Présidentielle aux USA : l’électorat afro-américain, peut-il faire basculer le scrutin ?


Présidentielle aux USA : l’électorat afro-américain, peut-il faire basculer le scrutin ?

Une question sociologiquement très intéressante, mais relativement complexe. La communauté afro-américaine fait partie de ce pays depuis quatre siècles. Il ne s’agit pas de refaire tout l'historique, mais il y a évidemment quelques grandes cartes dans le parcours de cette communauté avec de puissantes accélérations. Et évidemment, dans la deuxième moitié du 19e siècle, l'époque Martin Luther King, il a été évoqué l'abolition de l'esclavage, post-guerre civile et bien entendu, du combat pour les droits civiques. Sur ces fondations, la communauté afro-américaine n'a pas cessé d'évoluer, jusqu'à aujourd'hui, avec un phénomène que les sociologues n'osent pas encore tout à fait appeler, l'ultime émancipation.

Suite à l'affranchissement, après la lutte pour l'égalité des droits, il était question de faire progresser notamment chez les hommes, un mouvement qui vise à s'émanciper d'une certaine forme de tutelle politique. Au cours des dernières décennies, le Parti démocrate, tout en se posant en défenseur de la communauté afro-américaine, s'est finalement un peu approprié leur voix. Un sentiment qui existe dans la communauté.

 

Il est encore très difficile aujourd'hui de quantifier cette tendance chez les afro-américains. Mais elle existe. Et d'ailleurs, il faut rappeler que le seul président afro-américain de l'histoire de ce pays qui ne s'est concrètement jamais accommodé d'une quelconque forme de compassion à son égard, reste Barack Obama. Ce dernier s'est toujours présenté tout simplement comme un homme politique brillant, qui avait quelque chose à apporter à son pays, tout en se défendant absolument d'être le président d'une communauté.

 

 

Aujourd'hui, comme l’indique Mathieu Mahin, journaliste - correspondant de France 24 aux États-unis, il faut simplement signaler que ça reste « beaucoup plus facile pour les hommes qui ont beaucoup plus de temps pour se tourner vers ces questions, puisqu'ils n'ont pas à mener, par exemple, le combat féministe d'émancipation ». Le vrai combat dans cette communauté afro-américaine, qui a hérité, il faut le dire, de quelques-uns des travers du patriarcat clairement enseignés par les maîtres d'autrefois. Ce qui participe d'ailleurs à expliquer l'enthousiasme tout relatif, encore une fois, des hommes afro-américains quant à la candidature de Kamala Harris. Il y a un conservatisme afro-américain, un conservatisme religieux, qui impose une forme de hiérarchie dans la famille. Or, en devenant présidente, Kamala Harris remettrait en cause ce que beaucoup d'hommes afro-américains considèrent aujourd’hui, comme une sorte d'équilibre patriarcal.

 

L’enthousiasme chez les afro-américains sera t-il au même niveau comme le fut-il pour Obama? 
 

En effet, les scores prédits par les sondages en ce moment sont tellement serrés qu'elle, a à elle toute seule, cette communauté afro-américaine, elle peut faire basculer le scrutin. Même si , le phénomène décrit plus haut sur la communauté afro-américaine ne change rien au fait que la communauté afro-américaine reste très majoritairement démocrate, mais, en faisant en sorte que Kamala Harris soit la candidate de son parti, Joe Biden semble exposé son camp à un risque. 

 

D'abord, il faut rappeler que rien n'indique aujourd'hui que toute l'Amérique soit prête à voter pour une femme, c'est le moins qu'on puisse dire, selon Mathieu Mabin selon qui, « il est à peu près certain que son afro-américanité n'est pas totalement un atout pour tout le monde ». Joe Biden d’ailleurs, ne s'en est jamais caché. Dès qu'il a choisi Kamala Harris comme vice-présidente, il a annoncé vouloir léguer, en quelque sorte, une femme afro-américaine à l'Amérique. C'est en tout cas la perception qu'on a eu bon nombre de républicains et même quelques démocrates silencieux. Et là, on pense tout simplement à ces figures politiques du parti, qui auraient pu faire d'excellents candidats à l'investiture, mais qui s'en sont tout simplement, fait confisquer l'occasion.

 

En définitive, la communauté afro-américaine affiche le taux d'abstention le plus élevé. C'est d'ailleurs l'un des combats de Barack Obama. C'est la raison de son engagement dans cette campagne. La candidature de Kamala Harris va certainement atténuer ce phénomène. Et on commence d'ailleurs à le voir avec le vote anticipé en Géorgie.

Vendredi 18 Octobre 2024
Cheikh Sadibou Fall



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