À Tanger, François Hollande espère mettre un point final à la brouille franco-marocaine

Après un an de tensions diplomatiques, François Hollande entame samedi une visite de deux jours au Maroc pour sceller la réconciliation entre les deux pays. Le chef d'État français entend également relancer le partenariat économique avec Rabat.


Une "visite de travail et d'amitié" à Tanger pour tenter d'apaiser les tensions  entre la France et le Maroc. Le président François Hollande débute, samedi 19 septembre, visite délicate de deux jours, alors que refait surface la polémique autour du patron du contre-espionnage marocain, Abdellatif Hammouchi, visé par une plainte en France pour torture.

Des associations de défense des droits de l'Homme ont craint, jeudi, que le déplacement du chef de l'État ne soit l'occasion de décorer la Légion d'Honneur Abdellatif Hammouchi. En février, le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve avait annoncé que Paris le décorerait prochainement pour son rôle dans la lutte contre le terrorisme.

La "page est tournée" ?

Paris considère depuis que "la page est tournée" sur cette affaire. François Hollande avait reçu Mohammed  VI  à l'Élysée le 9 février pour mettre fin à la brouille, après la signature d'un nouvel accord judiciaire avec le Maroc. "Depuis plusieurs mois, on n'est plus dans la réconciliation, on est plutôt dans la reprise d'une relation très dense", assure ainsi un diplomate français.

Mais les critiques ne se sont pas arrêtées pour autant. Vendredi 18 septembre, la veille du déplacement présidentiel, l'association Reporters sans frontières (RSF) a dénoncé "la situation actuelle de la liberté d'information" au Maroc, "où la critique de sujets tabous tels que la monarchie ou l'intégrité territoriale peut amener à de lourdes condamnations".

Le Parti communiste français a de son côté fustigé une "visite bien malvenue dans un pays où la corruption et l'impunité règnent en maîtres" et où "la répression policière et les emprisonnements s'abattent sur les démocrates et les syndicalistes".

Renforcer les liens économiques

Malgré ce contexte, le chef de l'État entend renforcer les  liens économiques entre les deux pays. "Cette visite se veut aussi être une vitrine des relations économiques très vivaces entre les deux pays, explique Sara Doublier, correspondante France 24 à Rabat. Au Maroc, on parle de partenariat d’exception avec la France". Paris reste, en effet, le premier partenaire économique de Rabat grâce à l'importance de ses investissements.

Le chef d’État français, qui aura plusieurs entretiens avec le souverain marocain, visitera d'ailleurs un site de maintenance des rames de la future ligne à grande vitesse Tanger-Casablanca dont l'entrée en service est prévue en 2017-2018. Il doit aussi se rendre sur le port de Tanger, deuxième port du royaume chérifien.

"Ce sont deux chantiers très représentatifs de cette volonté de coproduction, de partenariat" entre la France et son ancien protectorat. "Il n'y a plus aucun soupçon de paternalisme. On est vraiment dans une logique de coopération, partenariat, chacun avec sa valeur ajoutée", affirme un diplomate français.

Le climat sera aussi au menu des discussions et François Hollande signera "un appel de Tanger" en vue de la Conférence (COP 21) de Paris en décembre. Le Maroc, qui organisera la COP 22, est le premier pays du Maghreb à avoir remis sa contribution, avec pour objectif de passer à 42 % d'énergies renouvelables d'ici 2020.

La lutte contre le jihadisme sera aussi au programme, alors que le gouvernement marocain a récemment durci les lois contre toute personne impliquée de près ou de loin dans des activités liées à des "groupes terroristes". Une coopération entre la France et le Maroc pour la formation des imams pourrait ainsi être évoquée entre François Hollande et Mohammed VI, promoteur d'un "islam du juste milieu".

Source: France 24

Samedi 19 Septembre 2015




Dans la même rubrique :