Nul doute, le président de la République français, Emmanuel Macron, est un sujet brillant. Normal, on n’accède pas aux éminentes fonctions qui sont les siennes — en brûlant la politesse et en coiffant au poteau des hommes et des femmes politiques chevronnés — lorsqu’on est un cancre ! En même temps, une expression qu’il affectionne, paraît-il, il maîtrise à merveille cette très belle et riche langue française qui est sa locution maternelle. Il sait ce que les mots veulent dire et nous n’avons pas la prétention de lui enseigner une langue qui est la sienne et que nous, locuteurs francophones, ne faisons qu’emprunter. Mais quand même… Car, sauf à nous prendre
pour des idiots — ou à croire que nous ne comprenons pas français —, ce qu’il a dit cette semaine à propos des événements de lundi au Mali, c’est du grand n’importe quoi si ce n’est du foutage de gueule. En effet, le brillantissime Emmanuel Macron a déclaré qu’il y a eu un « coup d’Etat dans un coup d’Etat au Mali ». Pardon ? Oui, vous avez bien lu ! En reprenant le contrôle de la transition suite au coup d’Etat qu’ils ont perpétré en août dernier contre l’alors président légitime, car démocratiquement élu, Ibrahim Boubacar Keïta, la junte du colonel Khassimi Ghoïta, homme fort du Mali depuis lors, se serait donc fait un coup d’Etat à elle-même. Ce qui s’est passé lundi, on le sait : la junte a fait arrêter le président de la transition, Ba Ndaw, et le Premier ministre Moctar Ouane. Lesquels ont cru devoir effectuer tout seuls comme des grands un remaniement ministériel sans se concerter avec les membres de la junte qui les ont fait rois et sans même aviser le colonel Ghoïta ! Plus grave, dans leur gouvernement
mort-né, ils ont même limogé les deux représentants de la junte dans l’équipe sortante avant d’attribuer les portefeuilles qu’ils détenaient à des généraux de leur choix n’ayant évidemment pas pris part au putsch d’août dernier. Or, ces deux portefeuilles ministériels, en vertu de la charte de la Transition, reviennent de droit à la junte. Laquelle n’a non seulement pas été consultée avant ce remaniement,
mais encore a vu « ses » ministères attribués à d’autres militaires dont la seule qualité, dans le cas d’espèce, est d’être des proches de Ba Ndaw et de Moctar Ouane. Ces deux sont des bénis des dieux, deux bienheureux qui ont vu une aubaine tomber du Ciel sur eux sous la forme des augustes fonctions de président de la République et de Premier ministre. Ce alors qu’ils n’ont participé à aucune élection, n’ont bénéficié d’aucun suffrage des populations, leur seule légitimité, si l’on peut appeler ça ainsi, procédant du choix porté par les officiers putschistes sur eux. Ou alors de la validation par ces derniers du choix porté sur eux par divers acteurs de la transition. Et voilà que, plutôt que de se concerter sur tous les points avec ceux qui les ont fait rois, à tout le moins de les informer des actes qu’ils posent, ils s’enhardissent et entreprennent de s’émanciper vis-à-vis d’eux. Pis : de prendre des décisions à leur place et contre eux ! En chassant notamment du Gouvernement les représentants de cette même junte qui a fait le coup d’Etat du gouvernement. Dans ces conditions, évidemment, on aimerait que le président Macron explique aux Nègres africains que nous sommes et qui ne comprennent pas les innombrables subtilités de la langue française, qui a voulu organiser un coup d’Etat au Mali lundi dernier. Car, à ce qu’on sache, le colonel Ghoïta et ses camarades n’ont jamais perdu le pouvoir conquis en août dernier.
