Le cri de désespoir des Tailleurs : après les fêtes, la dégringolade économique… Entre déceptions et reconversions


À Dakar, après les grandes célébrations telles que la Tabaski, le Gamou, la Korité et le Magal, les tailleurs se retrouvent plongés dans une crise financière alarmante. Alors que les festivités attirent une clientèle en masse, l’après-fête est synonyme de vaches maigres pour ces artisans, qui peinent à subvenir à leurs besoins. Pour beaucoup, la vente de leur matériel de travail est devenue une triste réalité, comme le rapporte L’Enquête.

La banlieue de Dakar, où les Tailleurs sont particulièrement présents, connaît une réalité inquiétante. Amadou Sow, un tailleur expérimenté de plus de 20 ans, témoigne : « Après les grands événements, notre activité ne fonctionne presque plus. » « Je peux rester plusieurs jours sans gagner un franc. » Ce père de famille, comme de nombreux autres, fait face à des jours de travail sans clients, ce qui le pousse à se demander comment il va joindre les deux bouts.

Face à cette situation désastreuse, certains tailleurs sont contraints de se réorienter. Hameth Loum, un autre artisan de Diamaguene, explique : « En dehors des périodes de fêtes, je me mets à coudre des vêtements prêt-à-porter pour assurer mes dépenses quotidiennes ». Sans cela, je ne m’en sortirais pas. » D’autres, comme Mamadou Niang, ont pris des mesures plus drastiques en vendant leurs machines pour acheter des motos et se lancer dans la livraison. « Je suis tailleur, mais les affaires ne marchent plus ». Alors, j’ai vendu mon matériel pour devenir conducteur de moto. »

Les témoignages de ces Tailleurs révèlent un phénomène inquiétant : la clientèle, au lieu de soutenir leur activité, impose des conditions de paiement de plus en plus difficiles. Amadou Sow se plaint : « Les clients ne donnent plus d’avance et mettent la pression sur nous ». Même lorsque nous leur annonçons que leur tenue est prête, ils tardent à venir récupérer leur commande. » Les ateliers sont remplis de vêtements non récupérés, et les tailleurs se retrouvent souvent à attendre leur argent sans pouvoir relancer les clients.

Cette crise touche également les prix. Adama Lam, un autre tailleur, explique : « Tout est devenu cher, mais je ne peux pas augmenter mes tarifs ». Certains clients pensent que le prix doit rester le même depuis des années, ce qui est illogique. « J’ai perdu des clients en essayant d’ajuster mes prix. » Cette perception erronée que les tailleurs de petits ateliers ne sont pas compétents pèse lourdement sur leur activité.

Babacar Yade, jeune tailleur de 33 ans, raconte une mésaventure révélatrice : « Une cliente a hésité à me confier ses tissus parce que mon atelier n’était pas vitré et luxueux. » Elle a finalement décidé de partir. » Cette anecdote souligne un paradoxe : même des prestations de qualité sont souvent jugées à l’aune de la présentation des lieux.

Face à cette conjoncture difficile, les Tailleurs de Dakar demandent un soutien urgent pour relancer leur activité. L’heure est à la solidarité et à la créativité pour traverser cette tempête économique, mais les incertitudes demeurent, laissant ces artisans dans l’attente d’un renouveau.
Jeudi 24 Octobre 2024
Dakaractu



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