Retour aux Racines : Les artistes Afro-Américains exposants du Biennale Dak’Art 2024 se retrouvent chez eux


À l’occasion de la Biennale de Dakar 2024, plusieurs artistes afro-américains ont partagé leurs impressions et leurs ressentis après leur arrivée au Sénégal, un pays qu’ils considèrent comme un lieu où l’histoire, l’identité et la culture se rencontrent de manière puissante.

 

Pour beaucoup d'entre eux, leur expérience au Sénégal est bien plus qu'un simple voyage. C'est un retour symbolique aux racines africaines, un lieu de reconnection avec un héritage profond et un espace de spiritualité. L’un des artistes a confié : « C’est ma première fois sur le continent, et dès mon arrivée, un étudiant m’a dit : "Bienvenue à la maison". Ce sentiment m’a réchauffé le cœur. C’est exactement ce que je ressentais, et entendre ces mots m’a profondément touché. » Ces paroles illustrent un sentiment récurrent chez les artistes : le Sénégal, et plus largement l’Afrique, représente un "chez-soi" lointain, un espace d’appartenance et de réconciliation avec une partie oubliée ou négligée de leur histoire personnelle.

 

Pour certains, comme l’artiste ayant des racines congolaises, leur travail artistique trouve ses origines dans un voyage intérieur qui débute en Afrique. Il explique que les motifs qu’il a rencontrés au Congo-Brazzaville ont influencé ses créations, le poussant à explorer de nouvelles formes d’expression à travers la peinture et le fil. Le Sénégal, avec sa lumière et son accueil chaleureux, semble être un lieu où ces influences prennent pleinement sens, offrant à l’artiste une énergie nouvelle pour ses créations. Il ajoute : « Être ici, c’est de la lumière et de l'amour, et j’envoie mes bénédictions. »

 

Un autre artiste souligne l’importance du *taranga*, l’hospitalité sénégalaise, qui lui rappelle l’importance de l’accueil et du lien humain. Ce dernier parle avec émotion de ses ancêtres, certains partis du Sénégal vers d’autres contrées d’Afrique, et de la manière dont il honore cette histoire chaque fois qu’il revient au Sénégal. C’est une manière pour lui de « se connecter et de rendre hommage » à ceux qui ont été arrachés à leur terre natale.

 

Pour un autre artiste, son expérience au Sénégal a été marquée par un sentiment profond d'unité. « La marche au Sénégal est différente de la marche en Afrique ou en Éthiopie. Ici, c'est une marche plus unie. Je me sens fier en voyant des gens qui me ressemblent, qui ont du pouvoir et de l’influence sans problème. » Ce sentiment de fierté et de reconnaissance est d'autant plus puissant lorsqu'il fait le parallèle avec la situation des afro-américains aux États-Unis, où les luttes pour l'identité et la reconnaissance de soi sont encore présentes.

 

Au-delà des liens personnels, ces artistes soulignent également le rôle central du Sénégal dans la culture africaine contemporaine. Ils expriment leur gratitude envers ce pays, qui selon eux est devenu un centre culturel de créativité en Afrique de l’Ouest. Un des artistes a même fait le vœu d'apprendre le Wolof pour mieux comprendre la culture locale et renforcer ce lien avec le pays. « Il y a un pouvoir ici, au Sénégal. Quand nous venons ici, nous essayons d’apprendre de vous, de comprendre d’où vous venez, et surtout comment nous pouvons préserver et projeter cet héritage dans l'avenir. »

 

Cette expérience partagée par les artistes afro-américains révèle une vision collective du Sénégal comme un espace d’épanouissement personnel et de réconciliation historique. Le pays devient un symbole de la diaspora africaine mondiale, un lieu où les liens d'identité et de solidarité sont non seulement ressentis mais vécus. Pour eux, ce n'est pas seulement une rencontre avec une nouvelle culture, mais un retour aux sources, un cheminement vers la redécouverte de soi et de l'autre.

Vendredi 8 Novembre 2024
Karim Ndiaye



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