Le témoignage de Nafissatou Diallo ne parviendra pas à emporter la conviction des 12 jurés de la cour criminelle de Manhattan. C'est la raison pour laquelle, un mois et demi après avoir exprimé ses doutes quant à la crédibilité de la plaignante, le procureur Cyrus Vance décide d'abandonner les poursuites contre DSK. La réunion inattendue de ce lundi en présence de la jeune femme et de ses conseils était précisément destinée à rendre compte de cette décision, qui pourrait se traduire dans les jours prochains par un non-lieu. L'ex-patron du FMI, qui est accusé de viol et d'agression sexuelle, risquait 74 ans de prison. "Ce n'est pas que le procureur ne croit pas la plaignante, c'est qu'il ne lui fait plus confiance, décrypte Pierre Hourcade, avocat aux barreaux de Paris et de New York. Il ne veut pas prendre le risque d'une lente agonie vers un acquittement." La possibilité d'une telle issue s'est nourrie des dernières déclarations de la femme de chambre à la presse, livrant des billes supplémentaires aux avocats de DSK dans un procès pénal.
La victime présumée, livrée en pâture aux rafales de questions déstabilisantes de Ben Brafman et privée de l'appui de son avocat qui n'a aucun rôle dans le procès pénal, avait tout risque de se contredire de nouveau dans ses réponses fournies sous serment et d'alimenter le "doute raisonnable" de certains des jurés. " Or un acquittement de DSK aurait été catastrophique pour Nafissatou Diallo." Cette dernière a en effet, le 8 août dernier, porté plainte au civil contre DSK. "Les jurés civils auraient su inévitablement par la presse qu'un jury pénal n'a pas cru à son témoignage", souligne l'avocat new-yorkais et ancien substitut au parquet de New York Stephen Dreyfuss.
Un nouveau défi pour DSK
À cet égard, la décision du procureur fait l'écho d'une victoire dans le camp de Nafissatou Diallo, ce qui expliquerait, rétrospectivement, la stratégie que ses avocats déploient depuis des semaines pour incommoder le procureur. "L'attitude de défiance des conseils de madame Diallo envers le procureur montre qu'ils craignaient qu'un procès pénal ne se solde par l'acquittement de DSK et, quoi qu'ils en disent, que l'abandon des poursuites pénales ne leur permette d'avoir le beurre et l'argent du beurre, note Stephen Dreyfuss. Ils peuvent désormais convertir les jurés civils à la thèse de l'injustice d'une telle décision afin d'emporter leur conviction."
D'autant que la responsabilité de DSK devant un jury civil repose sur une preuve peu exigeante. Il suffit de démontrer aux jurés qu'il est plus probable que la plaignante ait été agressée plutôt que le contraire pour que la responsabilité de DSK soit acquise. Les aspérités du témoignage de Nafissatou Diallo, épaulée dans ce cas par ses avocats, pèseront donc d'un poids moindre sur la conviction des jurés. Quant à DSK, tenu de témoigner sous serment, il devra affronter l'interrogatoire en bonne et due forme de Kenneth Thompson et Douglas Widgor. Donc, loin de s'apparenter à un acquittement et de signer son innocence, l'abandon des charges au pénal annonce le nouveau défi que devra relever DSK, du haut de sa victoire.
LAURENCE NEUER
( Avec Le point )
LAURENCE NEUER
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