Artiste, peintre, décorateur de renommée internationale, le Sénégalais Jacob Yacouba a marqué son époque. Parti de son Tamba natal, il va se faire un nom à partir de sa ville adoptive Saint-Louis du Sénégal. Au sommet de son art, il est immobilisé par une maladie donnant un coup d’arrêt à sa carrière. Abandonné par une partie de ses amis, il cherche aujourd’hui à donner un nouvel élan à sa carrière dans le quartier de la Cité Niakh où il vit avec sa femme. Retour sur le parcours inédit d’un artiste hors du commun qui considère aujourd’hui la vie comme un jackpot.
Grande a été notre surprise lorsqu’au seuil de son atelier, au quartier de la Cité Niakh, nous apercevons un homme confortablement assis sur un fauteuil, une cigarette à la main. Jacob Yacouba que nous redécouvrons en culotte et chemise Lacoste, après tant d’années, nous accueille, le sourire aux lèvres. Beaucoup l’avaient en effet déclaré très malade, alité et même mourant. Absent pendant une dizaine d’années de la scène artistique pour cause de maladie, il en garde encore les séquelles. Mais l’homme garde toujours cette chaleur qu’on lui connaissait. A peine sommes nous arrivés, qu’il se lève pour nous recevoir. Par la suite, la démarche hésitante, il va chercher les catalogues dans lesquels sont consignée toutes ses œuvres.
Né le 4 avril 1947, à Tambacounda, de parents peulhs, Jacob Yacouba a signé un pacte avec le pinceau dès l’âge de 7 ans. A cet âge déjà, raconte-t-il, «je dessinais sur les murs de la maison familiale, puis sur ceux de mon quartier. Parfois il m’arrivait aussi de passer une dizaine de minutes devant les affiches de cinéma que je reproduisais par la suite». Plus tard, Jacob se familiarise avec le papier Canson. Après l’école élémentaire dans sa ville natale, il se rend à Dakar où il fréquente le Lycée Maurice de Lafosse.
A 19 ans, c’est le début de la gloire. Il remporte le prix du premier Festival mondial des arts nègres organisé par le Sénégal en 1966. Mais deux ans plus tard, Jacob Yacouba qui se trouve parmi les animateurs de la grève de 1968, quitte l’école. Un départ favorisé surtout par la disparition de ses parents. Quelques années plus tard, il débarque à Saint-Louis. On était le 17 juillet 1971. Si cette date reste ancrée dans la mémoire de Jacob Yacouba, c’est parce que ce fut le début d’une véritable histoire d’amour entre lui et cette ville, mais surtout avec celle qui va désormais partager sa vie, pour le meilleur et le pire : Marie Madeleine Diallo.
A Saint-Louis, Jacob Yacouba ne chôme pas. Dès son arrivé, il intègre l’African group, un groupe de musique créé par de jeunes Saint-Louisiens. Mais, l’aventure va durer le temps d’une rose. Reprochant à ses membres leur manque d’ambition et l’absence d’ateliers de recherche, il claque la porte la même année. Mais durant cette brève carrière musicale, Jacob Yacouba n’avait pas pour autant abandonné son pinceau. Alors, il va s’y consacrer davantage et deux ans plus tard, il tient sa première exposition professionnelle au Centre culturel français de Saint-Louis, seul lieu d’exposition à l’époque en l’absence d’une quelconque galerie. Le centre culturel va, à partir de ce moment jouer un rôle de premier plan dans sa carrière. De Saint-Louis, Jacob Yacouba va se faire connaître à travers le monde. «Je me suis fait connaître à travers le monde à partir de Saint-Louis», aime t-il raconter. Il multiplie les expositions d’abord à Dakar, capitale du Sénégal, passage obligé pour tous les peintres du pays. Sur place, il se fraie une place dans la cour des grands avant d’aller à la conquête du monde. En Afrique, en Europe et même aux Etats-Unis, il expose dans les plus grandes galeries. Ses tableaux sont courus et les férus d’art et autres collectionneurs se pressent quand Jacob Yacouba occupent les cimaises. Celui que l’artiste peintre français Patrice Breton a surnommé le Picasso Africain est alors au sommet de son art. Des chefs d’Etat comme Léopold Sédar Senghor ou encore Oumar Bongo le sollicitent pour leur collection personnelle, il réalise aussi des fresques pour les ambassades et pour de grands hôtels à travers le monde. Cerise sur le gâteau, son nom est même inscrit dans le dictionnaire des arts.
