Cheval, pistolet et trahison : le procès explosif d’un fils contre son père à Linguère


À Linguère, ce qui aurait dû être une simple querelle familiale autour d’un cheval s’est transformé en une affaire judiciaire houleuse. Sadibou Ka, un jeune homme accusé d’avoir menacé de tuer son père avec un pistolet, a comparu mercredi devant le tribunal de grande instance de Louga. Une dispute remontant à 2015 autour de quatre vaches manquantes a déclenché une saga familiale aux accents dramatiques, qui tient aujourd’hui toute la région en haleine.

 

Quand la transhumance vire au conflit

 

Selon les informations rapportées par L’Observateur, tout commence en 2015. S. Ka, le père du prévenu, confie 30 vaches à son fils pour une transhumance dans la région du Saloum. À son retour, Sadibou Ka n’en ramène que 26, expliquant avoir vendu quatre vaches pour acheter un cheval et de l’aliment de bétail. L’affaire semble alors close, le père récupérant l’animal acheté.

 

Cependant, des années plus tard, Sadibou Ka revient réclamer le cheval, affirmant qu’il lui appartient. Refusant d’attendre l’arrivée de son père, comme le suggère son frère, le jeune homme aurait brandi un pistolet et proféré des menaces de mort. Selon le plaignant, son fils aurait déclaré : « Si mon père franchit le seuil de cette maison, je lui logerai une balle dans la tête ou je me tuerai. »

 

Des accusations graves, des versions opposées

 

Interrogé à la barre, Sadibou Ka nie fermement les faits. Selon lui, il n’a jamais brandi d’arme ni menacé qui que ce soit. Il insiste sur le fait que le cheval lui appartient, car il l’aurait acheté avec l’argent issu de la vente des vaches. « Je n’ose pas tuer mon propre père, même si nos relations sont compliquées depuis des années », a-t-il déclaré.

 

Mais les témoignages accablants de trois proches viennent contredire sa version. Tous affirment avoir vu le jeune homme brandir un pistolet noir lors de l’altercation. Pourtant, aucune arme n’a été retrouvée par les autorités, un point soulevé par la défense pour discréditer l’accusation de détention d’arme sans autorisation.

 

Abus de confiance et justice familiale

 

L’avocat du père, Me Nfamara Mané, a insisté sur le délit d’abus de confiance. Selon lui, Sadibou Ka n’a jamais restitué l’intégralité des biens confiés par son père, notamment les quatre vaches manquantes. De son côté, le parquet a requis une peine de trois mois de prison ferme, estimant que les faits sont suffisamment graves pour nécessiter une sanction.

 

La défense, assurée par Me Sidy Seck, a tenté de requalifier l’affaire en conflit familial. Il a plaidé pour la clémence du tribunal, soulignant l’absence de preuves matérielles concernant la prétendue arme.

 

Un verdict attendu

 

L’affaire, désormais mise en délibéré jusqu’au 11 décembre, cristallise les tensions autour d’un drame où se mêlent abus de confiance, menaces de mort, et disputes familiales.

 

Comme le souligne L’Observateur, ce procès révèle non seulement la fragilité des relations père-fils dans ce contexte rural, mais aussi la complexité des querelles familiales lorsqu’elles basculent dans la sphère judiciaire. Reste à savoir si le tribunal tranchera en faveur du père ou du fils, ou si la justice choisira une voie de réconciliation.

Dimanche 8 Décembre 2024
Dakaractu



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