Les États-Unis ont fait savoir mercredi qu'ils aimeraient que la Chine explique pourquoi elle a besoin de porte-avions. "Nous saluerions tout type d'explication de la part de la Chine sur son besoin d'un tel équipement", a dit la porte-parole du département d'État, Victoria Nuland, lorsque des journalistes lui ont demandé si le premier porte-avions chinois, qui a effectué mercredi son baptême en mer, attiserait les tensions dans la région.
"Cela participe d'une inquiétude plus générale qui tient au fait que la Chine n'est pas aussi transparente que d'autres pays. Elle n'est pas aussi transparente que les États-Unis concernant ses acquisitions militaires et le budget de sa défense", a souligné Mme Nuland. "Et nous aspirons à une relation ouverte et transparente dans les affaires militaires", a-t-elle ajouté.
Portée symbolique
La Chine souhaite accroître son influence dans la région, où les querelles de territoire maritime sont nombreuses. Les débuts du premier bâtiment du genre pour la marine chinoise, un navire soviétique remanié de 300 mètres de long, étaient très attendus. "Sa portée symbolique dépasse son importance pratique", note toutefois Ni Lexiong, expert de la politique maritime chinoise à l'université de science politique de Shanghai. "Nous sommes déjà une puissance maritime, donc nous avons besoin d'un équipement approprié [...], comme les États-Unis ou jadis l'empire britannique", ajoute-t-il.
L'agence Chine nouvelle annonce sur son blog d'informations militaires la mise à l'eau de ce porte-avions, qui n'est pas encore totalement terminé, dans le port de Dalian [nord-est]. "La construction d'une marine puissante, à la hauteur du nouveau statut de la Chine, est une étape nécessaire et un choix incontournable pour le pays s'il veut sauvegarder ses intérêts nationaux, qui sont de plus en plus globaux", écrit-elle. La Chine a restauré un navire de l'ère soviétique acheté à l'Ukraine, et des sources proches du pouvoir ont dit à Reuters qu'elle était en train d'en construire deux autres.
Le budget de la défense a bondi
Pour Chengxin Pan, de l'université de Deakin, en Australie, "la Chine est fascinée depuis longtemps par le prestige des porte-avions, et ce premier essai en mer est vu comme une étape cruciale vers son objectif, qui est d'acquérir le statut de grande puissance navale". La Chine a construit d'autres navires de guerre - sous-marins ou navires de surface - et a développé des missiles anti-navires. Le budget du ministère de la Défense a bondi de 70 % ces cinq dernières années, là où celui du Japon, en proie à des difficultés budgétaires, a diminué de 3 % sur la même période.
"Il est inévitable que les pays voisins vont s'inquiéter, surtout après les récentes querelles en mer de Chine méridionale et l'accrochage maritime entre la Chine et le Japon l'année dernière", dit Chengxin Pan. Cependant, la Chine est encore loin de disposer d'un groupe aéronaval, sans lequel le porte-avions n'a qu'une utilité relative. Pour ce faire, la Chine doit avoir trois porte-avions et construire d'autres navires d'escorte et un groupe aérien, estime Ashley Townshend, de l'institut Lowy de politique internationale à Sydney. Selon lui, Pékin mettra dix ans à acquérir ce symbole de la puissance maritime.
( AFP )
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