Reflet de son époque comme il aime le dire, Jacob Yacouba aborde des thèmes actuels, il peint d’abord la souffrance vécue par certains de ses amis emprisonnés et la souffrance endurée par l’homme en général pour se faire une place dans la société. La femme occupe aussi une place de choix dans les tableaux de Jacob, il la peint avec dextérité, lui donne une nouvelle vie, la recrée, une façon pour lui de rendre hommage à sa mère, à son épouse Marie Madeleine mais aussi à toutes les femmes du monde et à la déesse du fleuve Sénégal, le totem de la ville de Saint-Louis Mame Coumba Bang.
Pour montrer à la face du monde que l’esthétique dont l’Europe réclame la paternité et l’exclusivité est aussi africaine, il en fait un cheval de bataille montrant que le continent noir pouvait se prévaloir de sa propre esthétique. L’amour qui rythme la vie de tous les jours ne le laisse pas indifférent, par moment ses tableaux sont empreints de sensualité. Devenu l’un des meilleurs de son époque, Jacob Yacouba traîne cependant une maladie sans le savoir. Les premières symptômes apparaissent. Malade, il se fait soigner d’abord à Dakar puis à Paris où il a été hospitalisé. Toutefois il ne range pas pour autant son pinceau.
En 2006, retenu sur son lit d’hôpital il expose quand même à Lyon à «l’Antre parenthèse». «Je suis un escargot», confie t-il, «je me déplace avec ma maison et mon atelier». La descente aux enfers avait cependant commencé pour lui, très malade, et obligé de cesser son activité pendant plusieurs années, beaucoup de ses amis l’abandonnent, il dépense d’importantes sommes d’argent pour se soigner et les rumeurs les plus folles annoncent son divorce d’avec Marie Madeleine sa compagne de toujours. Certains n’hésitent pas d’ailleurs à lier sa maladie avec la déception qu’il aurait tirée de l’échec de son ménage. Mais il n’en était rien affirme Yacouba. «Au Sénégal et même dans le monde entier si l’on ne parle pas de vous c’est parce que vous n’avez aucun intérêt pour les gens», martèle t-il.
A ce sujet, il confie : «C’est moi qui m’éloigne souvent d’elle, j’ai loué un appartement à Somone pendant une année, afin de lui permettre de s’occuper de sa mère malade, mais elle a refusé de rester à Saint-Louis, elle faisait la navette pour venir me voir. Je suis resté à Dakar pendant une année dans un grand hôtel parce que j’avais des problèmes respiratoires, mais là aussi elle avait refusé de rester à Saint-Louis. On ne divorce pas après 43 ans de mariage.»
Il y a 6 mois Jacob Yacouba ne marchait plus, les plus sceptiques avaient même annoncé sa fin prochaine, mais aujourd’hui, il va mieux, beaucoup mieux. Tellement mieux qu’il donne rendez-vous aux amoureux de ses œuvres et à ses adorateurs, à Dakar, en fin d’année pour une nouvelle exposition. A quand la fin de sa carrière ? Ne lui posez surtout pas cette question, car pour lui, comme l’avocat, le peintre ne connaît pas la retraite, c’est le pinceau qui rythme sa vie. «Peindre c’est comme respirer, si vous ne peignez pas, vous cessez de vivre», a-t-il en effet soutenu.
Grande a été notre surprise lorsqu’au seuil de son atelier, au quartier de la Cité Niakh, nous apercevons un homme confortablement assis sur un fauteuil, une cigarette à la main. Jacob Yacouba que nous redécouvrons en culotte et chemise Lacoste, après tant d’années, nous accueille, le sourire aux lèvres. Beaucoup l’avaient en effet déclaré très malade, alité et même mourant. Absent pendant une dizaine d’années de la scène artistique pour cause de maladie, il en garde encore les séquelles. Mais l’homme garde toujours cette chaleur qu’on lui connaissait. A peine sommes nous arrivés, qu’il se lève pour nous recevoir. Par la suite, la démarche hésitante, il va chercher les catalogues dans lesquels sont consignée toutes ses œuvres.
