Le parrainage ayant fait l’objet d’un projet de loi (n°12/2018) examiné et voté par l’Assemblée nationale, continue de susciter la polémique au Sénégal.
Nombre de membres de la société civile rejoignent le landerneau politique de l’Opposition dite radicale, sur la nécessité de retirer cette loi pourtant bien entrée dans la nomenklatura juridique de notre pays.
La raison fondamentale avancée tient notamment au risque de troubles graves en cas de rejet de la candidature d’un candidat sur la base notamment de ce texte, comme cela avait été la cas pour le candidat indépendant Youssou Ndour, à la présidentielle de 2012. Chaque candidat doit avoir au moins 2 mille parrains dans chaque région, soit un total de 0,8% des inscrits sur l’ensemble du territoire national.
Il s’agit d’un parrainage dit ‘’citoyen’’, car il existe d’autres types de parrainages dans des pays à démocratie avancée comme en France et aux Etats-Unis, avec des systèmes tout à fait différents.
D’ailleurs, jusqu’ici, seuls les candidats indépendants y étaient soumis. Aujourd’hui, le parrainage est généralisé à tous les candidats qui doivent y souscrire.
Nous avons décidé d’en reparler parce qu’une partie de l’Opposition le conteste et décide de rencontrer les chefs religieux pour parler de ce qu’elle considère comme un piège du régime, bien décidé à écarter certains d’entre eux, ce qu’ils ne vont jamais accepter.
La menace de troubles, bien réelle, doit inciter le régime de Macky à revoir sa copie. La démocratie sénégalaise n’a jamais eu besoin du parrainage. La pléthore de candidatures, le régionalisme et autres sectarismes, invoqués n’ont jamais été vraiment un obstacle.
Précisons d’emblée que techniquement, le parrainage va causer bien des problèmes aux différents candidats, y compris au président sortant.
La signature qui est le talon d’Achille de la démarche, pose problème au Sénégal. Nombre d’électeurs ne savent pas signer parce qu’analphabètes, du moins dans la langue de Molière.
Pour certains d’entre eux, il est bien mis en exergue leurs cartes d’identité faisant office de carte d’électeur la mention ‘’ne sait pas signer’’ et pour d’autres, ils signent tellement mal qu’ils ne savent pas reconnaitre la signature apposée la veille sur un document.
Cette réalité qui concerne une quantité non-négligeable d’électeurs, va poser problème quant à leur faculté de parrainer un candidat.
A cette donne, s’ajoute le fait qu’il faut que le parrain (homme ou femme) soit inscrit sur les listes électorales. Cette préoccupation va rendre difficile ou risqué le travail des partis. Comme pour le cas de Youssou Ndour précité, il avait certes les 10 mille signatures exigées et même plus, mais il s’avère que certaines d’entre elles étaient celles émanant de personnes non-inscrites sur les listes électorales. Les partis ne savent pas forcément qui est inscrit et qui ne l’est pas.
Pis, le Conseil constitutionnel chargé de veiller sur la régularité des signatures va devoir s’appuyer sur la Direction de l’autonomisation du fichier (Daf) qui est aussi loin d’être suffisamment outillée pour une telle tâche.
À ces arguments techniques dont la liste est loin d’être exhaustive, s’ajoutent des arguments d’opportunité politique.
Le parrainage rend en effet obsolète l’existence des partis politiques. Il suffira maintenant de créer son mouvement politique comme il en existe des centaines. Ces derniers vont bientôt faire peut-être un millier rendant la chose politique ingérable au Sénégal. Conformément à la sociologie politique de notre pays, chacun va créer son mouvement et va travailler à se faire remarquer dans les inévitables coalitions pour exister. Ce sera la naissance des ‘’GIE’’ politiques.
L’autre difficulté soulevée par le parrainage, c’est la trahison du secret de vote. Ceux qui parrainent seront identifiés, immanquablement. S’il s’agit de ceux qui occupent certains postes importants ou sensibles dans l’appareil administratif, le parrainage par eux de candidats de l’opposition devient presqu’impossible, même s’ils le veulent bien. On n’a pas besoin de leur dire qu’ils jouent par là leur avenir. Ce code non-inscrit entre pouvoir et administration existe et soumet nombre de cadres et d’agents à une forme particulière d’obligation de réserve ou même de collaboration.
Qui plus est, les partis n’ont pas la même forme de représentativité dans toutes les régions du pays. Les 2 mille signatures vont poser de sérieuses difficultés pour certains candidats qui risquent d’être vulnérables au chantage de mercenaires politiques prêts à démarcher certains électeurs moyennant le versement d’argent.
Au regard de toutes ces raisons et de bien d’autres, il n’est pas superflu de dire que notre démocratie, insuffisamment préparée au parrainage, peut, pour le moment, s’en passer.