La tentative de coup d’Etat civil de Ba Ndaw contre la Junte
En revanche, c’est plutôt le duo Ba Ndaw-Moctar Ouane qui a voulu éjecter la junte du pouvoir avec le soutien de certaines puissances…parmi lesquelles nous n’oserons pas citer la France ! Des puissances qui, elles, rêvaient bel et bien de faire un coup d’Etat dans le but de réaliser une Restauration ! Autrement dit, de ramener l’indolent — pour rester poli et ne pas parler de roi fainéant — président IBK au pouvoir. On le sait, la révolution dévore ses enfants comme l’Histoire nous en a donné des exemples à foison à commencer sans doute par la plus illustre d’entre elles, la Révolution française de 1789 qui a vu les ténors comme Robespierre, Danton, Marat, Mirabeau, Saint-Just et autres se faire éliminer un à un. Plus près de nous dans le temps et géographiquement, on sait aussi — même s’il ne s’agissait pas à proprement parler d’une révolution — comment les camarades ou frères d’armes qui avaient pris le pouvoir en Haute Volta, devenu Burkina Faso, se sont entretués si bien qu’à la fin seul Blaise Compaoré a survécu. Sankara, Lingani et Zongo ayant été expédiés ad patres. Durant nos années étudiantes, nous avons eu l’occasion de lire « Révolution dans la Révolution ? », le bouquin de Régis Debray, ce jeune homme français issu de la bourgeoisie qui était allé combattre avec les mouvements de guérilla d’Amérique latine. Un bouquin dont le titre a sans doute inspiré Emmanuel Macron cette semaine. Mal inspiré devrions-nous dire car, non, il n’y a pas eu de coup d’Etat dans un coup d’Etat au Mali et qui aurait été perpétré par le colonel Khassimi Ghoïta et ses compagnons. Ce qu’il y a eu plutôt, c’est un contrecoup d’Etat civil (avec le soutien de la France !) qui a échoué. Selon notre compréhension du français, nous qui avons été allaités aux mamelles des français de tirailleurs, c’est cela qui s’est produit lundi dernier au Mali. Bien évidemment, on s’en voudrait de contredire le brillantissime président Emmanuel Macron sur un sujet et une langue qu’il maîtrise mille fois mieux que les profanes et les analphabètes que nous sommes !
Mamadou Oumar NDIAYE
« Le Témoin » quotidien
PS : Emmanuel Macron, usant de sa position de principal contributeur au budget de l’organisation internationale de la Francophone (OIF), a imposé la Rwandaise Louise Mushikiwabo, au poste de secrétaire générale. Des chefs d’Etat, en particulier du pré carré, ont renâclé mais le président français n’en a eu cure : qui paye, commande ! Et puis, on ne sait trop comment, mais cet homme semble avoir le complexe du dictateur rwandais Paul Kagamé. En tout cas, on a vu une chose bizarre hier à Kigali, lors de la visite de Macron : à son discours en français, Kagamé a répondu par une allocution…en anglais ! Magnifique pied-de-nez après avoir réussi à placer son ancienne ministre des Affaires étrangères à la tête de l’OIF/. Comme quoi, le français, il n’en a rien à cirer…
pour des idiots — ou à croire que nous ne comprenons pas français —, ce qu’il a dit cette semaine à propos des événements de lundi au Mali, c’est du grand n’importe quoi si ce n’est du foutage de gueule. En effet, le brillantissime Emmanuel Macron a déclaré qu’il y a eu un « coup d’Etat dans un coup d’Etat au Mali ». Pardon ? Oui, vous avez bien lu ! En reprenant le contrôle de la transition suite au coup d’Etat qu’ils ont perpétré en août dernier contre l’alors président légitime, car démocratiquement élu, Ibrahim Boubacar Keïta, la junte du colonel Khassimi Ghoïta, homme fort du Mali depuis lors, se serait donc fait un coup d’Etat à elle-même. Ce qui s’est passé lundi, on le sait : la junte a fait arrêter le président de la transition, Ba Ndaw, et le Premier ministre Moctar Ouane. Lesquels ont cru devoir effectuer tout seuls comme des grands un remaniement ministériel sans se concerter avec les membres de la junte qui les ont fait rois et sans même aviser le colonel Ghoïta ! Plus grave, dans leur gouvernement
mort-né, ils ont même limogé les deux représentants de la junte dans l’équipe sortante avant d’attribuer les portefeuilles qu’ils détenaient à des généraux de leur choix n’ayant évidemment pas pris part au putsch d’août dernier. Or, ces deux portefeuilles ministériels, en vertu de la charte de la Transition, reviennent de droit à la junte. Laquelle n’a non seulement pas été consultée avant ce remaniement,
mais encore a vu « ses » ministères attribués à d’autres militaires dont la seule qualité, dans le cas d’espèce, est d’être des proches de Ba Ndaw et de Moctar Ouane. Ces deux sont des bénis des dieux, deux bienheureux qui ont vu une aubaine tomber du Ciel sur eux sous la forme des augustes fonctions de président de la République et de Premier ministre. Ce alors qu’ils n’ont participé à aucune élection, n’ont bénéficié d’aucun suffrage des populations, leur seule légitimité, si l’on peut appeler ça ainsi, procédant du choix porté par les officiers putschistes sur eux. Ou alors de la validation par ces derniers du choix porté sur eux par divers acteurs de la transition. Et voilà que, plutôt que de se concerter sur tous les points avec ceux qui les ont fait rois, à tout le moins de les informer des actes qu’ils posent, ils s’enhardissent et entreprennent de s’émanciper vis-à-vis d’eux. Pis : de prendre des décisions à leur place et contre eux ! En chassant notamment du Gouvernement les représentants de cette même junte qui a fait le coup d’Etat du gouvernement. Dans ces conditions, évidemment, on aimerait que le président Macron explique aux Nègres africains que nous sommes et qui ne comprennent pas les innombrables subtilités de la langue française, qui a voulu organiser un coup d’Etat au Mali lundi dernier. Car, à ce qu’on sache, le colonel Ghoïta et ses camarades n’ont jamais perdu le pouvoir conquis en août dernier.
