Il est des moments privilégiés au cours desquels on se sent investi d’une mission spéciale. Un devoir de représentation d’une nation tout entière à travers son métier de journaliste, de supporter, d’ambassadeur et ou de footballeur professionnel, avec les couleurs nationales en bandoulière.
Depuis le mois de la nouvelle année 2024, c’est la ruée vers Yamoussoukro. Par les airs et souvent par le long périple de la voie terrestre via les atypiques convois de bus. Et oui, les différentes délégations sénégalaises (officiels ou non) arrivent de partout, une à une, en territoire ivoirien, décidé a représenter fièrement la nation sénégalaise. Une nation « cible » de tout un continent africain, dont les représentants à cette messe du football entendent défier farouchement les Lions de la Téranga. Sous la chaleur de Yamoussoukro, il faudra vaincre ou irrémédiablement tomber de son piédestal.
À l’aube de la 34eme édition de la Coupe d’Afrique des nations Côte-d’Ivoire 2024, le Sénégal va remettre en jeu son titre, sa première étoile farouchement acquise sur le sol camerounais, il y a deux ans déjà. Le souvenir est encore vivace dans les esprits et pourtant il faut déjà retourner sur les pelouses (qu’on espère impeccables dans les différents stades ivoiriens), afin de réaffirmer leur domination établie face aux pharaons égyptiens. En cet après-midi du jeudi 11 janvier 2024, sur le tarmac de l’aéroport international Blaise Diagne de Diass, le vol HC 303 (Air Bus A321) en direction de l’aéroport international Houphouet Bobigny, ce mélange d’enthousiasme, d’excitation et d’incertitude lié à cette fête du football, était perceptible sur le visage de la plupart des passagers.
Certes, tout le monde n’est pas un inconditionnel du ballon rond, et de ce sport planétaire qui déchaîne les émotions les plus enfouies en nous. Mais, force est de constater que l’Afrique vibre au rythme de la CAN. « Vous (les journalistes) êtes à l’honneur » lance ironiquement un policier en poste à l’Aibd. La Coupe d’Afrique, quel beau rendez-vous. À la fois culturel et sportif voire diplomatique avec l’expression du soft power dans toute sa splendeur, bien loin des joutes endiablées sur les pelouses verdoyantes. 16h30, l’avion prend enfin les airs, la compagnie Air Sénégal souvent très critiquée par les usagers (a raison d’ailleurs), a cette fois-ci sorti le grand jeu afin de convoyer tout ce beau monde à bon port et surtout dans les meilleurs délais. Là aussi un autre défi se présente face à la société nationale celle-là même qui a transporté, l’équipe nationale de football, c’est-à-dire réussir à desservir de manière professionnelle l’ensemble des futurs voyageurs. Les supporters doivent pouvoir compter sur notre compagnie aérienne. Ce sera leur partition à jouer en qualité de compagnie aérienne qui se veut majeure dans la sous-région et au niveau mondial. Ce, afin de réussir une parfaite symphonie, sans fausse note, dans cette reconquête de la belle et capricieuse dame coupe.
Revenons maintenant à nos verdoyantes pelouses et futurs stades en effervescence ! C’est du moins la promesse ferme qui a été faite par la commission d’organisation de la Coupe d’Afrique des nations (Cocan) et de manière plus large par le peuple ivoirien. Le pays de la Téranga (hospitalité) ira donc tenter le doublé à l’occasion de la « Coupe d’Afrique de l’hospitalité ! » Le hasard n’est pas de ce monde… « La CAN de l’hospitalité », un slogan qui fait rêver et laisse envisager de jolis brassages culturels, en plus de rencontres footballistiques de haute facture ! Après le Cameroun qui a tant bien que mal contenu la pandémie de la Covid-19 pour mener à bien sa Coupe d’Afrique, leur « rivaux » de la Côte d’Ivoire ne voudront absolument pas faire moins. On verra bien, que le meilleur brandisse le trophée au soir du 11 février 2024. En dépit des zones de turbulence qui ont quelque peu perturbé la tranquillité du vol et la quiétude des passagers, l’atterrissage se fera tout en douceur. Il est 18h52 quand les pneus de l’avion ont fait corps avec le tarmac de l’aéroport Félix Houphouet Boigny, créant des crissements de pneus, nourris. Seulement, il est impossible de sortir de l’aéroport sans au préalable montrer patte blanche. Au-delà du passeport c’est le carnet de vaccination contre la fièvre jaune qui est systématiquement exigé et pas n’importe lequel. La quasi totalité des passagers du vol Air Sénégal ont vu leurs carnets de vaccination (présumés faux), être rejetés et sommés d’aller se faire vacciner dans un bureau prévu à cet effet. Il faut débourser 7.000 FCFA séance tenante pour recevoir sa dose. Les autres passagers et autres nationalités sont apparemment moins concernés par cette mesure sanitaire qui rapporte très gros, il faut le dire !
