La gestion de l'Aéroport de Dakar par la société Turque est souvent décriée par les cadres et autres syndicalistes de la boîte.
Une situation qui ne cesse de s'empirer de jour en jour, raconte notre source. En effet, "fort de ses 66% gracieusement octroyés par l’ancien régime dans le capital d’AIBD, le DG turc de LAS, Askin Demir, offre d’une part un profil et un parcours pouvant paraître surprenant pour occuper de telles responsabilités et d’autre part un bilan pour le moins décevant pour un aéroport aussi moderne et une destination aussi courue".
En effet, "le Sénégal qui a confié, dans des conditions souvent jugées opaques, la gestion de son aéroport au conglomérat turc Summa Limak, ne bénéficie pas des retombées légitimes de l’investissement consenti. L’aéroport ne vit que de sa position naturelle, et d’une activité économique tirée naturellement par la croissance du secteur observée mondialement et tout particulièrement en Afrique. En clair, il semble que le gestionnaire se contente de vivre sur l’existant", martèle notre interlocuteur.
Après avoir lancé en grande pompe en 2017 le nouvel aéroport AIBD, la société en charge de son exploitation LAS, initialement dirigée par le français Xavier Mary, ancien Directeur de l’Aéroport de Lyon, a été confiée au turc Askin Demir qui avait dû quitter précipitamment la société de Handling 2AS où il était DG à la suite d’une pétition des agents sur des rumeurs de scandale de gestion.
Depuis lors, le DG de LAS, Askin, dont l’expertise non avérée et non prouvée dans le domaine de la gestion d’un aéroport de cette taille, pose question et cristallise les tensions, plaintes et divers manquements.
Il s'agit entre autres d'une absence de vision et de stratégie, de défaut d’investissement. LAS en plus de la gestion octroyée de l’aéroport, détient une réserve foncière de 1200 HA sur laquelle aucun investissement n’a été consenti depuis 7 ans : toujours pas d’hôtel, ni de centre commercial, ni de bâtiments commerciaux ou de restauration publique.
L’aéroport est souvent décrié par les usagers pour sa propreté laissant à désirer, pour la cherté des baux commerciaux, et pour la mauvaise qualité de l’offre commerciale. 7 ans après la mise en service de l’AIBD, la capacité d’accueil du terminal atteint ses limites et les services et équipements exigés sont trop souvent défectueux ou obsolètes, nous dit-on.
Notre source souligne le rapport conflictuel permanent avec le secteur privé sénégalais et une attitude méprisante. En conflit ouvert depuis 3 ans avec le COPIS (collectif des prestataires et investisseurs sénégalais), il aura fallu que le président de la République précédent intervienne auprès du gestionnaire turc pour tenter d’apaiser une colère qui se poursuit tant les conditions exigées par Askin Demir sont exorbitantes (loyers prohibitifs, redevances adossées sur le trafic passager, etc ;)", remarque-t-elle.
L’endettement du secteur privé sénégalais est tel que les locaux commerciaux sont soit inexploités, soit rendus à des investisseurs étrangers. Il en va de même pour les quelques investissements que LAS consent qui sont exclusivement adressés à la centrale d’achat du groupe turc qui capte tous les marchés.
À cela s’ajoute un sentiment de mépris que dénoncent les acteurs sénégalais du secteur aéroportuaire ainsi que bon nombre de cadres sénégalais, mais également les partenaires sociaux pour manque de considération et absence d’implication sociale de LAS.
Pire, quand on interroge les cadres sénégalais qui ont porté la RDIA (redevance des infrastructures aéroportuaires) de 54 euros qui a permis de construire l’AIBD, « qu’avez-vous appris des partenaires turcs ? », la réponse est unanime : « rien, si ce n’est la marginalisation de notre expertise aéroportuaire sénégalaise qui a été accumulée des décennies durant au sein de l’ASECNA d’abord et de l’Agence des Aéroports du Sénégal (ADS) ensuite », laissent-ils entendre.
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