François Hollande, selon la formule consacrée, a donc « envisagé de nommer » Laurent Fabius à la présidence du Conseil constitutionnel. Sans grande surprise, l’hypothèse, qui circulait depuis des mois, a bel et bien pris corps ce mercredi 10 février. L’annonce, faite par le chef de l’Etat pendant le conseil des ministres, met fin à un vrai-faux suspense politique, Laurent Fabius ayant savamment préservé jusqu’au bout le mystère, et ayant lui-même confirmé son départ du Quai d’Orsay, mercredi matin, avant le conseil des ministres. Mais elle ne met pour autant pas fin immédiatement à la carrière ministérielle de M. Fabius, comme l’a précisé Stéphane Le Foll, le porte-parole du gouvernement, quelques minutes après le conseil des ministres : « Tant que Laurent Fabius n’a pas passé l’ensemble des auditions dans les commissions de l’Assemblée nationale et du Sénat, il reste ministre de ce gouvernement. Il ira [devant] ces différentes commissions la semaine prochaine. » Quelques heures plus tôt, à l’orée de cette matinée marquée par une communication particulièrement brouillonne au sommet de l’Etat, Laurent Fabius avait par ailleurs indiqué lui-même qu’il continuerait à assurer la présidence de la COP21 jusqu’à la fin de l’année.
A peine désigné candidat, à l’automne 2011, M. Hollande avait tout de suite traité avec beaucoup d’égards Laurent Fabius, confiant la responsabilité des affaires internationales à celui qui fut sans conteste pendant une décennie son pire ennemi au sein du Parti socialiste, lui.
Elu à l’Elysée, il l’avait installé à un rang protocolaire de choix, le nommant numéro deux du gouvernement. Avec une place à part dans le dispositif, qui ne tenait pas qu’à la seule spécificité de sa matière ministérielle. En l’exfiltrant vers le Conseil constitutionnel, dont M. Fabius devient le dixième président, le chef de l’Etat continue de « traiter » l’un de ceux avec qui il lutta longtemps pour le leadership Rue de Solferino, dont il considère que son intégration pleine et entière dans le dispositif de l’exécutif était une nécessité politique, destinée à étouffer tout risque de contestation de sa part. Rue Montpensier, Laurent Fabius retrouvera un vieil ennemi, ancien premier ministre lui aussi, Lionel Jospin, ainsi qu’un ex-président, Valéry Giscard d’Estaing.
La diplomatie fabiusienne, en particulier la conduite de la COP21, ne demeurera pas comme le point le plus négatif dans le bilan du quinquennat Hollande. Même si les méthodes de l’ancien patron du quai furent souvent impitoyables. « Au sein du ministère, Fabius a incontestablement marqué de son empreinte. Mais son comportement, souvent médiéval, a parfois choqué, avec la mainmise sur des nominations pas toujours heureuses et parfois arbitraires, le remplacement de la quasi-totalité des directeurs après son arrivée, et une conception de la vassalité de l’administration, qui doit être totalement inféodée à sa personne », résume une source diplomatique.
Quant à la relation avec le président du ministre lui-même, ce dernier s’est facialement montré parfaitement loyal et n’a jamais eu la moindre expression susceptible de gêner le président. Même s’il n’en pense pas moins. Un conseiller ministériel nuance : « Fabius, habité par une frustration présidentielle, n’a jamais été d’une loyauté totale à l’égard de Hollande. Il a surtout travaillé pour lui. Il est toujours travaillé, au crépuscule de sa vie, par la frustration de n’avoir pas été président. » « L’homme qui rêvait d’être président » (c’est le titre d’un livre à lui consacré par Jean-Michel Helvig chez Robert Laffont en 2006) depuis si longtemps, et qui avait finalement renoncé en 2010, n’en avait pas moins conservé une amertume politique certaine…
Le départ du numéro deux du gouvernement, clé de voûte du remaniement, enclenche donc officiellement ce dernier, qui devrait intervenir dans les prochaines heures. Le remplacement de M. Fabius au quai d’Orsay en constitue la pierre angulaire. Beaucoup de noms, ces dernières semaines, ont circulé : l’ancien ministre des affaires étrangères et secrétaire général de l’Elysée Hubert Védrine, l’ancienne ministre des affaires européennes Elisabeth Guigou, le secrétaire d’Etat au commerce extérieur Matthias Fekl, le ministre des finances Michel Sapin, l’ancien premier ministre Jean-Marc Ayrault et la ministre de l’environnement Ségolène Royal. Une première équation à multiples inconnues, dont découlera la suite du jeu de chaises ministérielles. Commentaire d’un conseiller : « On est dans le labyrinthe hollandais, dont peu de personnes ont la clé. »
Deux autres membres du Conseil constitutionnel doivent par ailleurs être nommés, sous réserve de validation par les commissions parlementaires compétentes. Il s’agit de Michel Pinault, président de section honoraire au Conseil d’Etat, proposé mercredi midi par le président du Sénat Gérard Larcher dans la foulée de l’annonce de la nomination de M. Fabius ; et de Corinne Luquiens, secrétaire générale de l’Assemblée nationale, proposée par Claude Bartolone.
