La déclaration de la femme politique française de droite, Nadine Morano, d’après laquelle la France serait « d’origine judéo-chrétienne » et de « race blanche » a suscité une féroce polémique (certains esprits soupçonneux parleront de « buzz médiatique recherché») depuis le weekend dernier dans l’Exagone. Elle a été soutenue par l’avocat Me Gilbert Collard (du Front national) pour qui « personne ne douterait que les Noirs vivent en Afrique ».
Je voulais puiser dans les « bonnes feuilles » de ma thèse soutenue à la Sorbonne il y a quelques années sur « Déterminisme biologique, idéologies politiques et raciales : de l’eugénisme à la sociobiologie » (515pages) ou du tome 1 qui va être publié sous peu sur « Nietzsche lecteur de Darwin : ou la pensée à l’épreuve de l’universel » (344 pages) pour essayer (modestement) apporter des éclairages conceptuels.
II est vrai que le concept « race » est symboliquement surchargé, depuis le 2e Guerre mondiale avec les affres de l’hitlérisme dont « Mein Kampf » annonçait tristement la couleur. On oublie, sur cet aspect de l’histoire, que cet ouvrage sulfureux n’innove outre mesure sur les questions de l’eugénisme négatif ou du « nietzschéisme dévoyé ». Hitler n’aurait fait que copier des idées et concepts d’idéologues racistes et eugénistes (Vacher de Lapouge, Fischer, Spencer, Gobineau) qui se réclamaient de la « pensée » de Darwin.
Scientifiquement parlant, la taxonomie linnéenne classe le vivant en règne, classe, famille, genre, espèce, race (ou sous-espèce) pour établir les liens généalogiques. Par exemple l’Homme appartient au genre « Homo », à l’espèce « sapiens », et aux races ou sous-espèces « sapiens sapiens ». Vivant dans des niches écologiques différentes et via des mutations hasardeuses, les premiers hommes (noirs) sortis d’Afrique ont vu leur génotype évoluer pour donner, au niveau physique (phénotype) des caractéristiques différentes, comme la couleur de peau, chevelure, forme des yeux, nez, taille, etc. C’est pourquoi, les différentes races humaines sont inter-fécondables (et leur descendance non-stérile), parce qu’elles appartiennent à la même espèce. Ce n’est pas cas, par exemple, du produit de l’âne et du cheval (le mulet), infertile.
Mais cette lecture zoologique ou biologique des humains ayant conduit à la catastrophe (génocide juif) a mené à l’amendement de cette classification. Au lendemain de la Guerre, des experts (des généticiens des populations surtout), dont le premier directeur de l’Unesco (Julien Huxley), Théodosius Dobzhansky se sont chargés de la tâche pour publier quatre « Déclarations sur les races » en 1949, 1951, 1964 et 1978. Désormais, on utilise les variabilités au niveau des groupes sanguins humains (O, A, R+) pour démonter l’idée de « race biologique » et privilégier celle de « race humaine », socialement et cosmopolitiquement mieux acceptée. C’est l’idée assez simple, dans le fond, que les communautés humaines sont tellement imbriquées génétiquement qu’il serait impossible de les classer, en fonction des différences physiques spécifiques.
Pour en revenir à Morano, disons que ses thèses (comme celles de l’extrême droite, en général) rappellent forcément l’antique déterminisme racial et géographique dont Hitler symbolise la pente savonneuse. Beaucoup de ceux qui se disent « Blancs » seraient surpris de constater qu’ils sont plus apparentés au niveau de leurs gènes (groupes sanguins) avec des Noirs ou Indiens qu’avec les leurs. De même, certains Noirs dravidiens (en Inde) appartiennent aux mêmes groupes sanguins d’Asiatiques ou d’Européens que ceux de leurs « frères » Africains.
En outre, la France n’a pas été un pays judéo-chrétien, mais catholique. Et ce n’est même plus le cas aujourd’hui à cause des conséquences postmodernes (recul du religieux, montée de l’athéisme et de l’agnosticisme). D’ailleurs, employer l’expression « race » pour renvoyer aux origines biologiques des individus, comme elle le fait, est pénalement reprouvé.