Né le 4 avril 1947, à Tambacounda, de parents peulhs, Jacob Yacouba a signé un pacte avec le pinceau dès l’âge de 7 ans. A cet âge déjà, raconte-t-il, «je dessinais sur les murs de la maison familiale, puis sur ceux de mon quartier. Parfois il m’arrivait aussi de passer une dizaine de minutes devant les affiches de cinéma que je reproduisais par la suite». Plus tard, Jacob se familiarise avec le papier Canson. Après l’école élémentaire dans sa ville natale, il se rend à Dakar où il fréquente le Lycée Maurice de Lafosse.
A 19 ans, c’est le début de la gloire. Il remporte le prix du premier Festival mondial des arts nègres organisé par le Sénégal en 1966. Mais deux ans plus tard, Jacob Yacouba qui se trouve parmi les animateurs de la grève de 1968, quitte l’école. Un départ favorisé surtout par la disparition de ses parents. Quelques années plus tard, il débarque à Saint-Louis. On était le 17 juillet 1971. Si cette date reste ancrée dans la mémoire de Jacob Yacouba, c’est parce que ce fut le début d’une véritable histoire d’amour entre lui et cette ville, mais surtout avec celle qui va désormais partager sa vie, pour le meilleur et le pire : Marie Madeleine Diallo.
A Saint-Louis, Jacob Yacouba ne chôme pas. Dès son arrivé, il intègre l’African group, un groupe de musique créé par de jeunes Saint-Louisiens. Mais, l’aventure va durer le temps d’une rose. Reprochant à ses membres leur manque d’ambition et l’absence d’ateliers de recherche, il claque la porte la même année. Mais durant cette brève carrière musicale, Jacob Yacouba n’avait pas pour autant abandonné son pinceau. Alors, il va s’y consacrer davantage et deux ans plus tard, il tient sa première exposition professionnelle au Centre culturel français de Saint-Louis, seul lieu d’exposition à l’époque en l’absence d’une quelconque galerie. Le centre culturel va, à partir de ce moment jouer un rôle de premier plan dans sa carrière. De Saint-Louis, Jacob Yacouba va se faire connaître à travers le monde. «Je me suis fait connaître à travers le monde à partir de Saint-Louis», aime t-il raconter. Il multiplie les expositions d’abord à Dakar, capitale du Sénégal, passage obligé pour tous les peintres du pays. Sur place, il se fraie une place dans la cour des grands avant d’aller à la conquête du monde. En Afrique, en Europe et même aux Etats-Unis, il expose dans les plus grandes galeries. Ses tableaux sont courus et les férus d’art et autres collectionneurs se pressent quand Jacob Yacouba occupent les cimaises. Celui que l’artiste peintre français Patrice Breton a surnommé le Picasso Africain est alors au sommet de son art. Des chefs d’Etat comme Léopold Sédar Senghor ou encore Oumar Bongo le sollicitent pour leur collection personnelle, il réalise aussi des fresques pour les ambassades et pour de grands hôtels à travers le monde. Cerise sur le gâteau, son nom est même inscrit dans le dictionnaire des arts.
Reflet de son époque comme il aime le dire, Jacob Yacouba aborde des thèmes actuels, il peint d’abord la souffrance vécue par certains de ses amis emprisonnés et la souffrance endurée par l’homme en général pour se faire une place dans la société. La femme occupe aussi une place de choix dans les tableaux de Jacob, il la peint avec dextérité, lui donne une nouvelle vie, la recrée, une façon pour lui de rendre hommage à sa mère, à son épouse Marie Madeleine mais aussi à toutes les femmes du monde et à la déesse du fleuve Sénégal, le totem de la ville de Saint-Louis Mame Coumba Bang.
Pour montrer à la face du monde que l’esthétique dont l’Europe réclame la paternité et l’exclusivité est aussi africaine, il en fait un cheval de bataille montrant que le continent noir pouvait se prévaloir de sa propre esthétique. L’amour qui rythme la vie de tous les jours ne le laisse pas indifférent, par moment ses tableaux sont empreints de sensualité. Devenu l’un des meilleurs de son époque, Jacob Yacouba traîne cependant une maladie sans le savoir. Les premières symptômes apparaissent. Malade, il se fait soigner d’abord à Dakar puis à Paris où il a été hospitalisé. Toutefois il ne range pas pour autant son pinceau.
