Incroyable mais vrai : Les faussaires avaient un centre d’état civil, un commissariat et un Palais de Justice

Le 28 octobre 2015, les éléments du Poste de Police de Grand-Dakar ont été requis par le maire de la localité relativement au fait qu’une dame s’est présentée au centre d’état civil avec un faux extrait de naissance pour se faire délivrer une nouvelle.
Sur place, les policiers ont interpellé la dame, Maman Alimatou Kamara, enseignante qui détenait un faux extrait de naissance de son fils, M. Al. Coly, portant la signature et le sceau de l’officier d’état civil. Interrogée sur la provenance dudit document, elle a déclaré l’avoir acquis auprès de son oncle, Kaoussou Sonko.
En effet, elle a informé qu’elle souhaitait obtenir un jugement pour son fils. C’est alors qu’elle s’en est ouverte à son oncle qui lui a remis, quelques jours plus tard, ledit document. Interpellé, le sieur Kaoussou Sonko, brigadier chef de la Police à la retraite, a reconnu les faits. Il a renseigné, selon les informations de Libération, que sa nièce voulait avoir un jugement pour son fils. C’est alors qu’il en a parlé au nommé Mor Talla Faye, ex agent de la mairie de Dakar. Il a soutenu qu’il croyait que ce dernier allait suivre la procédure normale pour établir un jugement.
En sa compagnie et sur ces indications, un transport a été effectué à Pikine où les nommés Souleymane Fall et Mor Tall Faye ont été interpellés dans leur chambre.
Dans leur chambre, il a été trouvé tout un arsenal de faussaires : 27 sceaux de Centre d’Etat Civil (Bonconto, Niomré, Touba Mosquée, Matam, Yeumbeul nord, Podor, Tambacounda, Vélingara, Kounkané, Sédhiou, Gamadji Sarré, Centre principal de Dakar, Kaolack, Ziguinchor...), un cachet de matérialisation de signature, un cachet de légalisation de documents, un cachet de la direction générale de la Sûreté Nationale, 17 cachets nominatifs, 17 livrets de famille, 20 certificats de mariage constatés vierges, 16 bulletins de décès vierges, 04 copies littérales d’acte de naissance vierges, 75 extraits de naissance remplis portant des cachets de différents états civils, 23 copies de carte nationale d’identité, 47 extraits de naissance vierges, 01 jugement annulant un acte de naissance délivré par le tribunal départemental de Mbacké portant une signature et le sceau du juge Mouhammadou Moustapha Sarr, 29 certificats de célibat vierges, 4 de certificats de vie individuel vierges, 35 certificats de vie collective, 07 encriers, 03 dateuses et une centaine de documents d’acte d’état civil de divers catégories...
Interrogés, ils ont reconnu sans ambages être des faussaires, spécialistes dans la confection d’acte d’état civil de tous genres. Ils ont aussi reconnu avoir confectionné ce faux extrait de naissance ainsi que d’autres en utilisant les sceaux des différents officiers d’état civil trouvés sur les lieux. Ils ont ajouté qu’ils délivraient également de faux jugement du tribunal en imitant les signatures des juges.
Ils avaient installé chez eux à la fois un centre d’état civil, un commissariat de Police et un Palais de Justice...
Par contre, ils ont tenu à préciser que le sieur Sonko se chargeait de la légalisation des faux documents et c’est lui qui a amené les cachets de la police qu’il a volés dans les différents services qu’il a eu à fréquenter lorsqu’il était en fonction.
Au terme de leur garde à vue, ils ont tous été déférés ce jour au parquet pour Association de malfaiteurs, faux et usage de faux sur un document administratif, faux en écritures publiques authentiques, contrefaçon du sceau de l’Etat.