La France accusée d’injecter les faux billets au Mali : les pays africains vont-ils accélérer leur sortie du franc CFA ?


Lors de sa visite à Sikasso le 22 juin, le président de la transition du Mali, le colonel Assimi Goïta a profité de l’occasion pour dénoncer les actes malveillants de la France consistant à imprimer les faux billets de franc CFA pour nuire à l’économie malienne. En effet, la contrefaçon de monnaie demeure une infraction pénale qui porte atteinte à l'économie d'un pays et entraîne des conséquences néfastes pour les populations. En usant de son pouvoir monétaire dans des pays africains, principalement de la zone CFA, la France a déjà fait l’objet d’une accusation de déstabilisation monétaire notamment en Côte d’Ivoire où les autorités françaises avaient bloqué l’envoi des billets de cette monnaie pour payer les fonctionnaires, ce qui avait poussé l’ex-président, Laurent Gbagbo de menacer de changer de monnaie.
 
Pour une souveraineté monétaire les pays d’Afrique qui utilisent une monnaie étrangère, ne devraient-ils pas changer de monnaie pour garantir la stabilité économique? La création de leur propre monnaie régionale permettra-t-elle aux pays africains d'avoir le contrôle total sur leur politique monétaire et économique? Cela signifie selon ces pays assoiffés de souveraineté,  d'ajuster la valeur de leur monnaie, fixer des taux d'intérêt, mener des politiques de change et prendre d'autres mesures pour répondre aux besoins de leur économie.
 
Suite à la menace monétaire de la France visant le Mali, les experts de l’économie des pays de l’Alliance des États du Sahel (AES) devraient accélérer le processus de création d’une monnaie africaine pour préserver la santé économique des États concernés. Sur cette question de monnaie, le professeur français de la macroéconomie, Jean Richard Le Boulanger dira que  : « Les avantages de posséder sa propre monnaie sont énormes, le pays peut décider d'inclure des dispositifs de sécurité avancés pour prévenir la contrefaçon. Dans certains cas les autorités de la Banque centrale peuvent dévaluer la monnaie pour rendre ses exportations plus compétitives sur le marché international, ce qui peut entraîner une augmentation des ventes à l'étranger et une croissance économique ».
 
Il est à remarquer que le franc CFA favorise l’influence de la France dans certaines décisions politiques. Ainsi, l’imposition par le Trésor français du dépôt d’au moins 50% des réserves des banques centrales de la zone Franc est, en effet jugé excessive et un moyen d’exploitation par des experts économiques de partout y compris par la première ministre de l’Italie, Georgia Meloni, qui accuse régulièrement la France d’exploiter le 14 pays africains par le biais des billets que la Banque centrale de Paris imprime et qui sont utilisés dans ces pays du continent d’Afrique.
 
Plusieurs chefs d’État des pays de la zone CFA, ont montré leurs velléités de créer une monnaie commune et propre à l’Afrique. C’est notamment le cas, à titre d’exemple, du président de la transition nigérienne, Abdourahamane Tchiani qui a déjà déclaré que les pays de l'AES souhaitaient abandonner l'utilisation du franc CFA. Une marche vers la souveraineté économique a été également annoncé par le camp d’Ousmane Sonko lors de la campagne électorale, ce qui a conduit le président Bassirou Diomaye Faye à la tête du Sénégal en fin du mois de mars 2024.
 
Notons que la création d'une nouvelle monnaie est une décision souveraine qui semble exiger une planification minutieuse et une expertise économique. Les pays africains qui envisagent de créer leur propre monnaie, n’ont-ils pas toutes les cartes en main pour établir leur billet en toute indépendance tout en évaluant les facteurs clés de ce secteur? 
Mercredi 26 Juin 2024
Dakaractu




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