L’arrestation de l’ex-président Laurent Gbagbo, le 11 avril, puis l’accession au pouvoir d’Alassane Ouattara, le 21 mai, n’ont de loin pas mis fin aux violences en Côte d’Ivoire. Exécutions extrajudiciaires, torture, disparitions, viols: au terme d’un examen de deux semaines effectué en juin à Abidjan, au sud et à l’ouest du pays, Amnesty International dresse un portrait apocalyptique de la situation qui y règne.
Le rapport, publié aujourd’hui, tombe au moment où Alassane Ouattara est en visite aux Etats-Unis et aura même les honneurs d’être reçu demain par Barack Obama, qui l’a soutenu à bout de bras. Alors que le nouveau président ivoirien multiplie les signes d’une volonté de réconciliation nationale, le rapport tranche avec ses intentions. Non sans rappeler que des exactions ont été commises par les deux camps jusqu’à la chute de Laurent Gbagbo, l’organisation humanitaire constate que les violences ont augmenté depuis l’investiture d’Alassane Ouattara au gré d’une vague de représailles. Amnesty dénonce en particulier les exactions commises par les Forces républicaines de Côte d’Ivoire (FRCI), l’armée nationale créée en mars par Ouattara et censée remettre de l’ordre dans le pays. Selon des témoignages recueillis à Abidjan, il suffit d’avoir «l’allure costaude» pour être en danger, car soupçonné d’avoir appartenu aux milices de Gbagbo. Un témoin a raconté comment un homme de 33 ans a été exécuté le 29 mai par les FRCI au moyen d’un pneu en feu placé autour de son cou. Le rapport est truffé de témoignages de ce type. En outre, les FRCI cautionnent ou même soutiennent les Dozos, des milices qui s’emploient à maintenir et même organiser un climat de terreur à l’encontre des populations déplacées – 500 000 personnes le sont encore dans le pays, selon le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés –, afin de les dissuader de regagner leurs terres. La bataille pour la propriété des terres est en effet un vecteur majeur des conflits qui minent la Côte d’Ivoire depuis 2002.
( Avec 24heures.ch )
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