Notre pays a bien relevé le défi d’abriter pour la deuxième fois, à l’initiative des libéraux parlementaires du Sénégal et la Fondation Naumann, partenaire des formations libérales la Conférence Annuelle de l’Alliance des Libéraux et Démocrates pour l’Europe, le Pacifique, l’Afrique et les Caraïbes (ALDEPAC) . Pendant trois jours, Dakar, a été le lieu de convergence de tous les libéraux du monde entier, entre autres le Président de l’Internationale Libérale monsieur Juli Minoves, Louis Michel, Co-Président de l’Assemblée Parlementaire paritaire UE-ACP, Co- Président de l’ALDEPAC ; Ils étaient venus échanger sur un thème d’actualité : « La Gouvernance des Ressources Naturelles de l’Afrique, Une Approche Libérale ». Les réflexions portaient sur la gouvernance politique, économique, environnementale des ressources naturelles, l’Afrique et la guerre contre le terrorisme, Développement économique et progrès social. Occasion ne pouvait être plus indiquée pour le leader de l’APR de confirmer devant tout le monde qu’il était bel et bien un libéral, formé à la bonne école du PDS, avec comme maître, l’ancien Président Abdoulaye Wade, père du libéralisme en Afrique pour clore définitivement le débat provoqué par certains responsables du parti qui persistent toujours à soutenir le contraire. Les retrouvailles de la famille libérale du Sénégal, le rapprochement entre le Président SALL et son prédécesseur le Président WADE ont été évoqués.
Si la présence du Président Macky Sall était considérée comme normale en tant que Président d’un parti libéral, certains par contre avaient trouvé insolite la présence à cette messe libérale du Président Moustapha Niasse, socialiste authentique depuis sa tendre adolescence, formé à la bonne école du père du socialisme au Sénégal, le défunt Président de la République et académicien feu Léopold Sédar Senghor dont il est sans conteste le digne fils et héritier comme homme d’Etat et de Lettres. Ces censeurs, bien dans leur rôle de « gendarmes de l’idéologie » avaient vite crié à l’apostasie, pour cause de conversion au libéralisme.
En vérité entre ces deux honorables hommes, leurs fidèles et loyaux partisans, il existe des liens d’amitié, de solidarité, qui ont bien résisté au temps et aux vicissitudes de l’histoire. Pouvait-il d’ailleurs en être autrement eu égard à certains traits de caractère, de valeurs caractères comme le courage, la dignité, l’honneur qu’ils partagent, des épreuves qu’ils ont vécues et qui ont fini de leur conférer un même destin réservé aux seuls hommes de refus.
Le Parti APR a été créé par le Président Macky SALL et un groupe de patriotes, pour la plus part d’anciens compagnons fidèles qui se sont retrouvés dans les actes et principes citoyens, d’honneur, de dignité posés par son leader, pour défendre les symboles de la République bafoués par son parti d’origine, après de bons et loyaux services.
Le Président du Parti de l’Alliance des Forces du Progrès, figure emblématique et militant depuis son adolescence de l’UPS, devenu parti socialiste, avait dix ans plûtot connu le même sort.
Ils ont toujours, depuis fort longtemps entretenu des rapports sincères d’estime, d’amitié. Beaucoup de personnes ignorent que juste un mois après la création de l’APR le premier décembre 2008, les deux leaders avaient décidé d’unir leurs forces pour créer une alliance. Le pacte fut scellé le 2 janvier 2009 au siège de l’AFP par un communiqué conjoint cosigné par les représentants du jour des deux partis, monsieur Madieyna Diouf pour le compte de l’AFP, et votre serviteur pour le compte de l’APR. Dans le communiqué final de cette rencontre historique, les deux délégations avaient réaffirmé leur vision commune pour la réalisation d’une ambition légitime vers un développement équilibré et durable du Sénégal et pour des options politiques mettant en avant l’unité nationale ainsi que les valeurs morales et éthiques. Elles avaient ainsi décidé de : consolider leurs relations bilatérales par de larges et régulières concertations sur les grandes questions économiques, politiques, sociales qui interpellent le Sénégal ; de prendre les dispositions utiles pour une mise en perspective de leurs convergences et le renforcement de leur solidarité entre les deux partis ; d’intégrer les éléments communs des programmes respectifs des deux partis pour la réalisation de leur ambition légitime pour le Sénégal.