En 2006, retenu sur son lit d’hôpital il expose quand même à Lyon à «l’Antre parenthèse». «Je suis un escargot», confie t-il, «je me déplace avec ma maison et mon atelier». La descente aux enfers avait cependant commencé pour lui, très malade, et obligé de cesser son activité pendant plusieurs années, beaucoup de ses amis l’abandonnent, il dépense d’importantes sommes d’argent pour se soigner et les rumeurs les plus folles annoncent son divorce d’avec Marie Madeleine sa compagne de toujours. Certains n’hésitent pas d’ailleurs à lier sa maladie avec la déception qu’il aurait tirée de l’échec de son ménage. Mais il n’en était rien affirme Yacouba. «Au Sénégal et même dans le monde entier si l’on ne parle pas de vous c’est parce que vous n’avez aucun intérêt pour les gens», martèle t-il.
A ce sujet, il confie : «C’est moi qui m’éloigne souvent d’elle, j’ai loué un appartement à Somone pendant une année, afin de lui permettre de s’occuper de sa mère malade, mais elle a refusé de rester à Saint-Louis, elle faisait la navette pour venir me voir. Je suis resté à Dakar pendant une année dans un grand hôtel parce que j’avais des problèmes respiratoires, mais là aussi elle avait refusé de rester à Saint-Louis. On ne divorce pas après 43 ans de mariage.»
Il y a 6 mois Jacob Yacouba ne marchait plus, les plus sceptiques avaient même annoncé sa fin prochaine, mais aujourd’hui, il va mieux, beaucoup mieux. Tellement mieux qu’il donne rendez-vous aux amoureux de ses œuvres et à ses adorateurs, à Dakar, en fin d’année pour une nouvelle exposition. A quand la fin de sa carrière ? Ne lui posez surtout pas cette question, car pour lui, comme l’avocat, le peintre ne connaît pas la retraite, c’est le pinceau qui rythme sa vie. «Peindre c’est comme respirer, si vous ne peignez pas, vous cessez de vivre», a-t-il en effet soutenu.
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Marie Madeleine Diallo, un amour sans comédie : «Avec mon mari, pour le meilleur et le pire»
«J’ai vécu sa maladie comme toute épouse normale dont le mari n’est pas une célébrité. Vous décidez de vous unir pour le meilleur et pour le pire et quels que soient les obstacles», confie Marie Madeleine Diallo. Toutefois, pour l’artiste-comédienne, l’inactivité de son mari est un dommage pour ce qu’il représentait. «Il faisait bénéficier au public dakarois, aux collectionneurs et tous ceux qui l’appréciaient d’expositions de haute facture, c’est dommage», ajoute-t-elle. Toujours dans ses confidences, l’ex-agent de la Rts révèle avoir écourté sa carrière en arrêtant à 55 ans pour s’occuper de son mari, alors qu’elle avait la possibilité de continuer jusqu’à 60 ans et d’être nommée directrice de la station régionale de Saint-Louis.
La maladie de son mari n’a pas manqué de bouleverser l’environnement familial. Marie Madeleine reconnaît en effet que le train de vie du couple a subi un sacré coup. «Le train de vie n’est plus le même, il vendait des tableaux à 1 ou 2 millions et il n’avait plus la possibilité de le faire. Quand quelqu’un n’est plus en activité, son train de vie en pâti», affirme-t-elle. Dans la même foulée Marie Madeleine dément formellement avoir été quitté par Jacob Yacouba pour une autre femme. Sur cette question, elle est catégorique. «Ce n’est pas vrai», répond-t-elle énergiquement, avant d’ajouter : «Il y a des gens qui disent même que nous avons divorcé, mais c’est faux ! En bon pulaar il ne voulait pas vivre sous le même toit que ma mère, c’est pourquoi il a préféré vivre à la Somone pendant que je m’occupais d’elle. Après son décès, il est revenu à Saint-Louis.» L’avenir du couple, Marie Madeleine l’envisage avec beaucoup d’espoir. Pour conclure, elle nous confie très optimiste : «Il a commencé à peindre à nouveau et bientôt vous le reverrez.»
