Les parrains de l’échec (Par Soro DIOP)


Ce sont les pyromanes qui font souffrir. Ils vont pousser des urticaires. Ils n’ont pas eu leur «23 juin», le 19 avril. De quoi ne pas assouvir leur avidité du feu et des flammes et aviver ainsi leur névrotique goût pour le désastre et le massacre. Bien sûr, il y a eu quelques pneus et amas de bois brûlés par des groupuscules de politiciens. Pour ceux qui avaient prédit un 23 juin du 19 avril plus sanglant que le vrai 23 juin, c’est le top du flop. Echec et mat pour les opposants qui confondent jeu politique et poker.
Jusqu’à la plénière de l’Assemblée nationale, ce 18 avril 2018 qui n’a été que la seconde répétition comique du 23 juin 2011, l’opposition aura joué avec la carte du blocage alors qu’elle avait là une occasion en or d’expliquer et de clarifier le débat. Elle a manqué d’allure et de panache. Elle était venue pour l’affichage. Le buzz quoi ! Une façon d’apparaître. Chaque député de l’opposition, pensant à son candidat ou à sa candidature, était dans la centralité de soi. Ils étaient environ 17 intervenants avec des arguments reposant sur une même stratégie et ayant une même finalité : l’ajournement de la séance. C’est ainsi qu’elle a créé les conditions d’un vote sans débat car la majorité a bien compris cette stratégie qui relève d’un infantilisme politique.    
C’est ce que les 119 députés ayant voté la loi sur le parrainage citoyen, après environ 8 heures d’horloge monopolisées par l’opposition, ont compris en adoptant comme lettre à la poste le projet de loi n°13/2018 de la constitution en ramenant cependant le pourcentage de 1% initialement fixé à 0,8% des inscrits.  Alea jacta est !
Dehors, les citoyens sénégalais au nom desquels les opposants se sont autoproclamés, à longueur… de journaux et à largeur de… plateaux télévisés, les fervents défenseurs contre le parrainage n’ont pas été vraiment au rendez-vous d’une  forte mobilisation escomptée, en dépit des scènes et des scenarii concoctés pour faire sortir les foules. Une cinglante et foudroyante réponse citoyenne à une opposition et quelques gens de la société civile encagoulés qui auront, sur le projet de parrainage destiné à assainir le champ politico-électoral, usé et abusé de toutes les contrevérités, de toute sorte de manipulations pour obtenir un rouleau compresseur populaire afin de rééditer un 23 juin le 19 avril. 
Le peuple sénégalais, décidément d’une lucidité jamais prise à défaut, -elle l’a démontré à chaque élection- n’a pas succombé aux hystéries et procès politico-médiatiques destinés à étouffer le vrai débat et les véritables enjeux relatifs au parrainage citoyen. Quand on vous disait que l’enfumage verbal de l’opposition ne pèse pas plus que le poids d’un duvet pour faire basculer à son profit les rapports de forces politiques ! L’enfumage verbal ne suffit jamais pour faire larmoyer les yeux des citoyens lucides qui n’appartiennent pas, en grande majorité, à ce «peuple des réseaux sociaux» qui prétend changer la marche de l’histoire… à coups de clics ou de pavés tactiles. 
Ce jeudi 19 avril 2018, les Sénégalais qu’un vrai Kilifa (un leader respecté et respectable) d’une nouvelle citoyenneté, même en avidité de «Y’en a marre» pour satisfaire sa pyromanie, n’aurait jamais dû qualifier de «lâches», ont montré et démontré qu’ils ne sont pas des moutons de Panurge. Ils ne sont ni lâches ni défaillants. Il se trouve qu’ils ne sont pas les adeptes des paradoxes et de l’anachronisme. Ils sont cohérents à la différence de ceux qui se coalisent avec les naufragés du 23 juin 2011. Des naufragés qui ont l’estomac de vouloir refaire l’histoire à rebours le 19 avril 2018. 
