FOCAC Le tournant de Pékin


FOCAC Le tournant de Pékin
Trois ans après Dakar, Pékin abritera, du 4 au 6 septembre prochains, le Sommet du Forum sur la Coopération Sino-Africaine (FOCAC). Signe de montée en puissance des relations entre la Chine et l’Afrique, le Sommet de Pékin marque un jalon dans la volonté commune des deux parties d’approfondir, en quantité, en qualité et en intensité leur partenariat stratégique. Le thème de cette grande rencontre en dit long : « Travailler ensemble à promouvoir la modernisation et à construire une communauté d’avenir partagé Chine-Afrique de haut niveau ». Le Sommet de Pékin s’inscrit ainsi dans le cadre global des Trois grandes initiatives récentes du Président Xi Jinping portant notamment sur le développement mondial, la sécurité mondiale et la civilisation mondiale, en plus des nouvelles Routes de la soie.  
 
Le FOCAC, créé en 2000 à l’initiative de Pékin, est devenu l’un des rendez-vous les plus importants de l’agenda mondial. Outre la connaissance mutuelle entre la Chine et le continent ainsi que l’approfondissement d’une relation amicale et solidaire, cette plateforme a impulsé une coopération exemplaire qui a permis à plusieurs pays africains d’accéder à des financements dans les domaines les plus variés, spécialement dans le secteur des infrastructures. 

La Chine est devenue aussi, depuis quelques années, le principal partenaire commercial de l’Afrique participant fortement à la croissance du continent. Dans le même temps, les deux parties ont intensifié les échanges culturels, la coopération entre les médias et les plateformes de partage des think tank. 

La vitalité des relations de coopération entre la Chine et l’Afrique s’explique par, entre autres, l’autonomie de chaque partie dans la détermination de ses besoins, le principe de non ingérence dans les affaires intérieures de l’autre et le respect mutuel qui préserve le droit de chaque partie de choisir librement les formes et les contenus de sa propre trajectoire. 

Le vent qui souffle sur l’Afrique porte la résonnance de cette aspiration imprescriptible. Comme le dit un adage chinois « Que cent fleurs s’épanouissent, que cent écoles rivalisent ». Amadou Hampathé Ba, monument indépassable de sagesse a laissé à la postérité ceci : « La génération du vingt-et-unième siècle connaîtra une fantastique rencontre de races et d’idées. Selon la façon dont elle assimilera ce phénomène, elle assurera sa survie ou provoquera sa destruction par des conflits meurtriers ».

L’édition de Pékin du FOCAC se tient justement sur fond d’une carte du monde agitée par des conflits dont les causes comportent le refus des différences. Les guerres meurtrières opposant l’Ukraine à la Russie et Israël à Hamas, le terrorisme dans le Sahel et la paix difficile en Afrique centrale aggravent les zones grises. Dans le même temps, l’élection présidentielle aux États Unis s’inscrit dans un horizon lourd d’incertitudes sur le tableau plus que convulsif d’un monde en proie à toutes sortes de menaces sécuritaires. 

Le Sommet de Pékin n’est certes pas consacré à ces « hystéries », mais il est évident que le contexte ainsi décrit se faufilera dans les coulisses et les panels plus ou moins formels. Les dirigeants chinois et africains feront un clin d’œil à cette actualité qui a un impact considérable sur les perspectives de la coopération entre la puissance asiatique et le continent africain. Leur désir de paix et de solidarité sera un message d’espoir à l’adresse des parties adverses. Un message au monde entier aussi soucieux de bâtir une communauté de destin partagé pour l’humanité toute entière.  

Dans la ligne des précédentes éditions, Pékin s’inscrira dans la perspective de consolider le partenariat Chine-Afrique sur la base des valeurs de solidarité, d’amitié, d’égalité et de respect mutuel offrant ainsi au monde un modèle de coopération plus adapté à notre époque. 

Dabs le même temps, les deux parties partageront les attentes fortes du continent décidé à accélérer le rythme de son développement. Sur ce chemin d’épreuves et d’espoir, l’Afrique gagnerait amplement à s’inspirer du modèle féconde de modernisation de la Chine adossée à ses réalités culturelles et historiques. Certes, ce modèle n’est pas à copier, mais il convient d’en faire une appropriation critique pour permettre au continent de « sauter » certaines étapes grâce à l’essor des nouvelles technologies dont l’Intelligence artificielle, domaine dans lequel la Chine réalise des progrès spectaculaires.  

Dans la même perspective, la Chine et l’Afrique, instruites par la dernière crise sanitaire de Convid-19, doivent relever le défi d’une coopération plus intense dans le domaine de la santé, de la souveraineté alimentaire et de l’industrialisation, celle du continent notamment. 

Le Sénégal, ayant abrité la dernière édition du FOCAC, peut jouer un rôle considérable de plaidoyer autour des défis que partagent la Chine et l’Afrique. Son influence diplomatique, sa position équilibrée sur les grandes questions qui rythment la marche du monde et sa coopération dynamique avec la Chine lui confèrent une place particulière dans la suite du Sommet de Pékin.

Hamidou KASSE
Philosophe/Ecrivain
Fondateur de La Revue de Dakar et du 
Think Tank Le Club de Dakar
Samedi 31 Août 2024
Dakaractu



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