Ce bref rappel nous amène naturellement à ouvrir le débat à propos de l’idéologie politique. Dans cette période de sécheresse et de disette intellectuelles aggravées surtout par des débats quotidiens de pure politique politicienne, nous voudrions bien exposer quelques interrogations sur la problématique de l’idéologie politique en tant que concept, vocable et vocation. Elle est bien loin, il faut le regretter, cette belle époque où nos aînés au sein de nos formations politiques défendaient avec brio nos orientations idéologiques et programmatiques lors de mémorables duels avec leurs adversaires politiques. Ces derniers tiraient bien leur épingle du jeu par la force des arguments. Il est triste de constater aujourd’hui qu’en lieu et place, sur les plateau des radios, des télévisions, c’est l’argument de l’impertinence, si ce n’est celui de la force que l’on sert dans les cercles, milieux universitaires, temples du savoir pour former les futurs gouvernants de demain. Les écoles de parti, si elles existent toujours, ne jouent plus leur rôle dans la formation politique et citoyenne des militants. Mais aujourd’hui quelle place occupe l’idéologie dans les formations politiques au Sénégal ? Quel est son impact dans les visions et dans les programmes des partis ? Quel est son intérêt dans la vie politique des partis et des militants ? L’identification d’un parti politique par rapport à une idéologie s’appliquerait t-elle au Sénégal où il y’a aujourd’hui plus d’une centaine de partis ? Quel intérêt pour le citoyen sénégalais, aujourd’hui d’’être libéral, socialiste, marxiste, communiste, trotskiste, anarchiste, léniniste, staliniste, maoïste ? Le débat est posé.
S’agissant du parti de l’Alliance pour la République son option pour le libéralisme social s’articule essentiellement autour de deux axes : l’Humanisme républicain et social, le Patriotisme économique à travers le programme Yonnou Yokkuté, et le Plan Sénégal Emergent. : la transformation structurelle de l’économie, la bonne gouvernance, le capital humain. L’humanisme républicain redéfinit la nature des rapports entre les gouvernants et les administrés, en faisant prévaloir la décence et la pudeur républicaines dans le comportement du gouvernant dans ses rapports avec la chose publique au nom de l’intérêt général. En retour, il exigera du citoyen à fonder ses actions quotidiennes sur des bases civiques et vertueuses. D’où une aspiration profonde et permanente du citoyen à l’excellence, au culte de la conscience professionnelle et à l’intégrité. Comme l’a soutenu le Président lors de cette rencontre, il fallait démontrer comment l’idéologie et les politiques libérales peuvent aider à l’amélioration de la gouvernance des ressources naturelles dans un contexte mondial complexe, de concurrence, d’inégalités dans les niveaux de développement. Dans sa conclusion le Président de l’APR n’avait pas manqué de rappeler « : Que ce qui est constant et qui fait notre fierté et nous motive à croire au libéralisme, c’est que par sa force, sa vitalité et sa propre dynamique interne, le libéralisme trouve toujours dans ses propres forces, à savoir la libre entreprise, le capital, le travail, l’esprit d’innovation, les ressorts de sa résilience et de son adaptation aux réalités de son temps . Et c’est essentiel de vivre les réalités de son temps en gardant ses valeurs. Ce qui nous motive malgré tout est bien la voie de création des richesses, pour favoriser la croissance et créer l’émergence.
Notre libéralisme social comme nous l’avions défendu à Abidjan, lors du cinquante huitième Congrès de l’Internationale Libérale entend avoir un regard plus attentif à nos préoccupations de l’heure, réclamer un traitement équitable des échanges de nos matières premières exposées aux dures lois de la mondialisation, de la globalisation, la prise en compte de notre tissu environnemental. Il entend ainsi préserver nos valeurs morales, culturelles, sociologiques contre toutes atteintes et volonté d‘aliénation, et le respect de la dignité dans le traitement de l’immigration.
