Ces dernières semaines, nous n’avons cessé de dénoncer dans ces colonnes le peu de compassion, pour ne pas dire le mépris, dont ont fait preuve les dirigeants saoudiens face aux centaines de morts provoquées par la bousculade de Mina. Estimé à 769 au lendemain de la tragédie, le nombre de morts atteint maintenant 1600. Du moins officiellement, et ce bilan est sans doute provisoire. Il y a 61 Sénégalais parmi ces morts, les pays ayant payé le plus lourd tribut à cette tragédie étant, dans le désordre, l’Iran, l’Indonésie, l’Egypte, le Maroc, le Mali etc. Avant cela, 107 pèlerins avaient trouvé la mort à La Mecque, lorsqu’une grue géante s’était effondrée sur la Grande mosquée de ce lieu saint.
Lorsqu’au lendemain de la bousculade de Mina, l’ambassadeur saoudien à Dakar, alors que le Sénégal recensait encore ses morts, avait fêté avec ostentation la journée nationale de son pays — en présence de nos officiels dont le ministre de l’Intérieur ! —, nous avions dénoncé vigoureusement cette morgue, voire cette indifférence devant le deuil qui nous frappait. Mais visiblement, les autorités saoudiennes se contrefichent des 1600 morts — 1700 avec les victimes de La Mecque — que leur négligence criminelle a provoqués. Les autorités saoudiennes, mais aussi les dirigeants français. Alors qu’elles auraient dû raisonnablement observer un deuil, à tout le moins s’accorder un délai de décence avant d’entreprendre certaines actions, voilà qu’elles se livrent à ce qu’elles savent faire le mieux : le business. Eh oui, alors que tous les morts ne sont pas encore retrouvés, que les musulmans du monde entier n’ont pas fini de faire leur deuil, les Saoud viennent de dérouler le tapis rouge (comme le sang) au Premier ministre français, M. Manuel Valls. Lequel a tweeté fièrement qu’il a signé à Ryad des contrats commerciaux à hauteur de 10 milliards d’euros, soit 6500 milliards cfa ! Business is business, as usual.
La France se prétend l’amie des pays musulmans mais elle l’est plus encore des dollars saoudiens et des méga-contrats pour son économie. Il n’y a rien de mal à cela, du reste, sauf que l’indécence de signer des contrats commerciaux dans un pays où 1700 pèlerins musulmans viennent de trouver la mort dans des conditions tragiques du fait précisément des négligences des mêmes dirigeants qui octroient ces fabuleux marchés aux Français, cette indécence, donc, crève les yeux. La France et les Saoud auraient attendu un mois au moins après la tragédie, on aurait encore compris mais là, alors que le sang des quelque deux mille victimes n’a pas encore fini de sécher…
La France qui n’a pas, à notre connaissance, adressé de message de condoléances aux pays d’origine de ces victimes de l’incurie des Saoud, sans doute pour ne pas compromettre ses contrats commerciaux. Et pourtant, lorsqu’elle avait été frappée au cœur par les attentats terroristes de janvier dernier, nos dirigeants, toutes affaires cessantes et ventre à terre, avaient filé à Paris pour manifester avec le président François Hollande et lui témoigner leur sympathie. Il s’agissait certes d’attentats terroristes tandis que là, ce sont des négligences criminelles — même si le roi Salman prétend avec mépris que son pays n’a aucune responsabilité dans la tragédie — qui ont tué quelque 1700 pèlerins musulmans mais, à défaut de compatir avec leurs peuples et leurs dirigeants, la France, qui compte deux millions de musulmans environ, aurait pu différer la signature de ses contrats commerciaux — dont certains concernent la vente d’armement — jusqu’à des jours meilleurs. On espère que l’Iran, qui a payé un lourd tribut à cette tragédie, saura se souvenir de ce geste inamical de Marianne au moment où la République islamique cherche à récupérer les corps de ses ressortissants. Quant à nos dirigeants, on espère qu’ils ne pousseront pas l’asservissement jusqu’à féliciter M. Manuel Valls pour les brillants résultats commerciaux de sa visite à Ryad !
Mamadou Oumar NDIAYE
« Le Témoin » quotidien
Lorsqu’au lendemain de la bousculade de Mina, l’ambassadeur saoudien à Dakar, alors que le Sénégal recensait encore ses morts, avait fêté avec ostentation la journée nationale de son pays — en présence de nos officiels dont le ministre de l’Intérieur ! —, nous avions dénoncé vigoureusement cette morgue, voire cette indifférence devant le deuil qui nous frappait. Mais visiblement, les autorités saoudiennes se contrefichent des 1600 morts — 1700 avec les victimes de La Mecque — que leur négligence criminelle a provoqués. Les autorités saoudiennes, mais aussi les dirigeants français. Alors qu’elles auraient dû raisonnablement observer un deuil, à tout le moins s’accorder un délai de décence avant d’entreprendre certaines actions, voilà qu’elles se livrent à ce qu’elles savent faire le mieux : le business. Eh oui, alors que tous les morts ne sont pas encore retrouvés, que les musulmans du monde entier n’ont pas fini de faire leur deuil, les Saoud viennent de dérouler le tapis rouge (comme le sang) au Premier ministre français, M. Manuel Valls. Lequel a tweeté fièrement qu’il a signé à Ryad des contrats commerciaux à hauteur de 10 milliards d’euros, soit 6500 milliards cfa ! Business is business, as usual.
La France se prétend l’amie des pays musulmans mais elle l’est plus encore des dollars saoudiens et des méga-contrats pour son économie. Il n’y a rien de mal à cela, du reste, sauf que l’indécence de signer des contrats commerciaux dans un pays où 1700 pèlerins musulmans viennent de trouver la mort dans des conditions tragiques du fait précisément des négligences des mêmes dirigeants qui octroient ces fabuleux marchés aux Français, cette indécence, donc, crève les yeux. La France et les Saoud auraient attendu un mois au moins après la tragédie, on aurait encore compris mais là, alors que le sang des quelque deux mille victimes n’a pas encore fini de sécher…
La France qui n’a pas, à notre connaissance, adressé de message de condoléances aux pays d’origine de ces victimes de l’incurie des Saoud, sans doute pour ne pas compromettre ses contrats commerciaux. Et pourtant, lorsqu’elle avait été frappée au cœur par les attentats terroristes de janvier dernier, nos dirigeants, toutes affaires cessantes et ventre à terre, avaient filé à Paris pour manifester avec le président François Hollande et lui témoigner leur sympathie. Il s’agissait certes d’attentats terroristes tandis que là, ce sont des négligences criminelles — même si le roi Salman prétend avec mépris que son pays n’a aucune responsabilité dans la tragédie — qui ont tué quelque 1700 pèlerins musulmans mais, à défaut de compatir avec leurs peuples et leurs dirigeants, la France, qui compte deux millions de musulmans environ, aurait pu différer la signature de ses contrats commerciaux — dont certains concernent la vente d’armement — jusqu’à des jours meilleurs. On espère que l’Iran, qui a payé un lourd tribut à cette tragédie, saura se souvenir de ce geste inamical de Marianne au moment où la République islamique cherche à récupérer les corps de ses ressortissants. Quant à nos dirigeants, on espère qu’ils ne pousseront pas l’asservissement jusqu’à féliciter M. Manuel Valls pour les brillants résultats commerciaux de sa visite à Ryad !
Mamadou Oumar NDIAYE
« Le Témoin » quotidien
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