La prostitution 2.0 : Immersion dans des groupes WhatsApp de prostitution en ligne


Le plus vieux métier au monde, la prostitution  a encore de beaux jours devant elle. Nos deux mois d’enquête, nous ont permis de découvrir l’univers de la prostitution en ligne. Une pratique révolutionnaire du plus vieux métier du monde. En effet, la prostitution 2.0 est plus rentable avec zéro risque pour les filles de joie qui ne s’exposent plus à des rencontres physiques qui se transforment souvent en drame et les risques liés aux maladies et infections sexuellement transmissibles.
Cependant, c’est aussi un moyen d’arnaque efficace qui échappe à tout contrôle et aux gendarmes de l’internet. Ce fléau qui prend de l’ampleur dans les réseaux sociaux constitue un danger pour la santé mentale de cette jeunesse accro aux réseaux sociaux.


L’un des plus vieux métiers du monde, la prostitution qui a traversé tous les âges, les révolutions, les mutations sociales et religieuses, s’est réinventée. Elle a trouvé une place dans un monde dominé par une révolution numérique et technologique qui dépasse les frontières permettant d’assouvir presque n’importe quel désir.

Une enquête de plus de deux mois, nous a permis de découvrir l’univers de la prostitution 2.0 dont l’ampleur demeure encore difficile à cerner. En effet, tout est parti d’un constat sur les réseaux sociaux où pullulent des pages et des profils de jeunes filles de joie qui offrent des services sexuels (Appel Vidéo, Rencontre, Groupe What’s up Thiaga ou prostitution en ligne…).
 
Jeudi 28 mars 2024, nous sommes entrés en contact via Whatsapp avec une jeune fille que nous allons nommer FATOU durant l’enquête pour garder l’anonymat. En fait, nous nous sommes présentés à FATOU comme un homme qui a besoin de satisfaire sa libido. FATOU nous propose dès les premiers échanges un appel vidéo pour une somme de 5.000 Fr cfa. L’Appel Vidéo en question consiste après versement des 5.000 Fr cfa via le mobile money de passer en direct via whatsapp avec FATOU pendant une bonne dizaine de minutes où elle exhibe ses parties intimes parfois avec des danses érotiques.  
Des jours se sont écoulés, nous avons repris contact avec FATOU, cette fois-ci nous nous sommes intéressé davantage sur son travail de prostitution en ligne. Elle confie être à l’aise avec les appels vidéo qui sont plus sûrs que les rencontres physiques qui peuvent tourner au vinaigre et s'exposer aux maladies sexuellement transmissibles telle que le VIH qui rôde dans ce milieu.

Selon FATOU, c’est une révolution de la prostitution, une nouvelle ère plus prospère et sans risque majeur. En effet, avec les appels VIDÉO en ligne elle paie son appartement luxueux niché aux maristes, un quartier huppé de la capitale, Dakar. FATOU estime ses profils journaliers à plus de 200.000 Fr cfa. Et ses clients sont le plus souvent des hommes mariés, parfois des polygames, de jeunes garçons, des hommes mariés établis dans la diaspora, des avocats et des cadres de l'administration.
Certains clients nantis  sont prêts à débourser 50.000 Fr cfa pour une nuit durant laquelle FATOU est entièrement à leur disposition via un réseau social. Elle est aussi le mur des lamentations des hommes impuissants sexuellement  qui disent vivre l’humiliation au quotidien avec leurs épouses. Et d’autres hommes accros à la masturbation qui ne peuvent retrouver l’appétit sexuel que devant une vidéo pornographique.

Des semaines plus tard, nous avons réussi à nous infiltrer dans un vaste réseau de prostitution en ligne. En effet, après des enquêtes poussées, un contact nous a mis en rapport avec un jeune homme dont nous allons garder le nom et l’appeler ABDOU durant l’enquête. Ce dernier, contacté via WhatsApp nous dit être un administrateur de 1O groupes WhatsApp qui proposent toutes sortes de désir sexuel. Abdou nous explique que ces groupes regroupent des filles qui sont presque dans toutes les localités du pays. Cependant, pour intégrer les groupes, il faut payer une somme de 3.000 Fr cfa.
 
Ainsi, nous avons  effectué un transfert de 3.000 Fr cfa à Abdou qui a ensuite automatiquement ajouté notre numéro dans les différents groupes WhatsApp. Durant notre séjour dans les groupes whatsApp, nous avons eu la confirmation de l’existence d’un réseau national de prostitution en ligne. 
 
Pour mieux conforter ce constat, nous avons envoyé plusieurs demandes dans les différents groupes WhatsApp, des messages intitulés :  « Cherche une fille disponible à Mbour, Kolda, Kaolack, Ziguinchor » et on a eu des réactions dans chaque localité. Ce qui prouve incontestablement l’existence de réseaux de prostitution en ligne. Chaque groupe compte environ cinq cent membres, si on multiplie le nombre d’adhérents et le coût d’adhésion qui s’élève à 3.000 Fr cfa.  
Les administrateurs du groupe se tapent environ 1.500.000 Fr cfa par groupe WhatsApp. Un business très lucratif, nous confie ABDOU qui gagne facilement sa vie sans lever un petit doigt avec la complicité de certaines filles.

Cependant, plusieurs adhérents dans les groupes WhatsApp se plaignent des cas d’arnaque orchestrés par des filles. Parmi les hommes, victimes d’arnaque nous avons réussi  à échanger avec un certain D. BA. Ce dernier, un polygame à deux femmes, confie avoir été plusieurs fois victime d’arnaque dans ces groupes Whatsapp où ils partagent avec d’autres hommes, la même situation. D. BA dit avoir perdu près de 100.000 Fr cfa en une nuit. Il se rappelle de ce jour,  un samedi du mois de mai, D. BA était dans tous ses états, il ne pouvait plus se retenir. Il décida de contacter une fille pour un appel vidéo à 10.000 Fr cfa. Mais étant accro à la masturbation D. BA  dit qu’il était incapable de revenir à la raison pour ne pas se laisser manipuler par une petite fille. Cette dernière, selon D. BA  a un modus operandi qui consiste à  soutirer de l’argent à ses clients en prétextant de la mauvaise qualité du réseau de l’internet où elle enregistre les vidéos pour ensuite faire du chantage aux hommes avec des menaces de diffuser les vidéos dans les réseaux sociaux.

La prostitution en ligne gagne de plus en plus de terrain et constitue un danger réel pour la jeunesse sénégalaise dont la majorité passe beaucoup plus de temps dans les réseaux sociaux.  Cette jeunesse exposée à ses tentations néfastes pour leur santé mentale risque de sombrer si aucune mesure n’est prise pour endiguer ce fléau...
Samedi 6 Juillet 2024
Falil Gadio



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