La réalité est qu’aucune idéologie ne détient le monopole exclusif des valeurs et vertus cardinales que sont l’humanisme, la générosité, le sens élevé de la liberté et de la démocratie. Il est aussi heureux de constater que l’exception sénégalaise dans la cohabitation ethnique, religieuse, le cousinage à plaisanterie, le dialogue islamo chrétien, gage de la paix et de la stabilité sociale trouve son prolongement dans la vie politique, grâce à la maturité, le réalisme de nos leaders politiques. Nous n’avons pas les mêmes préoccupations sociales, économiques, culturelles que les libéraux du Nord en termes de priorités au niveau de la santé, de l’énergie, de l’éducation, de l’agriculture, des infrastructures. L’histoire du Sénégal nous a toujours démontré dans ses moments cruciaux, de la colonisation à nos jours que les leaders des partis d’opposition ont toujours répondu à l’appel du pouvoir chaque fois que la situation nationale l’imposait. L’entrée du PDS dans le gouvernement socialiste du Président Abdou Diouf à deux reprises, la création de la CA (coalition Alternance) 2000, puis le FAL de l’alliance du Président Moustapha Niasse , soutien déterminant pour venir à bout du Parti socialiste en Mars deux mille et mettre à la tête de l’Etat un libéral le confirment aisément. L’histoire s’est répétée en mars 2012 avec l’alliance de la Coalition des de partis de gauches et libéraux, Benno Bokk Yaakar (Benno Sigguil Sénégal du Président Moustapha Niasse et Benno avec Tanor) au deuxième tour des élections présidentielles pour vaincre le régime libéral du PDS et installer à nouveau un libéral, le Président Macky Sall, dans un désintérêt total. Dans son allocution le Président Moustapha Niasse avait bien établi qu’il n’y avait aucune contradiction à ce que les socialistes et les démocrates se tiennent la main. « Le monde évolue vite. La liberté est l’essence de l’existence humaine. Le socialisme démocratique et le libéralisme en mouvement se retrouvent au point de confluence où les attendent les concepts de libertés fondamentales. Et sous ce regard, les idéologies ont tendance à se retirer de plus en plus, dans les espaces de la théorie et de la nostalgie du passé » Le Président Macky Sall et ses alliés de la coalition Benno Bok Yaakar, hommes politiques et membres de la société civile ont pris la pleine conscience de cette heureuse évidence. Ce qui les unit, à savoir le sort du Sénégal et le bien-être de leurs compatriotes est plus fort que ce qui les sépare. Il existe de fortes convergences de vue entre le programme Yonou Yokouté de la Coalition Macky 2012 et les Conclusions des Assises Nationales dans les politiques économiques, sociales et institutionnelles Par conséquent, ils se sont engagés à unir leur force pour être les artisans, bâtisseurs des chantiers de la paix, de l’unité nationale et de l’émergence. Ils entendent ainsi préserver, consolider à tout prix les acquis positifs, le legs de leurs illustres aînés pour les générations présentes et futures. Aujourd’hui le danger de l’endoctrinement, l’embrigadement de notre jeunesse, proie facile des sectes, mouvements fanatiques, factions, bandes armées, fondamentalistes dans la sous-région, tout près de nous, guette. Ces groupes aujourd’hui très puissants, sous prétexte de la religion constituent le véritable ennemi de toutes les idéologies en ce qu’ils constituent le refuge des couches sociales défavorisées. D’où la nécessité impérieuse et urgente pour nos leaders de renouer avec la tradition pédagogique de la conscientisation, la formation des jeunes dans l’action militante, citoyenne, patriotique et républicaine et surtout de répondre à leurs préoccupations sociales. C’est le seul combat qui vaille aujourd’hui.
Maître Djibril WAR
Directeur de l’Ecole du Parti APR
wardjibril@yahoo.fr
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