Independence day of the Gambia (par ​Abdoulaye THIAM)


Alors que le monde entier n’est pas encore totalement remis du coup de massue que François Hollande lui a asséné en jetant l’éponge pour la prochaine présidentielle, après seulement un mandat, fait inédit dans la 5ème République, le peuple gambien vient de rajouter à la surprise. 

En effet, les Gambiens se sont révoltés par les urnes contre l’autocrate, Yaya Jammeh, en élisant le leader de l’opposition, Adama Barrow. Ce qui a mis fin aux 22 ans de règne sans partage du président Jammeh, venu au pouvoir à la suite d’un coup d’état, en 1994.

Le Chef de l’opposition a obtenu 45,5% des voix contre 36,6% pour M. Jammeh, selon le président de la Commission électorale indépendante, Alieu Momar Njie qui a donné cette information aux médias, sur place, à Banjul. Non sans marquer son étonnement. 

«Il est vraiment exceptionnel que quelqu'un qui a dirigé le pays aussi longtemps ait accepté sa défaite», s’est réjoui M. Njie. L’étonnement de ce dernier s’explique par les différents coups force et les mascarades électorales que le désormais ex homme fort de Banjul avait habitué à son pays, à l’Afrique et au monde entier. Le jour de l’élection déjà, Jammeh, très sûr de réussir son coup comme à l’accoutumée, annonçait que «par la grâce de Dieu Tout-Puissant, ce sera le plus grand raz-de-marée de l’histoire de mes élections dans ce pays». Mais le verdict des urnes a démontré le contraire. Le peuple lui a dit non !  

Las d’être opprimés, torturés, réduits en esclaves, les Gambiens ont rempli les billes dans les bidons gris de Barrow, boudant ainsi, ceux aux couleurs vertes du tyran. Fini l’extravagance d’un homme qui se prenait comme un demi-Dieu, chahutant l’image de l’Afrique avec ses éternels boubous immaculés et ses lunettes noires qui cachent les yeux d’un dictateur sanguinaire, avec son régime de terreur. 

Ses mains toujours occupées par un Coran et un sceptre, Yaya Jammeh se vantait de pouvoir guérir le cancer et même le sida.  Diantre !

Véritable pourfendeur de la paix en Casamance, Jammeh a toujours utilisé son pays comme une base arrière des rebelles du mouvement irrédentiste du MFDC. Soufflant le chaud et le froid, selon ses humeurs et ses intérêts du moment, il a pendant plusieurs années était un facteur bloquant de cette paix tant recherchée dans cette partie du Sénégal. 

Sa dernière chaude humeur a été sa décision unilatérale de faire passer le prix de la tonne au passage à la frontière, initialement de 4000 à 400 mille FCfa. Ce qui avait débouché au blocus de la transgambienne pendant plusieurs mois. 

Mais face à l’intransigeance de la partie sénégalaise, il finira par capituler. Jammeh, c’est aussi l’exil forcé des opposants. Sans occulter le trafic du bois de vène dont il était devenu un des saigneurs. Ses exportations vers la Chine, avec sa forêt totalement décimée, avait fini par déclencher une enquête d’Interpol.

Autant dire que la défaite de Jammeh ne peut aucunement déplaire à Dakar. Encore moins, à l’Afrique. Reste juste à savoir s’il acceptera de périr par les urnes afin de démentir l’adage qui voudra que «celui qui règne par les armes, périsse par les armes». La balle est dans son camp. Parce que personne ne peut gouverner contre la volonté de son peuple. D’ailleurs, le président angolais José Eduardo dos Santos, au pouvoir depuis trente-sept ans, l’a compris. Il ne sera pas candidat à un nouveau mandat à la tête du pays lors des élections générales de 2017, a annoncé hier, soir la radio officielle. C’est le début de la fin des régimes des terreurs. Gare à celui qui ne saura pas décrypter le message. 

Abdoulaye THIAM
Samedi 3 Décembre 2016




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