"C'est un goût sur tes lèvres, juste après les baisers
Une amertume à peine devinée
Rien qu'un goût sur tes lèvres, qui es-tu, n'es-tu pas ?
Peut-être plus ou bien moins que tu crois"
Marcelo Bielsa n'a sans doute jamais écouté du Jean-Jacques Goldman. Mais les paroles du chanteur le plus populaire de France, qui vit à Marseille, résument parfaitement la fin de l'aventure de l'Argentin à l'. Pour les supporters, il restera comme un mélange de plaisir et de désillusion. Et surtout d'incompréhension. Qui est vraiment Bielsa ? Cet homme droit qui ne transige jamais avec la parole donnée, quitte à briser des coeurs, ou ce personnage machiavélique capable de claquer la porte pour une sombre histoire de contrat ? Certainement un mélange de ces deux facettes. Car avec son départ, une part de l'angélisme a quitté certains de ses plus fervents fans. D'autres lui trouvent encore des circonstances atténuantes estimant que l'idole de Rosario a ses raisons que la raison ignore.
Difficile de tirer au clair les dessous de cette démission car les sources internes au club diffusent la parole officielle et, dans l'autre camp, il faut se contenter du communiqué de. Mais il faut se rendre à l'évidence. Elle était inévitable. Non pas pour les raisons évoquées depuis des mois (divergences d'opinion, de caractère, résultats) mais par la tournure des événements récents. Car à l'OM, les crises passent et la méthode reste la même. Quand une situation conflictuelle apparaît, son pourrissement est devenu la marque de fabrique du club, certainement héritée du style Robert Louis-Dreyfus, un homme incapable de trancher dans le vif quand il s'agissait de sa danseuse préférée, l'OM. Son disciple Vincent Labrune a suivi ses traces. Les épisodes ne manquent pas. On peut trouver dans le départ de Bielsa, un parallèle avec celui de Pape Diouf voire même de Didier Deschamps. Notamment dans l'apparition de personnages de l'ombre…
D'inconnus avocats envoyés en liquidateurs
Au printemps 2009, Pape Diouf est en guerre ouverte avec Vincent Labrune, le président du conseil de surveillance et confident de RLD. Son départ est dans l'air du temps sauf pour lui qui ne s'imagine pas remercié, fort d'un bilan positif. Juste avant sa mort, le milliardaire le convoque. Son sort est scellé. En arrivant dans la résidence suisse, Diouf découvre un Louis-Dreyfus très affaibli. Aucune trace de son meilleur ennemi, Vincent Labrune.
Il règle son départ avec Xavier Boucobza, le conseiller juridique de la famille. Six ans plus tard, un autre spécialiste du droit a surgi de nulle part : Igor Levin. Cet avocat russe basé à New York, dont personne n'avait jamais entendu parler dans la sphère olympienne, a été chargé par Margarita Louis-Dreyfus de recevoir Marcelo Bielsa. Flanqué de Philippe Perez, l'homme des basses oeuvres de la cour de Labrune, Levin annonce à l'Argentin quelques retouches sur son contrat. Que ces "détails" comme le jurent la direction olympienne soient d'ordre financier ou structurel, était-il envisageable que Bielsa ne réagisse pas comme il l'a fait ? Evidemment non. Et l', en particulier Vincent Labrune, le savait. Levin, qui n'occupe aucune place dans l'organigramme, était simplement en mission commandée dans cette affaire dans la cité marseillaise.
En fait, c'est MLD qui a sifflé la fin de la partie. Comme en 2012, lorsque ses conseillers avaient joué au bras de fer avec ceux de Didier Deschamps pour finalement trouver un accord sur sa résiliation en pleine nuit la veille de la reprise !
Devant ce feuilleton interminable de la prolongation de contrat d'un Marcelo Bielsa sans cesse plus exigeant, la patronne a arrêté les frais. Malgré un réchauffement de leurs relations et un mercato suivi de près par El Loco, Vincent Labrune devenait trop fragile face à un coach toujours plus puissant. En dépit de toute l'admiration qu'il lui portait, le président de l'OM a fini par lâcher l'affaire. La présence de Levin lors de ce rendez-vous décisif n'était pas anodine. Il n'était que la conclusion d'une situation qui ne pouvait plus durer. Car elle risquait d'empoisonner le club. A l'OM, l'actionnaire finit toujours par avoir le dernier mot.
Source: Goal
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