L'ex-dirigeant libyen Mouammar Kadhafi fait l'objet d'un avis de recherche international après la diffusion vendredi d'une "notice rouge" par Interpol tandis que dans les dernier bastions kadhafistes l'ultimatum pour une reddition sans combats expire samedi.
Trois importants fiefs de l'ancien régime -Syrte (360 km à l'est de Tripoli), Sebha (centre) et Bani Walid (170 km au sud-est de Tripoli)- restent aux mains des pro-Kadhafi. Mais pour Moustafa Al-Samou, commandant des opérations au sud de Misrata, le principal objectif est de prendre l'oasis de Djofra, à 300 km au sud de Misrata, où se trouvent de nombreuses caches d'armes des pro-Kadhafi.
24 heures pour rendre les armes
Les troupes loyales au colonel Kadhafi n'ont plus que 24 heures pour déposer les armes, le CNT leur ayant fixé un ultimatum expirant samedi, faute de quoi il décidera d'une offensive militaire. L'Otan a indiqué avoir mené des frappes et touché des cibles jeudi dans les environs de Syrte, Sebha, Bani Walid et Waddan, une des trois villes de l'oasis de Djofra, selon son compte rendu quotidien.
Outre la chute des dernières poches de résistance, les nouvelles autorités espèrent aussi mettre rapidement la main sur le "Guide" en fuite et qui semble désormais ne disposer que de deux options: se cacher dans l'immense désert libyen ou fuir vers un pays voisin.
Une "notice rouge" d'Interpol
Vendredi, Interpol a diffusé une "notice rouge" pour demander à ses 188 pays membres l'arrestation du colonel Kadhafi, de son fils Seif Al-Islam et de son beau-frère Abdallah Al-Senoussi, visés par un mandat d'arrêt international émis par la Cour pénale internationale (CPI).
Cette notice "va restreindre significativement les possibilités pour ces trois hommes de franchir les frontières et sera un outil important pour aider à leur localisation et leur capture", a estimé dans un communiqué Ronald K. Noble, le secrétaire général de l'organisation policière internationale. Mouammar Kadhafi "est un fugitif que son pays et la CPI souhaitent arrêter pour répondre des graves charges pesant contre lui", ajoute M. Noble.
Jeudi, le procureur de la CPI, Luis Moreno-Ocampo, avait demandé à Interpol de délivrer une "notice rouge" contre ces trois responsables libyens, suspectés notamment de "crimes contre l'humanité, à savoir meurtre et persécution".
La Libye a des frontières terrestres avec la Tunisie et l'Agérie à l'ouest, le Niger et le Tchad au sud, et l'Egypte et le Soudan à l'est. Le Niger, où plusieurs proches du leader ont trouvé refuge, a nié la présence de Mouammar Kadhafi en personne sur son territoire, tandis que le Tchad a estimé que l'ex-dirigeant libyen "évitera" de franchir la frontière tchadienne, en raison de la présence militaire française dans le pays.
L'étau se resserre
Sur la route de Syrte, berceau de l'ex-dirigeant, les forces anti-Kadhafi ont pris jeudi le contrôle de la Vallée Rouge, à une soixantaine de km à l'est de la ville. Dans les combats, 11 combattant pro-CNT et au moins 18 pro-Kadhafi ont été tués, selon un commandant pro-CNT.
Vendredi matin, le bourg situé à l'extrémité ouest de la vallée était aux mains des pro-CNT dont le prochain objectif est désormais le village d'Harawa. Un journaliste de l'AFP pouvait entendre le bruit de combats sporadiques à la sortie ouest de la localité qui était totalement désertée de ses habitants alors que les combattants anti-Kadhafi passaient de maison en maison à la recherche d'éventuels tireurs embusqués.
L'enjeu pour les combattants est de se positionner au plus près de Syrte, dans l'attente de l'offensive. L'Alliance atlantique est intervenue en Libye fin mars, sur mandat de l'ONU, pour protéger la population civile d'une sanglante répression de la contestation du régime de Mouammar Kadhafi qui dirigeait le pays d'une main de fer depuis 1969.
A Tripoli, Mahmoud Jibril a mis en garde jeudi contre des luttes politiques prématurées alors que la bataille n'a pas encore été gagnée. "Dans le Sud, certaines villes sont encore assiégées (par des pro-Kadhafi), le sort de Bani Walid et de Syrte n'a pas été réglé et en dépit de cela certains pensent que la bataille a été gagnée", a-t-il déclaré au cours d'une conférence de presse.
"Certains se sont jetés dans la bataille politique sans respecter de règles alors qu'on n'a pas encore élaboré de charte nationale et qu'on n'a pas tenu de congrès national", a ajouté le chef du Conseil exécutif du CNT. Le vicaire apostolique (évêque) de Tripoli, Giovanni Innocenzo Martinelli, a jugé vendredi "positif" "le désir de réconciliation" des nouvelles autorités libyennes, ajoutant vouloir se former une opinion sur place, après son retour prévu la semaine prochaine dans la capitale.
A Bani Walid, les négociations pour une reddition pacifique de la ville se sont arrêtées, a indiqué jeudi un chef militaire du CNT, qui a dit attendre à présent les instructions pour une éventuelle action. (afp/mlb)
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