur». L’arme trouvée par les gendarmes lors d’une perquisition et qui a servi à abattre Ababacar Diagne, à bout portant.
Quid des déclarations d’un disciple du Cheikh selon lesquelles les corps auraient été transportés par charrette ? «J’ai deux charrettes», reconnaît le Cheikh, non sans préciser qu’il n’a pas autorisé ses charrettes à faire le travail. Soutenant que les meurtres de Bara Sow et Ababacar Diagne l’ont «choqué», le Cheikh Béthio Thioune, à la question des enquêteurs de savoir s’il a cherché à identifier les auteurs de l’acte après avoir été informé, dit froidement : «Non je n’ai pas cherché à savoir». Revenant à la charge, pour identifier le donneur d’ordre, les enquêteurs, qui demandent au Cantakune en chef s’il a donné à ses disciples ordre de faire «sortir» la délégation, s’entendent dire par ce dernier : «Oui ! J’avais ordonné à mes disciples de ne plus recevoir Bara Sow dans mon domicile. Je suis un guide spirituel, j’ai donné un ndigël qui est différent d’un ordre. Le ndigël est facultatif».
Cheikh Mbacké Guissé - Liberation Quotidien
Le procès-verbal numéro 103 du 03 avril 2012, portant audition du Cheikh Béthio Thioune par les gendarmes, à Thiès, après son interpellation, le même jour, à Médinatoul Salam, son domaine du village de Keur Samba Laobé, dans le Mbour, où deux de ses disciples, Bara Sow et Ababacar Diagne, avaient été massacrés, fourmille d’informations.
De ce document dont Libération a pris connaissance, il ressort que le guide moral des Cantakunes a conclu son audition par une phrase qui renseigne sur l’état d’esprit du Cheikh, eu égard au contexte politique. «Je juge arbitraire mon interpellation à des fins politiciennes car elle ne procède pas du droit républicain», a dit celui qui, lors de la dernière Présidentielle, a affiché un soutien déterminé en faveur u Président sort ant, Me Abdoulaye Wade, finalement défait par l’actuel homme fort du pays, le Président Macky Sall.
Auparavant, le Cheikh s’était livré au jeu des questions-réponses avec les enquêteurs de la Brigade de recherches de Thiès, en adoptant une ligne de défense faite de dénégations systématiques. Cependant, les gendarmes, rompus à la tâche, l’ont souvent poussé dans ses derniers retranchements.
«C’est mon disciple Cheikh Faye qui, en ma présence, recevait un coup de téléphone auquel il répondait à voix basse. Après une pause que j’avais avec mes épouses, Cheikh est venu m’informer que Bara Sow et ses acolytes sont entrés dans la concession. Ma réaction a été une surprise, compte tenu de tout ce qui s’est passé auparavant», dit le Cheikh.
Mais, les gendarmes le taclent une première fois en lui faisant remarquer que Cheikh Faye, en lieu et place d’un coup de fil, a plutôt fait état, devant les enquêteurs, d’un Sms. Alors, le guide moral des Cantakunes semble bafouiller, n’étant plus sûr de son propos. «Peut-être. Il était couché à même le sol et je n’étais pas attentif à ce qu’il faisait», se défend le Cheikh Béthio. «Non», répond-il à la question de savoir s’il a entendu des coups de feu lorsque la rixe entre ses disciples et la délégation de Bara Sow et Ababacar Diagne a éclaté. «Non», répond-il encore lorsqu’il lui est demandé s’il a constaté des traces de sang dans son domicile. Cependant, la suite de son propos démontre que le Cheikh avait été informé du caractère effroyable de l’affaire : «Ce matin, on me l’a dit. Mais j’avais horreur d’aller voir». Est-il vrai que Bara Sow et Ababacar Diagne exécutés de manière barbare, le Cheikh est sorti de son domaine, accompagné des auteurs du double meurtre – d’aucuns croient savoir que c’était pour organiser l’ensevelissement des cadavres dans la fameuse fosse commune – ? «Oui je suis sorti avec mon chauffeur Samba Ngom et Cheikh Faye (ndlr : inculpés et écroués comme étant les principaux exécutants) pour faire un tour dans le village, de huit (08) minutes à peu près», reconnaît le Cheikh Béthio Thioune. Mais, quand les gendarmes lui posent la question de savoir s’il était suivi du fameux pick-up, qui a transporté les corps, lors de cette sortie, le prévenu perd subitement la mémoire. «Je ne sais pas», répond-il.
Dans cette même logique de dénégations systématiques, le guide moral des Cantakunes soutient qu’il n’a pas été informé de l’arrivée d’un groupe accompagnant Bara Sow : «C’est Cheikh Faye qui était sorti et qui, à son tour, m’a informé que c’est Bara Sow qui était venu à la maison». Seulement, lorsque les enquêteurs ont voulu savoir s’il était informé des deux morts et s’il a au moins interpellé Cheikh Faye sur la rixe, le Cheikh Béthio Thioune dit : «Je l’ai trouvé devant le corridor qui sépare ma chambre du salon et il m’a dit que c’est Bara Sow et ses acolytes».
S’agissant des armes, le guide moral des Cantakunes reconnaît en détenir plusieurs qui «sont à (son) domicile à Touba, l’une étant avec Samba Ngom (son) chauffeur». L’arme trouvée par les gendarmes lors d’une perquisition et qui a servi à abattre Ababacar Diagne, à bout portant.
Quid des déclarations d’un disciple du Cheikh selon lesquelles les corps auraient été transportés par charrette ? «J’ai deux charrettes», reconnaît le Cheikh, non sans préciser qu’il n’a pas autorisé ses charrettes à faire le travail. Soutenant que les meurtres de Bara Sow et Ababacar Diagne l’ont «choqué», le Cheikh Béthio Thioune, à la question des enquêteurs de savoir s’il a cherché à identifier les auteurs de l’acte après avoir été informé, dit froidement : «Non je n’ai pas cherché à savoir». Revenant à la charge, pour identifier le donneur d’ordre, les enquêteurs, qui demandent au Cantakune en chef s’il a donné à ses disciples ordre de faire «sortir» la délégation, s’entendent dire par ce dernier : «Oui ! J’avais ordonné à mes disciples de ne plus recevoir Bara Sow dans mon domicile. Je suis un guide spirituel, j’ai donné un ndigël qui est différent d’un ordre. Le ndigël est facultatif».
Cheikh Mbacké Guissé - Liberation Quotidien
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