Campagne agricole 2024 : «Une bonne partie des producteurs agricoles du Saloum ne dort plus, ne rêve plus comme en temps normal» (Aliou Kébé)


Le gouvernement du Sénégal mise beaucoup sur le développement de l’agriculture pour atteindre l’autosuffisance alimentaire tant souhaitée. Le Président Diomaye dès son accession à la magistrature suprême a émis son vœu de hisser le Sénégal vers le développement en passant par l’agriculture. Tout compte fait, il a épongé une partie de la dette que l’Etat devait aux opérateurs et a subventionné les semences et engrais à hauteur de deux milliards. Malgré tout, la menace qui pèse sur cette campagne 2024 de production de l’arachide au Saloum et de surcroît, sa réussite. Par une note parcourue par Dakaractu, l’ancien maire de Keur Madiabel (Kaolack) par ailleurs ancien député,  Aliou Kébé de s’interroger : « Que se passe-t-il dans les hautes sphères de l’Etat ? Devons-nous attendre encore pour savoir ? ». L’ancien parlementaire s’inquiète du silence, de la tutelle et des services techniques, des organismes nationaux dédiés à la recherche comme l’ISRA et l’Institut national de pédologie(INP),  noté sur cette présente campagne.  Selon lui, «en ce moment même une bonne partie des producteurs agricoles du Saloum ne dort plus, ne rêve plus paisiblement comme en temps normal. , quand arrive le temps de récoltes d’une campagne agricole normale. Ces producteurs n’osent pas en parler haut, parce qu’ils ne veulent pas croire à ce qui semble inéluctablement catastrophique. Pour la production de l’arachide, les jours et les semaines qui arrivent n’augurent rien de bon ». Car, précise-t-il, certains signes ne sont pas porteurs d’espérance. « Malgré tout, il regarde avec peine son champ d’arachide, étonné par ce qui lui arrive. Il essaie de comprendre debout, complètement tétanisé. S’il a encore le courage de sonder la qualité de sa prochaine production qualitativement et quantitativement, il le fait seul comme pour cacher ce qu’il refuse de croire », se désole-t-il. Avant de lister les signes précurseurs d’une «campagne arachidière» qui présente les raisons de s’inquiéter : « Ne serait-elle pas causée par l’arrivée tardive des pluies utiles pour cette spéculation de l’arachide ? Le développement végétatif lent malgré un apport suffisant et au bon moment des engrais et autres produits phytosanitaires; Le dépérissement, l’affaissement de posture des plantes d’arachide ainsi que ses feuilles qui se fanent en jaunissant ; Entre autres signes cliniques que ne saurait décrire et encore moins expliquer un simple paysan ». De son avis, une réelle angoisse, le stress et une peur pèsent sur la tête des paysans du Saloum. « Ils ont peur aussi du retour à l’investissement : les crédits de campagne agricole, les ouvriers non mensualisés qui doivent dans tous les cas être payés à la fin de la campagne agricole. Il y a aussi le manque à gagner, les charges incompressibles à venir, celles de l’éducation, de la santé, de la nourriture et des nombreuses autres dépenses d’imprévues sociales », fera-t-il remarquer.  Et d’ajouter : « Un avenir hypothétique hante le sommeil des paysans du Saloum et ils se posent la question de savoir qu’est-ce-qui leur arrive ? ». Selon lui, «certains accusent peut-être à tort les semences, d’autres naïvement pensent aux engrais et d’autres encore plus osés à la pluviométrie et les effets du changement climatique. Les plus audacieux pensent aux cultures de variétés hybrides de maïs ».  Pour éviter qu’une telle situation ne se reproduise et qu’elle ne prenne des proportions plus importantes, Aliou Kébé tire la sonnette d’alarme et lance un appel au Président Diomaye.  « Les gouvernements qui se sont succédés depuis notre indépendance ont maintenu par les politiques agricoles mises en place, les paysans dans un état de pauvreté acceptable. Les pouvoirs publics ont manqué de générosité et d’audace pour promouvoir de vrais entrepreneurs agricoles qui gagnent leur vie comme les autres corps de métiers de transporteurs, de médecins et d’architectes. Aussi, nous pensons que le temps de la souveraineté surtout alimentaire est arrivé, et donc, forcément s’impose une mobilisation de tous les acteurs et services techniques dans une dynamique unitaire, chacun avec ses compétences et la volonté ferme de trouver les racines des maux et la solution de notre agriculture en général », assure-t-il. Non sans signaler : « Pour cette présente campagne de production de l’arachide dans les départements de Nioro et de Kaolack, il faudra prévoir Monsieur le Président de la République de prendre le taureau par les cornes pour atténuer les conséquences de cette préoccupation qui va affecter bon nombre des paysans du Saloum qui risquent de se retrouver dépourvu du minimum vital ».
Mercredi 2 Octobre 2024
Dakaractu



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