Déthié Fall de Rewmi : " Macky Sall acte la rupture de consensus "


 Déthié Fall de Rewmi : " Macky Sall acte la rupture de consensus "
Interrogé par une télévision de la place le plénipotentiaire de l’opposition, Déthié Fall, Vice-Président de Rewmi, est largement revenu sur les points de désaccord dans le cadre de la revue du code électoral. " Nous avons malheureusement des désaccords profonds sur des questions d’importance majeure.

1- Sur la refonte partielle du fichier électoral, nous sommes totalement contre la confirmation et la radiation des électeurs du fichier à l’issue des opérations.

Le projet de loi tel que présenté à l’Assemblée nationale et dont le decret de présentation n° 2016 -1074 du 29 juillet 2016 est signé par le Président de la république Macky sall, acte la rupture de consensus qui a prévalu dans ce pays depuis 1992. Comment peut-on demander à un électeur de passer devant les commissions pour dire s’il veut oui ou non rester sur le fichier électoral et qu’à l’issue, tous ceux qui ne se seraient pas conformés à cette procédure soient radiés du fichier électoral? C’est un recul démocratique notoire. La loi électorale imprime les conditions de dévolution démocratique du pouvoir. Elle doit être élaborée avec sérénité et avec l’unique souci de faire triompher la démocratie et non dans l’optique de produire un fichier électoral qui agrège les fichiers de bourses de sécurité sociale, de CMU et de microfance pour organiser une fraude massive.
Tout citoyen sénégalais qui est majeur et qui dispose de ses droits civils peut être électeur et personne n’a le droit de le radier du fichier. Le supposé "stock mort " ne peut justifier une telle forfaiture d’autant plus qu’il n’y a aucun audit qui est fait pour certifier son existence dans les proportions avancées par le ministre de l’intérieur.
Nous sommes totalement contre la confirmation des électeurs et contre leur radiation du fichier électoral.


2- Sur le Bulletin unique

" Il est utilisé dans beaucoup de pays en Afrique, et figure parmi les propositions même de l’Union européenne et sur les recommandations des Assises nationales que le Président de la République a pourtant signées.
Il présente les avantages suivants:
- D’en finir avec l’achat de conscience : plus de possibilité de monnayer le vote du citoyen devant les centres de vote sur la base de la présentation du bulletin d’un concurrent. Donc Il ne sera plus possible de dire à l'électeur, sors moi le bulletin du Président Idrissa Seck, par exemple, pour que je vous paye, car sur le bulletin, figurera en même temps, tous les candidats.

- Équité entre les candidats sur le nombre de bulletins présents dans les lieux de vote : le plus souvent dans les bureaux de vote on assiste à des ruptures de bulletin de vote de certains candidats au profit du candidat du pouvoir. Avec le bulletin unique, s’il y a rupture de bulletin, ce sera pour tout le monde.

- Economie sur nos maigres ressources : il y aura moins d’imprimés car ce sera un bulletin pour tout le monde et non un bulletin par candidat.

- Rapidité du vote : parce qu’il s’agira de cocher devant la photo du candidat de son choix et d’introduire le bulletin dans l’enveloppe.

- difficultés de bourrage des urnes

L'opposition demande l'application du bulletin unique à tous les types d’élection.



3- Sur l'augmentation du nombre des députés à l’Assemblée nationale

L’opposition est totalement contre l’augmentation du nombre des députés à l’Assemblée nationale.

La majorité veut faire passer le nombre des députés à 160 dans ce contexte de morosité économique et d’impossibilité de l’Assemblée nationale à satisfaire les attentes des sénégalais dans la prise en charge de leurs réelles préoccupations. Nous avons certes des députés qui font brillamment leur travail et que nous félicitons mais l’assemblée peine à convaincre les sénégalais. Il est inadmissible d’augmenter le nombre de députés, le nombre actuel (150 députés) suffit largement. Et je reste persuadé que si le Président, Macky Sall avait dit aux sénégalais lors du référendum qu’il allait, à l’issue, augmenter le nombre des députés à l’Assemblée nationale, les résultats auraient été tout autre. Donc l’opposition est totalement contre l’augmentation du nombre des députés. L’opposition est pour des députés de la diaspora, mais que leur quota soit prélevé des 150.


4- Sur le mode de scrutin aux législatives : le scrutin majoritaire à un tour communément appelé "raw gaddu" est injuste et ne permet pas d'avoir une assemblée qui reflète les réalités électorales des départements

Imaginez que nous ayons trois listes en compétition dans un département avec comme résultats la première liste qui obtient 35% des voix, la deuxième 33% et la troisième 32% des voix. Comment dans ces conditions peut-on permettre au premier de remporter l’ensemble des sièges alors qu'en cumulant les voix de la 2ème et de la 3ème, ils seront majoritaires avec 65% des voix sans avoir, par la suite, de représentants du département issus de leurs rangs? Et d’autres cas pires que celui là peuvent arriver avec le " raw gaddu". Cela ne concourt pas à renforcer la démocratie.

Donc l’opposition est pour un scrutin majoritaire à 2 tours, à défaut d’une proportionnelle intégrale.
 
Vendredi 5 Août 2016
Dakar actu




Dans la même rubrique :