En Côte d’Ivoire, si Facebook, Twitter et les autres réseaux sociaux ne sont pas à l’origine d’un bouleversement aussi spectaculaire comme ce fut le cas en Afrique du Nord, ils influencent cependant toutes les franges sociales, même les plus infimes et celles résolument conservatrices comme les "marabouts". A Abidjan, les marabouts exploitent au mieux Internet et les réseaux sociaux pour attirer et fidéliser leur clientèle.
Par Selay Marius Kouassi, Abidjan
De l’espace physique…
Dans le langage populaire ivoirien, le mot "marabout" désigne non pas un oiseau échassier mais une personne savante en sciences occultes et ésotérisme ; une personne à la fois capable de jeter des sorts ou d’en atténuer l’effet ou encore de lire le passé, le présent et le futur.
Dans la capitale économique ivoirienne, les marabouts ne déambulent pas dans les rues comme c’est bien le cas à Dakar au Sénégal, mais, ils y sont pourtant, en nombre réduit peut être, mais pas pour autant si discrets.
Dans certains quartiers, la rue et les autres abords de voies sont le lieu par excellence de l’exercice du maraboutage. Le nombre des marabouts qui exercent dans les rues diminue de jour en jour.
De plus en plus portés vers les moyens de communication modernes, en vue d’attirer une clientèle encore plus importante, les marabouts frappent régulièrement à la porte de certaines radios de proximité qui leur ont ouvert des espaces où ils vantent à longueur de journée leurs prouesses et font le récit de leurs exploits.
Aussi, en captant les réseaux sociaux dans leur campagne publicitaire, les marabouts innovent et entrent dans l’espace virtuel.
… A l’espace virtuel… nouveaux modes opératoires
L’utilisation d’Internet, de Facebook et de Twitter comme nouveaux outils de communication et d’interaction sociale a fait naître de nouveaux modes opératoires de consultation chez la plupart des marabouts à Abidjan.
Bamba Sinali revendique une vingtaine d’années d’expérience en ‘maraboutage’. Des années durant, il a exercé dans les rues avant de s’ouvrir un petit cabinet. Bamba raconte comment il a intégré internet et les réseaux sociaux dans son travail il y a seulement quelques mois.
"J’ai découvert Internet l’an dernier et jusqu’à une date récente je l’utilisais uniquement pour lire mes courriels. J’ai cherché à savoir pourquoi ma fille passait tant d’heures sur Internet. Elle m’a dit qu’elle discutait avec ses amis instantanément et qu’elles échangeaient aussi des photos et des documents. C’est comme ça que je lui ai demandé de m’ouvrir des comptes Facebook et Twiter que j’utile pour garder le contact avec mes clients et attirer d’autres".
Consultation à distance
Désormais, les clients de Bamba n’ont plus besoin de se déplacer pour se rendre chez lui. "De là où ils sont, ils peuvent m’envoyer leur photo par Internet. J’arrive à lire sur leur visage les problèmes qu’ils ont et je leur propose des solutions. Quand on tombe d’accord sur les modalités de paiement, je fais le travail", explique Bamba.
Sidibé Soilio est aussi marabout. Un marabout "moderne" qui raconte son expérience avec Internet et les réseaux sociaux.
"Depuis que je me suis inscrit sur Facebook je me reconnecte facilement avec mes clients. On arrive à échanger et comme ils sont satisfaits de mon travail, ils transmettent mon contact à leurs amis et parents qui ont des problèmes, et dès que je me connecte, on en parle. C’est merveilleux", affirme Sidibé.
Outre l’utilisation de Facebook, Sidibé a associé les services de transfert d’argent à sa méthode de consultation. "Je perçois une avance avant de faire le travail et quand je finis je reçois le reliquat toujours par transfert d’argent. C’est plus vite et facile. En retour, je confectionne des bagues et des petits talismans que j’expédie à mes clients".
Vite… sur Internet et Facebook
Coulibaly Petiorna, un autre marabout plaint le sort de ses collègues qui pour une raison ou une autre ne sont pas sur la toile.
"Les plus gros perdants sont les marabouts qui passent leur temps à traîner dans les rues, en quête de clients. Ils doivent comprendre qu’aujourd’hui les clients potentiels n’ont plus le temps de se déplacer de chez eux pour les retrouver dans la rue", explique Coulibaly. "Alors qu’avec Facebook, un PDG peut être assis dans son bureau et vous contacter. C’est un avantage. Ceux d’entre nous qui ne savent ni lire ni écrire devraient songer à engager des lettrés pour les aider", ajoute t-il.
Fait de mode ou simple nécessité, les marabouts se sont mis aux technologies de l’information et de la communication. Ils mobilisent blogs, sites Internet et comptes Facebook pour capter la clientèle, en plus des consultations téléphoniques à distance par lesquels ils prétendent accomplir des miracles ; des miracles difficilement vérifiables.
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