La tentative de coup d’Etat civil de Ba Ndaw contre la Junte
En revanche, c’est plutôt le duo Ba Ndaw-Moctar Ouane qui a voulu éjecter la junte du pouvoir avec le soutien de certaines puissances…parmi lesquelles nous n’oserons pas citer la France ! Des puissances qui, elles, rêvaient bel et bien de faire un coup d’Etat dans le but de réaliser une Restauration ! Autrement dit, de ramener l’indolent — pour rester poli et ne pas parler de roi fainéant — président IBK au pouvoir. On le sait, la révolution dévore ses enfants comme l’Histoire nous en a donné des exemples à foison à commencer sans doute par la plus illustre d’entre elles, la Révolution française de 1789 qui a vu les ténors comme Robespierre, Danton, Marat, Mirabeau, Saint-Just et autres se faire éliminer un à un. Plus près de nous dans le temps et géographiquement, on sait aussi — même s’il ne s’agissait pas à proprement parler d’une révolution — comment les camarades ou frères d’armes qui avaient pris le pouvoir en Haute Volta, devenu Burkina Faso, se sont entretués si bien qu’à la fin seul Blaise Compaoré a survécu. Sankara, Lingani et Zongo ayant été expédiés ad patres. Durant nos années étudiantes, nous avons eu l’occasion de lire « Révolution dans la Révolution ? », le bouquin de Régis Debray, ce jeune homme français issu de la bourgeoisie qui était allé combattre avec les mouvements de guérilla d’Amérique latine. Un bouquin dont le titre a sans doute inspiré Emmanuel Macron cette semaine. Mal inspiré devrions-nous dire car, non, il n’y a pas eu de coup d’Etat dans un coup d’Etat au Mali et qui aurait été perpétré par le colonel Khassimi Ghoïta et ses compagnons. Ce qu’il y a eu plutôt, c’est un contrecoup d’Etat civil (avec le soutien de la France !) qui a échoué. Selon notre compréhension du français, nous qui avons été allaités aux mamelles des français de tirailleurs, c’est cela qui s’est produit lundi dernier au Mali. Bien évidemment, on s’en voudrait de contredire le brillantissime président Emmanuel Macron sur un sujet et une langue qu’il maîtrise mille fois mieux que les profanes et les analphabètes que nous sommes !
Mamadou Oumar NDIAYE
« Le Témoin » quotidien
PS : Emmanuel Macron, usant de sa position de principal contributeur au budget de l’organisation internationale de la Francophone (OIF), a imposé la Rwandaise Louise Mushikiwabo, au poste de secrétaire générale. Des chefs d’Etat, en particulier du pré carré, ont renâclé mais le président français n’en a eu cure : qui paye, commande ! Et puis, on ne sait trop comment, mais cet homme semble avoir le complexe du dictateur rwandais Paul Kagamé. En tout cas, on a vu une chose bizarre hier à Kigali, lors de la visite de Macron : à son discours en français, Kagamé a répondu par une allocution…en anglais ! Magnifique pied-de-nez après avoir réussi à placer son ancienne ministre des Affaires étrangères à la tête de l’OIF/. Comme quoi, le français, il n’en a rien à cirer…
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