La Compagnie devrait cesser de se sucrer sur les dos des ‘ Walo’ (Par Diawdine Amadou Bakhaw DYAO Lamane du Walo)


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La Compagnie devrait cesser de se sucrer sur les dos des ‘ Walo’ (Par Diawdine Amadou Bakhaw DYAO Lamane du Walo)
L’explosion de la cuve d'éthanol à la Compagnie Sucrière Sénégalaise (CSS ) à Ndiangué –Richard-Toll devrait être l’occasion de revisiter le bilan de l’installation du Groupe Mimran depuis un demi-siècle  au Walo
 
En tant qu’élu du département de Dagana et Sénégalais nous sommes arrivé à nous poser certaines questions auxquelles la CSS devrait apporter des réponses claires.

Tout d’abord cette question :  comment une société française implantée au Sénégal bien  des années ,après l’indépendance puisse porter le nom de compagnie terme si chargé dans l’histoire de l’époque des comptoirs, de la traite négriére et de la colonisation. 
 
Rappelons que c’est au  début du 17e siècle, en 1626,  que le Cardinal Richelieu fonda la Compagnie normande, une association des marchands de Dieppe et de Rouen qui était chargée de la traite au niveau des vallées des fleuves du Sénégal et de la Gambie. 
En 1658, quand la Compagnie normande fut dissoute, ses actifs furent rachetés par la Compagnie du Cap-Vert et du Sénégal,
Ces compagnies furent les principales sociétés françaises  qui ont participé
a la traite négriére pendant deux siècles dans la vallée du fleuve Sénégal.
 
Autre nom qui renvoie à la traite négriére, la plantation, au niveau de la Compagnie Sucrière Sénégalaise , il y a une structure administrative , le service des plantations  mot qui renvoie à la culture de la canne à sucre par les esclaves aux Antilles.
Le Groupe Mimran au-delà  de la nécessité du changement de dénomination de son entreprise,  devrait rompre radicalement avec ses pratiques neo coloniales dignes de la francafrique
La CSS a toujours eu une attitude paternaliste et méprisante à l’égard des populations locales ou leurs élus, préférant négocier avec les représentants  de l’état au plus haut niveau ,depuis que le Président Senghor a cédé gracieusement à son ami Jacques Mimran ,toutes les terres et installations agricoles autour de la riviére Taouey  et en lui accordant toute une panoplie  de protections, par l’entremise d’une serie d’accords successifs,  d’exonérations léonines scandaleuses .
Pendant des décennies la CSS a influencé  pesé sur l’éléction des deputés et autres élus locaux .
Lors des denieres élections locales la Compagnie s’est beaucoup mobilisée pour  essayer de porter à la téte de la mairie de Richard-Toll le ‘regisseur ‘ des plantations Louis Lamotte .On ne savait plus si on était aux Antilles ou au Walo ?
Nous pensons aussi que, c’est une nécessité d’ordre public que les conventions d’établissement et les différents accords que les  gouvernements sénégalais  ont signés avec la CSS soient publiés, soient  accessibles pour l’information des populations du Walo et du Sénégal
 
Aucun élu du département de Dagana, ne peut indiquer la nature de la convention qui lie le groupe Mimran à l’état du Sénégal et sa responsabilité sociétale envers les populations riveraines.
 
Pourtant, toutes les clauses du traité de Ndiao signé le 08 Mars 1819 entre le Brack, les principaux dignitaires du Walo et le  comptoir français  de Saint-Louis pour la colonisation agricole sont disponibles pour tout le public à travers les archives ou dans l’internet.
 
Une autre question , comment après un demi siécle ,avoir hérité environ 6 000 hectares d’aménagements hydro-agricoles de l’ancienne Société de développement rizicole du Sénégal (SDRS), en plus d’exonérations fiscales et douanières pendant toute cette période, la Compagnie n’arrive toujours pas à garantir une autosuffisance en sucre (200 000 tonnes ) aux Sénégalais, alors que ses rendements à l’hectare (140 tonnes à l’hectare  le double de la moyenne mondiale) sont parmi les meilleurs au monde, ?
 
Quel est l’objectif de la spéculation foncière de la CSS qui occupe les terres les plus fertiles dans le département de Dagana, environ 30 000 hectares des terres pour n’en cultiver que 10 000 seulement, et laisser le reste en   jachère. ?
 
