Le langage et les concepts peuvent-ils exprimer la réalité authentique ? Autrement dit, arrivons-nous à appréhender la réalité à travers les mots que nous utilisons ? Il me semble que nous ne faisons qu’une tentative d’appréhension des objets, des phénomènes etc. Avons-nous une connaissons réelle de nous-même et de ce qui nous entoure ? Ce qui paraitrait clair dans notre perception ne serait-il pas à mille voiles de l’authenticité ?
Nous nous servons de la COVID-19 pour étayer nos hypothèses. Prenons comme objets de travail, trois (03) mots très fréquents dans les discours actuellement :
1. POSITIF
2. NEGATIF
3. VIRUS
Avec COVID-19, chacun de nous prie ou se bat pour être négatif aux tests. Alors, négatif est positif ici. Par contre, dans un autre registre marqué par la recherche de biens matériels et immatériels, nous visons généralement tous un tableau positif à tout égard.
Par conséquent, nous devrions comprendre que positif n’est pas totalement positif, négatif n’est pas exclusivement négatif. Finalement, ces deux concepts existent-ils de manière distinctive ? Un raisonnement beaucoup plus profond nous amène même à oser poser la question : positif et négatif existent-t-ils réellement ? Pour nous, c’est plutôt la situation, le temps ou la perception qui bougent en fonction de notre position.
Faisons le même raisonnement pour le virus qui fait vaciller des systèmes socioéconomiques et sanitaires dits les plus solides. Au premier regard, nous sommes en droit de dire que le virus est négatif, car à la date du 08 juin 2020, il a circulé dans plus de 07 millions de corps humains déclarés et a tué plus de 400 milles personnes dans le monde (OMS, 2020).
Par ailleurs, le virus est un micro-organisme faisant partie de la biodiversité. A ce titre, sa présence traduirait naturellement l’existence de fonctions ou de rôles qu’il aurait à jouer dans l’écosystème. Rien n’est créé au hasard, tout a une cause !
Autrement dit, si le coronavirus ne pourrait pas cohabiter avec l’homme, il remplirait probablement ailleurs, auprès soit des espèces animales, soit des espèces végétales, voire même dans un autre milieu tout court, des fonctions essentielles de garant d’un équilibre biosphérique. Alors, dans cette hypothèse, il devient indispensable, bref positif.
Les biologistes, les virologues et autres chercheurs continueraient à apporter des bribes de lueurs dans un immense océan d’investigation ! Pourquoi le virus aurait-il sorti de son gîte pour menacer la vie de l’Homme ? L’Homme dans ses activités, sa curiosité scientifique, ses turpitudes aurait-il entrainé des modifications qui libèrent le virus dans son milieu naturel ? D’après l’article de « The Guardian cité par Euractiv » (2020), « l’intrusion de l’Homme dans des zones de biodiversité augmente le risque de contagion de nouvelles maladies infectieuses (par le contact) entre les humains et les animaux sauvages… ».
Une chose est sûre, avant la découverte d’un vaccin ou le développement d’une immunité collective, l’Homme apprendra bien que l’écosystème est loin d’être dans un fonctionnement hasardeux que nous pouvons manipuler à volonté. Toute modification ou tentative de modification de l’ordre préétabli aurait des conséquences dramatiques.
L’être humain doit repenser ses rapports avec la biodiversité en confinant ses réflexes d’élimination des autres espèces vivantes. Il doit corriger son attitude de grand prédateur et perturbateur d’un écosystème dont la rupture de l’équilibre lui serait fatale. Par ailleurs, il doit assumer son destin, la cohabitation indispensable avec les autres espèces de la planète dans le respect des règles et normes préétablies pour garantir un environnement durable.
Cette année « LA BIODIVERSITE » est choisie comme thème de la Journée Mondiale de l’Environnement, célébrée tous les 05 juin. Coïncidence ou choix délibéré dans un contexte de la pandémie au coronavirus ? En tout cas cette maladie vient à son tour remettre en cause énormément de certitudes, livrer une foultitude de leçons et laisser de grosses interrogations sur des certitudes de façade, sur la viabilité de nos modèles socio-économiques centrés sur le matériel.
Momath Talla NDAO
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