Certains hommes politiques de son camp ont condamné ses propos et afficher l’idée optimiste et généreuse de l’humanisme philosophique et de la génétique es populations d’une communauté humaine « une et indivisible ».
Dr Ndiakhat Ngom
Je voulais puiser dans les « bonnes feuilles » de ma thèse soutenue à la Sorbonne il y a quelques années sur « Déterminisme biologique, idéologies politiques et raciales : de l’eugénisme à la sociobiologie » (515pages) ou du tome 1 qui va être publié sous peu sur « Nietzsche lecteur de Darwin : ou la pensée à l’épreuve de l’universel » (344 pages) pour essayer (modestement) apporter des éclairages conceptuels.
II est vrai que le concept « race » est symboliquement surchargé, depuis le 2e Guerre mondiale avec les affres de l’hitlérisme dont « Mein Kampf » annonçait tristement la couleur. On oublie, sur cet aspect de l’histoire, que cet ouvrage sulfureux n’innove outre mesure sur les questions de l’eugénisme négatif ou du « nietzschéisme dévoyé ». Hitler n’aurait fait que copier des idées et concepts d’idéologues racistes et eugénistes (Vacher de Lapouge, Fischer, Spencer, Gobineau) qui se réclamaient de la « pensée » de Darwin.
Scientifiquement parlant, la taxonomie linnéenne classe le vivant en règne, classe, famille, genre, espèce, race (ou sous-espèce) pour établir les liens généalogiques. Par exemple l’Homme appartient au genre « Homo », à l’espèce « sapiens », et aux races ou sous-espèces « sapiens sapiens ». Vivant dans des niches écologiques différentes et via des mutations hasardeuses, les premiers hommes (noirs) sortis d’Afrique ont vu leur génotype évoluer pour donner, au niveau physique (phénotype) des caractéristiques différentes, comme la couleur de peau, chevelure, forme des yeux, nez, taille, etc. C’est pourquoi, les différentes races humaines sont inter-fécondables (et leur descendance non-stérile), parce qu’elles appartiennent à la même espèce. Ce n’est pas cas, par exemple, du produit de l’âne et du cheval (le mulet), infertile.
Mais cette lecture zoologique ou biologique des humains ayant conduit à la catastrophe (génocide juif) a mené à l’amendement de cette classification. Au lendemain de la Guerre, des experts (des généticiens des populations surtout), dont le premier directeur de l’Unesco (Julien Huxley), Théodosius Dobzhansky se sont chargés de la tâche pour publier quatre « Déclarations sur les races » en 1949, 1951, 1964 et 1978. Désormais, on utilise les variabilités au niveau des groupes sanguins humains (O, A, R+) pour démonter l’idée de « race biologique » et privilégier celle de « race humaine », socialement et cosmopolitiquement mieux acceptée. C’est l’idée assez simple, dans le fond, que les communautés humaines sont tellement imbriquées génétiquement qu’il serait impossible de les classer, en fonction des différences physiques spécifiques.
Pour en revenir à Morano, disons que ses thèses (comme celles de l’extrême droite, en général) rappellent forcément l’antique déterminisme racial et géographique dont Hitler symbolise la pente savonneuse. Beaucoup de ceux qui se disent « Blancs » seraient surpris de constater qu’ils sont plus apparentés au niveau de leurs gènes (groupes sanguins) avec des Noirs ou Indiens qu’avec les leurs. De même, certains Noirs dravidiens (en Inde) appartiennent aux mêmes groupes sanguins d’Asiatiques ou d’Européens que ceux de leurs « frères » Africains.
En outre, la France n’a pas été un pays judéo-chrétien, mais catholique. Et ce n’est même plus le cas aujourd’hui à cause des conséquences postmodernes (recul du religieux, montée de l’athéisme et de l’agnosticisme). D’ailleurs, employer l’expression « race » pour renvoyer aux origines biologiques des individus, comme elle le fait, est pénalement reprouvé.
Certains hommes politiques de son camp ont condamné ses propos et afficher l’idée optimiste et généreuse de l’humanisme philosophique et de la génétique es populations d’une communauté humaine « une et indivisible ».
Dr Ndiakhat Ngom
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