Quelles sont les mesures conservatoires prises par la CSS pour sauvegarder le système écologique du Lac de Guiers principale source d’alimentation  d’eau douce des agglomérations urbaines de Dakar et de Thies  et qui possèdent de grandes ressources halieutiques . ?  
 
La Compagnie a-t-elle créé  une station d’épuration  des eaux de drainage fortement polluées par les engrais chimiques et les pesticides. ?
 
N’avait il pas raison ,l’ancien ministre de l’Economie et des finances, feu Mamoudou Touré d’affirmer qu’il était plus utile  plus efficient pour le Sénégal d’importer son sucre sur le  marché international que l’existence même de cette unité agro industrielle. ?
Certaines sources , indiquent que le Groupe Mimran qui est l’actionnaire majoritaire de Teranga gold qui exploite  le gisement de Sabodala, oriente de plus en plus ses activités vers l’exploitation de l’or ,  a  l’intention  de vendre le complexe agro industriel de Richard-Toll, après avoir cédé les Grands Moulins de Dakar aux Américains  et la banque CBAO aux Marocains.
 
Si la CSS réussit à vendre son usine à Richard –Toll , l’état devra utiliser son droit de péremption en récupérant  les 30 000 hectares qu’elle occupe dans le département de Dagana et dont elle n’exploite que le tiers, d’atteindre notre autosuffisance alimentaire en riz et autres céréales , concomitamment  de, créer en un temps record des dizaines  de milliers d’emplois permanents pour les jeunes au Sénégal, freiner en grande partie le phénomène d’émigration des jeunes vers l’Europe.
C’est à Richard Toll (qui porte le nom de Claude Richard) que débuta le premier projet de colonisation agricole françaises il y a justement deux siècles. C’est à Richard Toll ou la France à travers la Compagnie sucrière Sénégalaise devrait changer toute sa politique économique de coopération avec le  Sénégal et même l’Afrique, le début de la fin de la Franceafrique.
Plusieurs pistes pour ce renouveau pourront etre explorées
.
Comme certaines entreprises françaises le font , la Compagnie devrait privilégier le recrutement de cadres locaux assurant la senegalisation des ressources humaines .
Lors d‘une rencontre politique, il y  a 25 ans, j ai eu à interpeller l’ancien homme fort du régime de l’époque Ousmane Tanor Dieng en ces termes : « Monsieur le Ministre d’Etat  comment peux t on imaginer qu’une entreprise qui emploie environ 6000 travailleurs, installée a Bignona ou à Joal sans qu’il n’y ait au niveau de la direction un cadre titulaire d’un Bac plus 4 originaire du Blouf ou de la petite cote. ?
 
Le régisseur Louis Lamotte avait répondu dans la presse que les Walo n’étaient que des conducteurs de calèches, sans aucune qualification professionnelle. Ce qui montrait sa méconnaissance du  walo qui était l’un des terroirs du Senegal le plus anciennement scolarisés.
 
Premier pollueur des eaux des airs et des terres , la Compagnie a eu des externalités négatives sur la santé des populations riveraines, avec la recrudescence des maladies hydriques
Un partenariat public privé associant la coopération française , la Compagnie , l’état et les collectivités pour permettre la construction d’un centre hospitalier de niveau   2 et la construction d’un second lycée à Richard Toll
 
Ce même partenariat pourra être mis à profit pour réhabiliter et sauver de la ruine
‘’La folie du baron Roger’’, un château construit à Richard-Toll par le baron Jacques-François Roger (1787-1849), un homme de loi, haut fonctionnaire et homme politique français.

Une fois réhabilité, ‘’La folie du baron Roger’’ pourrait abriter un musée culturel et botanique dédié à l’histoire du Walo, à l’histoire de la présence française au Sénégal et surtout à son expérience agricole.

Depuis une décennie grâce à la politique de diversification économique du Président Macky Sall plusieurs entreprises étrangères ( indiennes sud-africaines , anglaises )  se sont installées au Walo annonçant ainsi la fin du monopole néocolonial économique français
La compagnie devra s’adapter à cette nouvelle donne concurrentielle, avec l’arrivée prochaine d’autres entreprises agro industrielles brésiliennes turques et chinoises .
En tout cas rien ne sera plus comme avant
 
Walo nom de code utilisé par certains expatries de la compagnie pour designer les populations walo walo des villages riverains de Dagana Ndombo Khouma Ndiangue et Ndiao

Diawdine Amadou Bakhaw DYAO Lamane du Walo
Mercredi 7 Septembre 2022




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