Chassés du pouvoir par les américains après les attentats du 11 septembre 2001, les talibans n’ont jamais été aussi proches de revenir aux affaires. « Les étudiants » ont lancé une offensive depuis mai et au 13 août, ils revendiquent le contrôle de 85% du territoire afghan.
Alors qu’ils viennent de s’emparer de Lashkar Gah, capitale de la province de Helmand dans le sud, la veille ils avaient revendiqué la capture de Kandahar qui est la deuxième plus grande ville du pays.
Actuellement, seules Kaboul, Mazar-é Charif et Jalalabab échappent aux talibans.
Cette progression spectaculaire des islamistes radicaux d’Afghanistan ne passe pas inaperçue au Sahel. Depuis 2012, des groupes extrémistes liés à Al Qaida qui ont été délogés du nord Mali ont fusionné en 2017 au sein du Jama’atu Nusrat al islam wal Muslimin ou Groupe de soutien à l’Islam et aux musulmans (GSIM) et mènent une insurrection armée au Mali, au Niger et au Burkina Faso.
« Mais on ne peut pas faire un parallèle entre ce qui se passe en Afghanistan et ce qui se passe au Sahel », freine Wassim Nasr, journaliste à France24 et spécialiste des groupes djihadistes. « Les dynamiques et les enjeux sont différents », argue-t-il.
En Afghanistan, de grandes puissances régionales comme l’Iran et le Pakistan sont impliqués dans le conflit. En outre, les Américains qui négocient directement avec les talibans ont décidé de se retirer de façon abrupte, laissant le champ libre aux islamistes. Ce qui n’est pas le cas au Sahel.
« Le président français a annoncé la fin de Barkhane, mais les opérations militaires se poursuivront », précise Wassim Nasr. Ce qui lui faire qu’ « on n’est pas dans la même dynamique de retrait ». Annonçant une transformation profonde de la présence française au Sahel, Emmanuel Macron avait ajouté en juin qu’il sera question d’un « changement de modèle ».
Sur la question des négociations avec les djihadistes maliens, la France a montré son hostilité de façon on ne peut plus claire. Le chef de l’État français l’a répété et a même pris des décisions contre le Mali sur la base de refus de dialoguer avec les GAT.
Sur France24, le Général Eric Vidaud déclarait Iyad Ag Ghali, le chef du GSIM comme « la priorité numéro un. » « Pour nous, c’est la personne qu’il faut absolument réussir à capturer, voire neutraliser si ce n’est pas possible de le capturer dans les prochains mois », soutenait le Commandant des opérations spéciales de l’armée française.
En face, on n’est pas moins radical envers Paris et Bamako. « Dans son dernier discours, Iyad Ag Ghali n’a donné aucun signe d’ouverture à la négociation. Avec l’État malien, on peut dire que les choses stagnent. Quand il dit que la France a commencé ses opérations Serval en collaboration avec un gouvernement putschiste en 2013 et elle termine l’opération Barkhane avec des putschistes, on ne peut pas qualifier cela de main tendue à Bamako. Par ailleurs, il a insisté sur la libération de l’Azawad par le Jihad et non à travers les accords », décrypte Wassim Nasr.
Cependant, même si la transposition n’est pas aussi simple qu’on pourrait le croire, il est certain que la poussée des talibans aura un impact sur la mouvance djihadiste. « Je dois rappeler qu’après un long silence, Iyad Ag Ghali a tenu dans son discours, à féliciter les talibans pour leurs victoires en se référant au terme « Notre émirat islamique ». Quand il a annoncé la naissance du JNIM en 2017, il a voué allégeance à Aqmi mais aussi à l’émirat islamique des talibans », analyse Wassim Nasr.
Qui ne doute pas de l’instrumentalisation de ces victoires par les filiales d’Al Qaida pour décrédibiliser davantage « l’expérience califale de l’État Islamique » et recruter...
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