Le Monde.fr
A peine désigné candidat, à l’automne 2011, M. Hollande avait tout de suite traité avec beaucoup d’égards Laurent Fabius, confiant la responsabilité des affaires internationales à celui qui fut sans conteste pendant une décennie son pire ennemi au sein du Parti socialiste, lui.
Elu à l’Elysée, il l’avait installé à un rang protocolaire de choix, le nommant numéro deux du gouvernement. Avec une place à part dans le dispositif, qui ne tenait pas qu’à la seule spécificité de sa matière ministérielle. En l’exfiltrant vers le Conseil constitutionnel, dont M. Fabius devient le dixième président, le chef de l’Etat continue de « traiter » l’un de ceux avec qui il lutta longtemps pour le leadership Rue de Solferino, dont il considère que son intégration pleine et entière dans le dispositif de l’exécutif était une nécessité politique, destinée à étouffer tout risque de contestation de sa part. Rue Montpensier, Laurent Fabius retrouvera un vieil ennemi, ancien premier ministre lui aussi, Lionel Jospin, ainsi qu’un ex-président, Valéry Giscard d’Estaing.
La diplomatie fabiusienne, en particulier la conduite de la COP21, ne demeurera pas comme le point le plus négatif dans le bilan du quinquennat Hollande. Même si les méthodes de l’ancien patron du quai furent souvent impitoyables. « Au sein du ministère, Fabius a incontestablement marqué de son empreinte. Mais son comportement, souvent médiéval, a parfois choqué, avec la mainmise sur des nominations pas toujours heureuses et parfois arbitraires, le remplacement de la quasi-totalité des directeurs après son arrivée, et une conception de la vassalité de l’administration, qui doit être totalement inféodée à sa personne », résume une source diplomatique.
Quant à la relation avec le président du ministre lui-même, ce dernier s’est facialement montré parfaitement loyal et n’a jamais eu la moindre expression susceptible de gêner le président. Même s’il n’en pense pas moins. Un conseiller ministériel nuance : « Fabius, habité par une frustration présidentielle, n’a jamais été d’une loyauté totale à l’égard de Hollande. Il a surtout travaillé pour lui. Il est toujours travaillé, au crépuscule de sa vie, par la frustration de n’avoir pas été président. » « L’homme qui rêvait d’être président » (c’est le titre d’un livre à lui consacré par Jean-Michel Helvig chez Robert Laffont en 2006) depuis si longtemps, et qui avait finalement renoncé en 2010, n’en avait pas moins conservé une amertume politique certaine…
Le départ du numéro deux du gouvernement, clé de voûte du remaniement, enclenche donc officiellement ce dernier, qui devrait intervenir dans les prochaines heures. Le remplacement de M. Fabius au quai d’Orsay en constitue la pierre angulaire. Beaucoup de noms, ces dernières semaines, ont circulé : l’ancien ministre des affaires étrangères et secrétaire général de l’Elysée Hubert Védrine, l’ancienne ministre des affaires européennes Elisabeth Guigou, le secrétaire d’Etat au commerce extérieur Matthias Fekl, le ministre des finances Michel Sapin, l’ancien premier ministre Jean-Marc Ayrault et la ministre de l’environnement Ségolène Royal. Une première équation à multiples inconnues, dont découlera la suite du jeu de chaises ministérielles. Commentaire d’un conseiller : « On est dans le labyrinthe hollandais, dont peu de personnes ont la clé. »
Deux autres membres du Conseil constitutionnel doivent par ailleurs être nommés, sous réserve de validation par les commissions parlementaires compétentes. Il s’agit de Michel Pinault, président de section honoraire au Conseil d’Etat, proposé mercredi midi par le président du Sénat Gérard Larcher dans la foulée de l’annonce de la nomination de M. Fabius ; et de Corinne Luquiens, secrétaire générale de l’Assemblée nationale, proposée par Claude Bartolone.
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