Journée internationale de la femme… handicapée aussi

A l’instar de la communauté internationale, le Sénégal célèbre ce huit mars la journée Mondiale de la femme. Femme debout pour faire face aux défis du monde moderne, femme-courage qui se bat sans relâche, femme handicapée qui refuse la fatalité, femme dont le sourire affectueux et la sensibilité à nos faiblesses nourrissent notre âme. A toutes celles que l’humanité honore en ce jour, l’association des anciens pensionnaires de l’institut des jeunes aveugles du Sénégal AAPIJAS témoigne ses sentiments de reconnaissance, de respect et d’admiration.
Par ma voix, l’AAPIJAS réaffirme sa volonté de lutter contre toutes les formes d’exclusion et de stigmatisation. Elle s’engage à se battre aux côtés des femmes en général et celles handicapées en particulier pour leur permettre de prendre toute leur part au développement de notre nation. Elever la femme à sa juste valeur, la considérer avec ses forces et ses faiblesses, c’est l’honorer fort justement. C’est ce que l’on doit à tout humain.
Ce huit mars 2012 revêt un caractère spécial du fait de sa coïncidence avec l’élection présidentielle. C’est le moment pour les candidats admis au second tour de faire un bilan global des politiques mises en place pour répondre aux préoccupations des femmes et d’ouvrir de nouvelles perspectives. En ce sens, l’AAPIJAS souhaite que cette journée soit génératrice de mesures visant à améliorer le sort de la femme en général, et handicapée en particulier qui souffre tant de l'oubli dont elle fait l'objet.
La prise en charge du handicap reste problématique au Sénégal, de sur croît celle des femmes handicapées. En témoigne leur sous-représentativité dans l’éducation, la formation, l’emploi et tous les autres secteurs de la vie publique.
Faudrait-il le rappeler, il y a de cela trente ans que l’institut national d’éducation et de formation des jeunes aveugles a ouvert ses portes. Garçons et filles aveugles pouvaient ainsi réaliser leur rêve républicain d’être scolarisés et d’espérer un avenir meilleur. Malgré ses trente ans d’existence, l’INEFJA n’a pu former que deux bachelières. L’insuffisance d’un tel résultat invite à repenser l’accompagnement des jeunes filles non voyantes. Il nous semble d’une urgente nécessité d’aller dans le sens d’un encadrement qui prenne mieux en compte leur féminité et les spécificités de leur handicap.
A cet effet, l’AAPIJAS propose l’affectation d’un personnel qualifié spécialisé dans l’écoute et l’encadrement des jeunes filles à l’INEFJA. Elle souhaite également l’introduction dans les écoles de formation des instituteurs (EFI), d’un module de psychologie du handicap en général, mais aussi une pédagogie spécifique dans l’encadrement et la scolarisation des jeunes aveugles en particulier. Ces différentes mesures permettront d’améliorer considérablement le niveau d’étude des filles aveugles ; et leurs résultats scolaires ne s’en porteront que mieux.
Mais quelle que soit la pertinence des mesures préconisées, une scolarisation efficiente ne saurait se réaliser que dans un environnement social propice.
Les jeunes filles aveugles n’ont pas souvent l’encadrement nécessaire leur permettant de vaincre leur handicap et de s’intégrer dans leur environnement social.
Nous appelons solennellement les autorités politiques et administratives à prendre des mesures urgentes afin d’améliorer la prise en charge des filles handicapées. Cette prise en charge passe également par une sensibilisation de la famille, des acteurs de la petite enfance, de l’éducation et du monde de l’emploi. Nous appelons les associations de femmes, de personnes handicapées, de même que toutes celles qui luttent contre les discriminations, à ne ménager aucun effort pour une parfaite intégration sociale des femmes handicapées. Elles sont des citoyennes à part entière, non pas des citoyennes entièrement à part.
Le président

M. DIOUF Cheikh Saad-bouh
Tél. 00 33 645 67 78 98
E-mail: sadibou2005@hotmail.fr