Se faire passer pour un agent des douanes, organiser une vente aux enchères fictive et soutirer trois millions de FCFA à des victimes naïves : telle est l’accusation portée contre Martinel Loko, un étudiant congolais, jugé hier devant le Tribunal des flagrants délits de Dakar. L’Observateur, qui relate cette affaire rocambolesque, dévoile les dessous d’une escroquerie bien ficelée, mais qui pourrait coûter cher à son auteur.
Une arnaque numérique bien rodée
Tout commence avec une annonce diffusée sur les réseaux sociaux, prétendant organiser une vente aux enchères de véhicules saisis par la Douane sénégalaise. L’auteur de cette publication promettait aux intéressés des véhicules à prix cassés, à condition de verser un droit d’accès de 100 000 FCFA. Séduites par cette offre alléchante, de nombreuses victimes ont rapidement délié les cordons de leur bourse, espérant réaliser de bonnes affaires.
Pendant plusieurs semaines, Martinel Loko a reçu des fonds à raison de quinze envois par jour, atteignant un total de trois millions de FCFA, selon les déclarations faites devant le tribunal. Les victimes, croyant traiter avec un organisme fiable, versaient des sommes allant de 150 000 à 600 000 FCFA pour “réserver” des véhicules. Mais une fois l’argent encaissé, l’escroc coupait tout contact.
Des victimes en quête de justice
À la barre, trois des victimes – Mamadou Diokhané, Mamadou Saliou Diallo et Sophie Dione – ont témoigné de leur mésaventure. Mamadou Diokhané a expliqué avoir perdu 500 000 FCFA, tandis que Mamadou Saliou Diallo et Sophie Dione ont respectivement versé 600 000 et 150 000 FCFA. Tous racontent une histoire similaire : des promesses alléchantes, des paiements urgents et, finalement, un silence radio de la part du pseudo-douanier.
Une défense fragile
Face à ces accusations, Martinel Loko a tenté de se dédouaner en accusant un mystérieux complice. Selon ses dires, un certain “Arthur”, qu’il aurait connu par l’intermédiaire d’une ex-petite amie ivoirienne, serait le véritable cerveau de l’opération. Arthur lui aurait fourni 10 000 FCFA pour acheter un téléphone et une carte SIM, avant de lui demander de recevoir et de transférer les fonds. « Je ne faisais qu’exécuter les instructions d’Arthur. Je n’ai rien touché de cet argent », a-t-il déclaré.
Mais pour le procureur, cette version ne tient pas. « Il n’y a aucune preuve qu’un individu nommé Arthur existe. Dès qu’il a été alerté par les victimes, il aurait dû cesser ses activités », a-t-il martelé, tout en requérant une peine de deux ans de prison ferme pour complicité d’escroquerie.
Un verdict attendu le 26 décembre
De son côté, Me Abdoul Gningue, avocat de la défense, a plaidé la bonne foi de son client. Selon lui, Martinel Loko est un jeune diplômé en quête d’emploi, manipulé par des tiers et utilisé comme intermédiaire. Il a demandé au tribunal de faire preuve de clémence en condamnant son client au simple paiement des sommes dues.
Le délibéré est attendu le 26 décembre prochain. En attendant, cette affaire met en lumière les dangers des arnaques en ligne et la nécessité de sensibiliser le public à ces pratiques frauduleuses qui se multiplient sur les réseaux sociaux.
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