Ibrahima Condé, ami du couple : «Pensant qu’il allait mourir, certains se sont jetés comme des charognards sur ses œuvres»
«Je connais le couple Yacouba autant qu’un être humain puisse en connaître un autre. Je peux prétendre les connaître parce que cela fait 43 ans que nous cheminons ensemble. Leur histoire est connue de tout Saint-Louis, depuis le début. Jacob était employé dans la famille de Madeleine, il était un excellent guitariste. Madeleine n’était pas là, elle était à Dakar. A son retour elle a trouvé Jacob et ce fut le coup de foudre, malgré l’opposition de tout le monde, la famille, les amis et même les rivaux. On a lutté contre tous les deux par tous les moyens mais ils sont restés ensemble. Ils se sont refugiés dans la privation matérielle certes, mais leur force était leur amour. Pendant cette période ils avaient des problèmes avec la famille et même avec toute la ville. Mais ils ont fini par se marier», raconte Ibrahima Condé, le plus fidèle ami de la famille Yacouba.
Assistant de Jacob Yacouba pendant plusieurs années M. Condé qualifie la carrière de ce dernier de carrière en dents de scie. Il soutient en effet qu’on ne peut pas parler d’heures de gloire s’agissant de Jacob Yacouba. «Je l’ai connu dans des moments difficiles, beaucoup plus difficiles qu’actuellement où il est tombé malade. Il y a eu des moments où tous les feux de l’actualité étaient braqués sur lui. Au début, il avait commencé par vendre des tableaux devant La Poste, c’est Madeleine même qui se chargeait de la vente des tableaux en général. Adepte de l’école de Dakar il avait fait quelques cartons pour les manufactures de Thiès. Ces œuvres ont finalement intéressé plusieurs chefs d’Etat dont Léopold Sédar Senghor et François Mitterrand qui ont demandé à avoir des exemplaires. C’était donc l’un des rares à qui on achetait les cartons très chers. Par la suite ils sont allés en France où Jacob a fréquenté les Beaux arts de Reims. Quand il est revenu, il a changé de technique, il a commencé à utiliser la technique du Sépia, différente de ce qu’on faisait à l’école de Dakar. A partir de ce moment ce fut la montée en puissance, il était devenu l’un des artistes-peintres les plus chers du Sénégal. Quand on partait en exposition, les gens achetaient tout et en redemandaient, on parvenait à vendre tout avant de rentrer à Saint-Louis. On avait alors commencé à le combattre d’abord dans le milieu de la peinture et même parmi ses propres amis. Les gens on raconté du n’importe quoi sur lui. Un jour nous étions en exposition lorsqu’on nous a amené un grand journal de la place dans les colonnes duquel on avait écrit que Jacob et Marie avaient divorcé. C’est nous-mêmes qui avions appelé Madeleine pour l’en informer. On a tenté de le démolir, mais il a fait face. Quand il était au plus fort de sa maladie, certains se sont jetés comme des charognards sur ses œuvres pour les acheter pensant qu’il allait mourir», confie Condé.
Par ailleurs sur un autre sujet, il se veut formel : le couple n’a jamais divorcé. Quant aux amis de Yacouba qui l’ont quitté, Ibrahima Condé s’est posé la question de savoir s’ils étaient vraiment ses amis. «Vous savez, Jacob étaient populiste et il donnait à gauche et à droite et les gens gravitaient autour de lui par intérêt, donc c’est normal qu’ils soient partis quand il n’était plus actif», révèle-t-il, non sans manquer d’avertir les plus sceptiques : «Jacob va mieux et reviendra bientôt sur la scène artistique.»