La caution est assez dissuasive pour d’éventuelles candidatures fantaisistes.
REWMI
Nombre de membres de la société civile rejoignent le landerneau politique de l’Opposition dite radicale, sur la nécessité de retirer cette loi pourtant bien entrée dans la nomenklatura juridique de notre pays.
La raison fondamentale avancée tient notamment au risque de troubles graves en cas de rejet de la candidature d’un candidat sur la base notamment de ce texte, comme cela avait été la cas pour le candidat indépendant Youssou Ndour, à la présidentielle de 2012. Chaque candidat doit avoir au moins 2 mille parrains dans chaque région, soit un total de 0,8% des inscrits sur l’ensemble du territoire national.
Il s’agit d’un parrainage dit ‘’citoyen’’, car il existe d’autres types de parrainages dans des pays à démocratie avancée comme en France et aux Etats-Unis, avec des systèmes tout à fait différents.
D’ailleurs, jusqu’ici, seuls les candidats indépendants y étaient soumis. Aujourd’hui, le parrainage est généralisé à tous les candidats qui doivent y souscrire.
Nous avons décidé d’en reparler parce qu’une partie de l’Opposition le conteste et décide de rencontrer les chefs religieux pour parler de ce qu’elle considère comme un piège du régime, bien décidé à écarter certains d’entre eux, ce qu’ils ne vont jamais accepter.
La menace de troubles, bien réelle, doit inciter le régime de Macky à revoir sa copie. La démocratie sénégalaise n’a jamais eu besoin du parrainage. La pléthore de candidatures, le régionalisme et autres sectarismes, invoqués n’ont jamais été vraiment un obstacle.
Précisons d’emblée que techniquement, le parrainage va causer bien des problèmes aux différents candidats, y compris au président sortant.
La signature qui est le talon d’Achille de la démarche, pose problème au Sénégal. Nombre d’électeurs ne savent pas signer parce qu’analphabètes, du moins dans la langue de Molière.
Pour certains d’entre eux, il est bien mis en exergue leurs cartes d’identité faisant office de carte d’électeur la mention ‘’ne sait pas signer’’ et pour d’autres, ils signent tellement mal qu’ils ne savent pas reconnaitre la signature apposée la veille sur un document.
Cette réalité qui concerne une quantité non-négligeable d’électeurs, va poser problème quant à leur faculté de parrainer un candidat.
A cette donne, s’ajoute le fait qu’il faut que le parrain (homme ou femme) soit inscrit sur les listes électorales. Cette préoccupation va rendre difficile ou risqué le travail des partis. Comme pour le cas de Youssou Ndour précité, il avait certes les 10 mille signatures exigées et même plus, mais il s’avère que certaines d’entre elles étaient celles émanant de personnes non-inscrites sur les listes électorales. Les partis ne savent pas forcément qui est inscrit et qui ne l’est pas.
Pis, le Conseil constitutionnel chargé de veiller sur la régularité des signatures va devoir s’appuyer sur la Direction de l’autonomisation du fichier (Daf) qui est aussi loin d’être suffisamment outillée pour une telle tâche.
À ces arguments techniques dont la liste est loin d’être exhaustive, s’ajoutent des arguments d’opportunité politique.
Le parrainage rend en effet obsolète l’existence des partis politiques. Il suffira maintenant de créer son mouvement politique comme il en existe des centaines. Ces derniers vont bientôt faire peut-être un millier rendant la chose politique ingérable au Sénégal. Conformément à la sociologie politique de notre pays, chacun va créer son mouvement et va travailler à se faire remarquer dans les inévitables coalitions pour exister. Ce sera la naissance des ‘’GIE’’ politiques.
L’autre difficulté soulevée par le parrainage, c’est la trahison du secret de vote. Ceux qui parrainent seront identifiés, immanquablement. S’il s’agit de ceux qui occupent certains postes importants ou sensibles dans l’appareil administratif, le parrainage par eux de candidats de l’opposition devient presqu’impossible, même s’ils le veulent bien. On n’a pas besoin de leur dire qu’ils jouent par là leur avenir. Ce code non-inscrit entre pouvoir et administration existe et soumet nombre de cadres et d’agents à une forme particulière d’obligation de réserve ou même de collaboration.
Qui plus est, les partis n’ont pas la même forme de représentativité dans toutes les régions du pays. Les 2 mille signatures vont poser de sérieuses difficultés pour certains candidats qui risquent d’être vulnérables au chantage de mercenaires politiques prêts à démarcher certains électeurs moyennant le versement d’argent.
Au regard de toutes ces raisons et de bien d’autres, il n’est pas superflu de dire que notre démocratie, insuffisamment préparée au parrainage, peut, pour le moment, s’en passer.
La caution est assez dissuasive pour d’éventuelles candidatures fantaisistes.
REWMI
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