La région de Kayes mise dans la zone formellement déconseillée aux ressortissants français : quelles implications pour le Sénégal ?


Huit personnes dont six humanitaires français et leurs guides nigériens ont perdu la vie dans une attaque dans la forêt de Kouré, à une heure de Niamey, au Niger. 

La tragédie s’est produite le dimanche 09 août. Réagissant à cette tuerie, le président français a assuré de son soutien les familles des victimes. Emmanuel Macron a surtout décidé de « renforcer les mesures de sécurité pour nos ressortissants dans la région ». 

« Nous poursuivons l’action pour éradiquer les groupes terroristes avec l’appui renforcé de nos partenaires », a promis le président français. Le centre de crise et de soutien du Quai d’Orsay (ministère français de l’Europe et des Affaires étrangères) est entré en action et a redessiné la carte des zones déconseillées dans la région du Sahel. Ainsi, le Niger, le Burkina et le Mali ont vu leurs territoires presque maculé de rouge. Si pour le pays où les ressortissants français ont été tués dimanche sans qu’on sache jusqu’à ce jour par quel groupe, aucun pan du territoire n’est fréquentable selon la carte, au Mali, c’est la quasi-totalité du territoire qui est « formellement déconseillée » aux voyageurs français. Il s’agit du nord, de l’est, une partie du sud et de l’ouest.

La zone orange qui est déconseillée sauf raison impérative regroupe une partie du sud et de l’ouest. Ça signifie quoi en langage moins diplomatique ?                                    « Ce sont des cartes de conseil publiées sur le site du Quai d'Orsay. Tous les grands pays en ont des comparables pour leurs propres ressortissants. Elles sont principalement destinées aux citoyens français « lambda » qui veulent voyager pour faire du tourisme  ou des affaires. Classer une zone en rouge, c’est un message pour ce type de public, pour lui faire comprendre que c'est extrêmement dangereux, et qu'il ne faut surtout pas y aller. Mais ça n'a qu’une valeur de recommandation. Ça ne veut pas dire que, techniquement, la France peut empêcher un Français d'y aller. Mais il semble évident que toute personne n’ayant pas de connaissance approfondie d’un pays en crise devrait en tenir compte », précise un travailleur humanitaire spécialisé dans la sécurité, consulté par Dakaractu.

La nouveauté dans cette carte des dangers, c’est la présence de la région de Kayes dans la zone rouge. Pour les autorités françaises, il s’agit de mettre en garde les pratiquants de cette partie du Mali, surtout que cette région a été ces derniers mois le théâtre d’actions terroristes revendiquées ou imputées au Groupe de soutien à l’Islam et aux musulmans (GSIM).

Cette coalition regroupe des organisations rompues à la tâche en matière de rapt d’Occidentaux même si ses méthodes divergent de celles de la succursale de l’Etat islamique, pointée du doigt dans l’attaque de dimanche dernier. Dans tous les cas, cette nouvelle classification ne devrait pas préoccuper uniquement les ressortissants français et le Mali.

La Mauritanie et le Sénégal devraient suivre la situation « de près » d’autant que ceux deux pays frontaliers du Mali n’ont jamais désintéressé les terroristes. Le Sénégal, davantage pour n’avoir pas encore connu d’incidents liés au terrorisme. Doit-on supposer pour autant que les groupes armés terroristes sont aux portes du Sénégal ?

Ça en a tout l’air surtout que Diboli qui est le premier poste-frontière côté malien, a manqué de peu son intégration dans la zone dangereuse du Quai d’Orsay. Néanmoins, il est déconseillé aux ressortissants français sauf pour des raisons impératives.

Devant cette situation d’insécurité permanente, les pays du Sahel ont l’impératif de renforcer leurs présence dans les zones presque à la merci des groupes armés terroristes. Non seulement pour assurer la sécurité des populations locales mais aussi pour sauver le tourisme, un secteur pourvoyeur de fonds pour nos pauvres États.

Le Sénégal l’a-t-il compris ? On peut répondre par l’affirmative eu égard aux dernières mesures sécuritaires.  Rappelons qu’en plus d’un détachement du Garsi-Sahel présent à Kidira, non loin de la frontière avec le Mali, un camp est en construction à Goudiry, toujours dans la région de Tambacounda.
Lundi 17 Août 2020




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