( Le Quotidien )
La maladie de son mari n’a pas manqué de bouleverser l’environnement familial. Marie Madeleine reconnaît en effet que le train de vie du couple a subi un sacré coup. «Le train de vie n’est plus le même, il vendait des tableaux à 1 ou 2 millions et il n’avait plus la possibilité de le faire. Quand quelqu’un n’est plus en activité, son train de vie en pâti», affirme-t-elle. Dans la même foulée Marie Madeleine dément formellement avoir été quitté par Jacob Yacouba pour une autre femme. Sur cette question, elle est catégorique. «Ce n’est pas vrai», répond-t-elle énergiquement, avant d’ajouter : «Il y a des gens qui disent même que nous avons divorcé, mais c’est faux ! En bon pulaar il ne voulait pas vivre sous le même toit que ma mère, c’est pourquoi il a préféré vivre à la Somone pendant que je m’occupais d’elle. Après son décès, il est revenu à Saint-Louis.» L’avenir du couple, Marie Madeleine l’envisage avec beaucoup d’espoir. Pour conclure, elle nous confie très optimiste : «Il a commencé à peindre à nouveau et bientôt vous le reverrez.»
Ibrahima Condé, ami du couple : «Pensant qu’il allait mourir, certains se sont jetés comme des charognards sur ses œuvres»
«Je connais le couple Yacouba autant qu’un être humain puisse en connaître un autre. Je peux prétendre les connaître parce que cela fait 43 ans que nous cheminons ensemble. Leur histoire est connue de tout Saint-Louis, depuis le début. Jacob était employé dans la famille de Madeleine, il était un excellent guitariste. Madeleine n’était pas là, elle était à Dakar. A son retour elle a trouvé Jacob et ce fut le coup de foudre, malgré l’opposition de tout le monde, la famille, les amis et même les rivaux. On a lutté contre tous les deux par tous les moyens mais ils sont restés ensemble. Ils se sont refugiés dans la privation matérielle certes, mais leur force était leur amour. Pendant cette période ils avaient des problèmes avec la famille et même avec toute la ville. Mais ils ont fini par se marier», raconte Ibrahima Condé, le plus fidèle ami de la famille Yacouba.
Assistant de Jacob Yacouba pendant plusieurs années M. Condé qualifie la carrière de ce dernier de carrière en dents de scie. Il soutient en effet qu’on ne peut pas parler d’heures de gloire s’agissant de Jacob Yacouba. «Je l’ai connu dans des moments difficiles, beaucoup plus difficiles qu’actuellement où il est tombé malade. Il y a eu des moments où tous les feux de l’actualité étaient braqués sur lui. Au début, il avait commencé par vendre des tableaux devant La Poste, c’est Madeleine même qui se chargeait de la vente des tableaux en général. Adepte de l’école de Dakar il avait fait quelques cartons pour les manufactures de Thiès. Ces œuvres ont finalement intéressé plusieurs chefs d’Etat dont Léopold Sédar Senghor et François Mitterrand qui ont demandé à avoir des exemplaires. C’était donc l’un des rares à qui on achetait les cartons très chers. Par la suite ils sont allés en France où Jacob a fréquenté les Beaux arts de Reims. Quand il est revenu, il a changé de technique, il a commencé à utiliser la technique du Sépia, différente de ce qu’on faisait à l’école de Dakar. A partir de ce moment ce fut la montée en puissance, il était devenu l’un des artistes-peintres les plus chers du Sénégal. Quand on partait en exposition, les gens achetaient tout et en redemandaient, on parvenait à vendre tout avant de rentrer à Saint-Louis. On avait alors commencé à le combattre d’abord dans le milieu de la peinture et même parmi ses propres amis. Les gens on raconté du n’importe quoi sur lui. Un jour nous étions en exposition lorsqu’on nous a amené un grand journal de la place dans les colonnes duquel on avait écrit que Jacob et Marie avaient divorcé. C’est nous-mêmes qui avions appelé Madeleine pour l’en informer. On a tenté de le démolir, mais il a fait face. Quand il était au plus fort de sa maladie, certains se sont jetés comme des charognards sur ses œuvres pour les acheter pensant qu’il allait mourir», confie Condé.
Par ailleurs sur un autre sujet, il se veut formel : le couple n’a jamais divorcé. Quant aux amis de Yacouba qui l’ont quitté, Ibrahima Condé s’est posé la question de savoir s’ils étaient vraiment ses amis. «Vous savez, Jacob étaient populiste et il donnait à gauche et à droite et les gens gravitaient autour de lui par intérêt, donc c’est normal qu’ils soient partis quand il n’était plus actif», révèle-t-il, non sans manquer d’avertir les plus sceptiques : «Jacob va mieux et reviendra bientôt sur la scène artistique.»
( Le Quotidien )