Les Sénégalais, dans leur écrasante majorité, n’ont pas jugé de tenir la boite d’allumettes aux pyromanes. Ils ont fini par comprendre que le principe même du parrainage citoyen constitue une modalité par laquelle ils ont la possibilité de décider par eux-mêmes face à ceux qui convoitent leurs voix. Diantre, pourquoi donc avoir peur du quitus des citoyens pour juger et jauger ceux qui seront dignes de porter leur confiance, de jouir ainsi de leur argent et des moyens de l’Etat mis à leur disposition durant des élections ? 
UN PEU DE SERIEUX QUAND MEME !
Ni la profusion des saillies verbales et verbeuses, ni les simples délires protestataires sur fond de désertion de propositions pertinentes et réalistes, ni les accusations géométriquement centrées sur la personne même du Président Macky Sall, encore moins les prédictions de l’apocalypse ne constituent vraiment un programme ou un projet de société. Un peu de sérieux quand même ! 
Ils se sont fourvoyés, ces opposants engoncés dans le déni systématique, pour ne pas dire systémique, des faits sacrés qui, qu’on le veuille ou non, qu’on le reconnaisse ou pas, «marbrent» les réalisations et les avancées significatives du Plan Sénégal Emergent, épicentre du programme de gouvernance du Président de la République Macky Sall. Est-ce donc une posture délictuelle que de le lui reconnaître ? Que de l’admettre, au-delà même d’une adversité politique qui vire parfois à l’exécration ? 
Pourtant, dans cette affaire de parrainage qui rend au citoyen sa centralité dans le choix de ses dirigeants, sans une cécité politique et un entêtement dans la surdité, il y avait de quoi rendre le débat fécond et policé d’autant plus que par le passé et même en cette période, il y a eu et il y a un accord sur la nécessité de rationaliser enfin un champ politique débridé de plus en plus par des candidatures en croissance exponentielle qui risquent d’obstruer toute visibilité dans les choix aux élections. 
Seulement, les opposants surfant allègrement sur une prétendue chienlit sociale et politiques trouvaient que c’est occasion bénite pour faire basculer le rapport des forces à leur avantage et cela à quelques mois de la présidentielle. Si tel était le test politique le 19 avril 2018, c’est le flop. Le Président Macky Sall a franchi le cap de la tempête. Pas d’orage. Comme d’ailleurs, toutes les tempêtes et orages que les météorologues de l’opposition n’ont cessé de prévoir.  
Pourtant, au sujet du parrainage, en principe, quand on s’accorde sur l’essentiel, les débats deviennent plus féconds. L’essentiel, et tous en conviennent-, c’est de mettre le garrot à l’hémorragie de candidats dont certains ne sont même pas assurés d’avoir le vote de leur concierge ou de leur domestique, et qui coûtent très cher au Trésor public. En plus, que de vertiges, ils donnent aux médias lors de la couverture des campagnes électorales ! Sans compter, on ne le souligne pas assez, que certains candidats farfelus et d’autres immensément riches à la faveur du régime de Wade, fabrique de milliardaires, sont des machines à laver l’argent sale plutôt que des collecteurs de suffrages. 
Au finish, dans tout cela, le 19 avril 2018 aura été traversé par des leçons à tirer aussi bien pour l’opposition que pour le pouvoir. Parmi elles, la politique-émotion de l’opposition, qui ne donne que des parrains de l’échec. 
Une leçon qui nous vient de l’auteur des « Misérables» qui vaut pour le Président Macky Sall et ses alliés: «Tenter, braver, persister, persévérer, être fidèle à soi-même, prendre corps à corps le destin, étonner la catastrophe par le peu de peur qu’elle nous fait, tantôt affronter la puissance injuste, tantôt insulter la victoire ivre, tenir bon, tenir tête ; voilà l’exemple dont les peuples ont besoin, et la lumière qui les électrise.»
Vendredi 20 Avril 2018




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