J’avais le bonheur et la chance, d’avoir eu un entretien avec Amadou Makhtar Mbow en décembre 2022, sur son apport à la Conference des ministres de l’éducation des États et gouvernements francophonie, créée en février 1960.
Il me dit d’emblée dés qu’il me serra la main, Kalidou je te donne l’occasion de voir un centenaire plus 2 ans presque, ce qui est une façon de prier pour toi et de montrer la considération que j’ai pour mon cadet ancien ministre de l’éducation nationale, historien et syndicaliste comme moi.
C’était dans le cadre d’un projet d’écriture d’une brochure sur l’histoire de la CONFEMEN et l’élaboration d’un documentaire sur la première organisation francophone, que je menais à l’époque.
C’est avec une lucidité et une aisance incroyables qu’il a non seulement répondu aux questions mais aussi à rappelé des souvenirs anecdotiques très instructifs démontrant le patriote qu’il a toujours été, l’éternel combattant de la cause et de la culture africaine durant toute sa vie de militant engagé. Il a rappelé que c’est avec lui, directeur général de l’Unesco que la convention de coopération entre les deux structures a été signé, allant jusqu’à se souvenir de l’année 1980! ( effectivement signée le 15 frvier 1980)
J’ai aussi eu l’occasion de visiter l’appartement dans l’immeuble de l’Unesco abritant des bureaux aujourd’hui dans lequel il logeait avec sa famille pour éviter des dépenses à l’Unesco pour son logement de directeur général. Quelle simplicité et quel engagement; voilà une façon extraordinaire de réduire le train de vie l’institution qui n’était pas aussi nécessaire pourtant. Mais pour lui, la priorité c’est bien ailleurs comme par exemple la publication de tous les ouvrages de l’histoire générale de l’Afrique. Comme par hasard une nos compatriotes a son bureau dans l’appartement où Amadou Makhtar Mbow a habité de 1974 à 1987 en tant que Directeur général de l’Unesco non loin d’un autre historien sénégalais, actuel directeur des Archives de l’institution.
C’est cet homme de dimension universelle, polyglotte et encyclopédiste dont la deuxième université de Dakar située à Diamniadio porte le nom qui vient de nous quitter ce 24 septembre 2024 à l’ âge de 103 ans.
Il est né le 20 mars 1921 à Louga avec des grands parents originaires de Belinaibe Mbayla au Fouta Tooro. Après l’école coranique, le certificat d’étude et l’école commerciale, il est mobilisé pour la Deuxième guerre mondiale en 1939. À la fin de celle ci, il obtient son bac et s’inscrit à La Sorbonne. Il fut président de l’association des étudiants Africains de Paris (1948-1951) et aussi président puis secrétaire général de l’a fédération des étudiants noire en France ( 1950-1951). Après son CAPES en histoire et géographie, il rentre au Sénégal et fut affecté au collège de Rosso Mauritanie en 1951. Affecté au Sénégal, il crée et dirige le service de l’éducation de Base au Sénégal avec des expériences à Badiana en Casamance, à Dembakané sur la vallée du fleuve Sénégal, à Gaya sur le delta du fleuve, à Sénoudebou dans le Boundou, entre autres. Ses articles sur ces expériences sont publiés dans la revue Education africaine. Nommé professeur au lycée Faidherbe de Saint-Louis, il est membre fondateur du Syndicat unique de l’enseignement laic Sénégal-Mauritanie ( SUEL), responsable national au niveau de la commission administrative (CA). Promu ministre de l’éducation nationale du premier gouvettrnement de la loi cadre de juin y1956, il démissionne après avoir voté Non au référendum de 1958, quitte l’union Progressiste sénégalaise (UPS) et crée en compagnie de ses amis Assane Seck et Abdoulaye Ly entre autres, le PRA Sénégal. Il reste dans l’opposition jusqu’en 1966 en retournant dans les classes, craie en main au lycée Faidherbe, puis à l’école normale supérieure de Dakar comme professeur d’histoire et géographie. Il crée l’Assocition des professeurs d’HIstoire et géographie et devint le Premier président. Il contribue ainsi à la réforme des programmes d’histoire et géographie en 1965 pour l’Afrique francophone et Madagascar et publie successivement 3 manuels d’histoire en 6e, 5e et sur l’esclavage au 17e et 19e siècle.
Il est de nouveau nommé ministre de l’éducation nationale de 1966 à 1968, ministre de la culture, de la jeunesse et du sport de 1968 à 1970 et en même président de la commission Unesco et membre du comité exécutif de l’Unesco pour le Sénégal puis président de la sous commission Éducation de l’Unesco avant d’être élu directeur général de l’Unesco de 1974 à 1987. Amadou Mokhtar Mbow fut aussi le Président des Assises nationales du Sénégal, ouvertes le 1e juin 2008.
Il est Docteur honoris causa d’une centaine d’universités médaillé d’or, Commandeur et membre d’Académie de plusieurs institutions de renommée internationale.
Mes condoléances à sa famille à sa veuve, mon frère le ministre Amadou Kane et son épouse Mme Kane Awa Mbow
Le patriarche a rempli sa mission après une vie de dévouement à la République, à l'UNESCO et à l’humanité
Prions pour que cette vie pleine e de lumière éclaire les chemins de notre peuple pour un commun vouloir vivre ensemble dans l’unité, la diversité et la paix
Que Dieu, le Miséricordieux l'accueille au paradis Paradis.
Kalidou Diallo
Ancien ministre de l’éducation nationale du Sénégal et ancien président de la commission unesco pour le Senegal
Ancien Président de la Conférence des ministres de l’Éducation nationale des pays et gouvernements de la francophonie (CONFEMEN)
Nancy CHRU Brabois, le 24-9-2024
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