Pour faire vivre leur souvenir, le président Abdoulaye Wade a institué la Journée des Tirailleurs, fêtée en grandes pompes chaque 21 décembre en sa présence solennelle, à la place de la Gare devenue place du Tirailleur. Le révisionnisme sallien a dévalué cette date majeure de notre calendrier républicain en cantonnant sa célébration dans la discrétion du camp de Thiaroye, sous présidence ministérielle.
Cette agression contre notre mémoire aurait dû suffire à contenter l’entreprise de recolonisation mentale engagée depuis 2012. Ce n’est apparemment pas le cas puisque Macky Sall s’est cru obligé de renchérir en rendant hommage à la gentillesse du colonisateur qui, prétend-t-il faussement, servait un « dessert » aux tirailleurs originaires du Sénégal.
Oui, faussement. Un ancien combattant a témoigné hier que les bénéficiaires de ces desserts n’étaient pas des tirailleurs mais des « citoyens » des quatre communes de Saint-Louis, Dakar, Rufisque et Gorée. Quant aux « non citoyens », tirailleurs sénégalais au même titre que leurs autres compatriotes ouest-africains, ils avaient aussi droit à un dessert, une noix de cola quotidienne.
Tous les dictateurs aiment jouer avec l’histoire. Le révisionnisme sallien est une boutade répétant, avec près d’un siècle de distance, le révisionnisme stalinien, du nom du dictateur soviétique Joseph Staline. Celui-ci avait si bien compris l’importance politique de la mémoire qu’il avait fait inventer la technique de retouche des photos, lui permettant d’effacer des archives l’image des personnalités tombées en disgrâce.
Ici, aujourd’hui, c’est le domicile de Me Wade, haut-lieu des luttes patriotiques, bastion des résistances démocratiques, que l’on veut effacer des mémoires. Un facebooker a écrit que le dictateur n’hésiterait pas à raser cette villa du Point-E à la première occasion, et ce n’est peut-être pas une simple boutade.
La bigoterie francolâtre - pardon, Excellence ! - restera certainement le marqueur essentiel du régime marron qui a choisi, par calcul pouvoiriste plus que par conviction, de servir, sans aucune gêne, les intérêts de la France au Sénégal. Ter, Auchan, péage, bases militaires, Ape, Cfa, Total, Air Sénégal, … inépuisable est la liste des « desserts » servis sans contrepartie sur la table hexagonale.
Paradoxe, au-delà des gains financiers immédiats, cet activisme produit une renaissance du sentiment patriotique et de l’attention portée à la défense de l’intérêt national, que certains appellent bizarrement un « sentiment antifrançais ». Cet activisme aura fait, pour l’éducation politique des Sénégalais, beaucoup plus que les efforts des générations successives de militants anti-impérialistes.
30/05/2018
Mamadou Bamba Ndiaye
Ancien député
Secrétaire général du Mps/Selal
Cette agression contre notre mémoire aurait dû suffire à contenter l’entreprise de recolonisation mentale engagée depuis 2012. Ce n’est apparemment pas le cas puisque Macky Sall s’est cru obligé de renchérir en rendant hommage à la gentillesse du colonisateur qui, prétend-t-il faussement, servait un « dessert » aux tirailleurs originaires du Sénégal.
Oui, faussement. Un ancien combattant a témoigné hier que les bénéficiaires de ces desserts n’étaient pas des tirailleurs mais des « citoyens » des quatre communes de Saint-Louis, Dakar, Rufisque et Gorée. Quant aux « non citoyens », tirailleurs sénégalais au même titre que leurs autres compatriotes ouest-africains, ils avaient aussi droit à un dessert, une noix de cola quotidienne.
Tous les dictateurs aiment jouer avec l’histoire. Le révisionnisme sallien est une boutade répétant, avec près d’un siècle de distance, le révisionnisme stalinien, du nom du dictateur soviétique Joseph Staline. Celui-ci avait si bien compris l’importance politique de la mémoire qu’il avait fait inventer la technique de retouche des photos, lui permettant d’effacer des archives l’image des personnalités tombées en disgrâce.
Ici, aujourd’hui, c’est le domicile de Me Wade, haut-lieu des luttes patriotiques, bastion des résistances démocratiques, que l’on veut effacer des mémoires. Un facebooker a écrit que le dictateur n’hésiterait pas à raser cette villa du Point-E à la première occasion, et ce n’est peut-être pas une simple boutade.
La bigoterie francolâtre - pardon, Excellence ! - restera certainement le marqueur essentiel du régime marron qui a choisi, par calcul pouvoiriste plus que par conviction, de servir, sans aucune gêne, les intérêts de la France au Sénégal. Ter, Auchan, péage, bases militaires, Ape, Cfa, Total, Air Sénégal, … inépuisable est la liste des « desserts » servis sans contrepartie sur la table hexagonale.
Paradoxe, au-delà des gains financiers immédiats, cet activisme produit une renaissance du sentiment patriotique et de l’attention portée à la défense de l’intérêt national, que certains appellent bizarrement un « sentiment antifrançais ». Cet activisme aura fait, pour l’éducation politique des Sénégalais, beaucoup plus que les efforts des générations successives de militants anti-impérialistes.
30/05/2018
Mamadou Bamba Ndiaye
Ancien député
Secrétaire général du Mps/Selal
Autres articles
-
Législatives 2024 à Ziguinchor: 10% de taux de participation à 10h
-
Elections législatives :Mary Teuw Niane a accompli son acte citoyen
-
Thiès : Idrissa Seck a voté au centre Malick Kaïré
-
Législatives 2024 : Après le devoir civique, un retour aux racines… le président de Pastef rend visite à sa mère...
-
Législatives à Thiès : Démarrage des opérations de vote… Ce n'est pas le grand rush dans les lieux de vote.