Du kidnapping des 12 démineurs de Mechem en Casamance...


Du kidnapping des 12 démineurs de Mechem en Casamance...
Du kidnapping des douze démineurs de Mechem, survenu le 3 mai 2013 en Casamance…


Si ma mémoire est bonne, – et je crains qu’elle ne le soit plus tout à fait –, Tocqueville disait ce qui suit, à l’intention de ses contemporains, je cite : « Le passé n’éclairant plus l’avenir, l’esprit marche dans les ténèbres ».

Or, le passé immédiat nous apprenait, précisément pour nous éclairer, que Handicap International avait rempli avec brio sa mission de dépollution en Casamance jusqu’en septembre 2012. Les prévisions les plus sérieuses attestaient, cependant, en l’occurrence, que la dite activité de dépollution avait encore de « beaux » jours devant elle ; et ce, au mieux, jusqu’en 2016. Qu’est-ce qui avait donc pu amener le gouvernement à renoncer, de manière soudaine, aux services de cette ONG (organisation non-gouvernementale), reconnue pourtant pour son sérieux, son professionnalisme et son engagement hautement humanitaire et désintéressé, au profit de Mechem, une société privée sud-africaine ? Allez donc savoir !

Quoi qu’il en soit, une crise de confiance était alors née, à la faveur de laquelle le Mouvement des Forces Démocratiques de la Casamance (MFDC) a cru devoir se mettre sur ses gardes.

Entendons-nous bien, ce bref rappel historique ne peut ni ne saurait, sous aucun prétexte, constituer quelque tentative de justification que ce soit de l’injustifiable. Il n’en a pas moins le mérite de rappeler, ici, notamment à l’intention des autorités qui participent du pouvoir et du gouvernement dans notre pays, que, s’il avait pu sembler aisé, un temps soit peu, de chasser Handicap International au profit de Mechem ; et quelles que fussent les raisons ou motivations y relatives, cette décision scélérate n’avait été que fugitive, voire frustrante, sinon désespérante ; alors que l’activité de dépollution, elle, avait et a encore de « beaux » jours devant elle. Qui plus est, pour qu’elle soit menée, et bien menée, cette dernière nécessite – nécessairement donc ! – au moins l’adhésion avérée, franche, volontaire et déterminée de toutes les parties concernées.

Au demeurant, la « ligne rouge », telle qu’elle est « tracée » par le MFDC, quant à la limite, selon lui, à ne pas franchir dans le cadre d’opérations de dépollution, n’est pas quelque chose d’imaginaire. Elle est une réalité objective, même si l’Etat peut ou plutôt croit devoir la contester. Mais a-t-il jamais les moyens de la déplacer d’autorité ?

Et puis, le MFDC n’avait-il pas fait état de l’existence de ce qu’il considère comme une « ligne rouge à ne pas franchir », lors d’un conclave prévu à cet effet et qui avait eu lieu récemment à Sao Domingo, en Guinée-Bissau ? Auraient alors pris part à ce conclave, outre la faction concernée du MFDC, le CNAMS (Centre national anti-mines du Sénégal) pour le compte de l’Etat, Mechem, APRAN (une ONG locale), Appel de Genève (une ONG basée en Suisse), … Faudrait-il croire que cette position du MFDC, dite de la « ligne rouge », était aux yeux des autres parties au conclave un avis purement consultatif ? Auquel cas, le kidnapping des douze éléments de Mechem, par la faction incriminée du MFDC, que du reste nous déplorons, relèverait de leur responsabilité.

Certes, tout le monde, nous-mêmes y compris, convient de la nécessité et de l’urgence de dépolluer la Casamance. Mais, comment y parvenir ? Et, notamment, comment procéder à la dépollution des zones réputées litigieuses sans nous prévaloir, préalablement, d’un vrai accord de paix, négocié et reconnu comme tel par les deux parties en conflit ?...

Dakar, le 7 mai 2013.

Jean-Marie François BIAGUI
Président du Mouvement pour le Fédéralisme
et la Démocratie Constitutionnels (MFDC)

Mardi 7 Mai 2013
JMF BIAGUI




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