Cette étape passé, dès les premières foulées en terre ivoirienne l’expression « Abidjan est doux » prend tout son sens ! Un doux sentiment d’enjaillement généralisé envahit les corps et les esprits malgré la chaleur moite qui enveloppe cette ville mythique. L’ambiance rythmée qui accueille les milliers de passagers qui arrivent via les différentes compagnies, fait presque oublier la fatigue et les tracasseries liées au débarquement. « Akwaba » peut-on lire un peu partout pour dire, bienvenue en langue locale. Les bâtiments brillent de mille feux, décorés tels des sapins de Noël. Rien n’est assez beau pour épater les visiteurs, danseurs, hôtesses et bénévoles s’activent avec dynamisme pour recevoir les convives. En attendant de rallier la capitale économique, Yamoussoukro, une partie de la délégation de l’association nationale de la presse sportive (Anps), va rejoindre le reste de la presse sénégalaise déjà installée à l’hôtel « Molomé » de Yamoussoukro. Entre les 2h20 passées dans les airs et les 3h de route qui séparent Abidjan à Yakro, on peut aisément se rendre compte que le pays d’ADO est déjà en plein dans la ferveur de la Coupe d’Afrique.
La cérémonie d’ouverture promet d’être grandiose ce samedi 13 janvier au stade Alassane Ouattara où les Éléphants de la Côte-d’Ivoire vont certainement tout écraser sur leur passage pour démarrer par une belle et rassurante victoire à domicile, face à la Guinée Bissau. Une victoire d’entrée qui sera également souhaitable pour les champions d’Afrique en titre, le Sénégal. Les Lions qui ont déjà pris leurs aises à Yakro, iront à la chasse aux scorpions. Des Scorpions gambiens fortement traumatisés par le drame survenu à bord de l’avion, au sein duquel un manque d’oxygène a failli leur coûter la vie. La Coupe d'Afrique des nations est non seulement une compétition sportive, mais aussi un événement qui réunit les peuples africains et célèbre la diversité et la passion pour le football sur le continent. Les stades seront animés par les chants et les danses des supporters venus de tous les pays participants. Les villes hôtes se préparent à accueillir les équipes et les supporters dans une atmosphère de fête et de convivialité. La route vers la finale ne sera pas facile pour le Sénégal. Les équipes comme le Nigeria, le Ghana, l'Égypte ou encore la Côte d’Ivoire et le Maroc sont également de sérieux prétendants au titre. Chaque match sera un défi, et la cohésion de l'équipe et la détermination des joueurs seront des facteurs clés pour réussir. Le Sénégal a déjà prouvé sa valeur lors de la précédente Coupe d'Afrique des nations, et les supporters s'attendent à ce que l'équipe répète ces performances exceptionnelles.
Cependant, le football est un sport imprévisible, et tout peut arriver lors d'un tournoi de cette envergure. La malédiction des champions d’Afrique éliminés au premier tour guette le Sénégal… La route vers le sacre est parsemée d’obstacles et les nations en lice sont averties. Que le meilleur gagne et que la fête du football africain commence !
MOUSTAPHA GAYE
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