DAKARACTU.COM Longtemps présenté comme une solution par son président de père, qui l’a toujours gavé d’éloges et de postes, Karim Wade est devenu un problème. Peut-être même à son corps défendant, le fils d’Abdoulaye Wade est aujourd’hui le maillon faible du régime, le point d’impact des tirs de tous les adversaires du pouvoir, l’homme qui cristallise tous les mécontentements et symbolise toutes les tares du système. Il ne se passe plus un jour sans qu’il ne soit pas cité dans un scandale. Le 4 septembre, dakaractu a publié un télégramme diplomatique de l’ambassade des Etats-Unis à Dakar qui lui impute d’avoir voulu profiter de la décision de l’Etat de vendre ses 28% dans le capital de la Sonatel pour blanchir d’importantes sommes d’argent. A peine a-t-il fini d’envoyer des sommations interpellatives au directeur de publication de ce site, à l’ex-ambassadeur des Etats-Unis à Dakar, Marcia Bernicat, et à sa « source » Sogué Diarisso qu’une autre affaire l’éclaboussait. Il y a trois jours, Robert Bourgi l’a nommément accusé d’avoir remis à Dominique de Villepin l’équivalent de 500 millions de francs cfa destinés au financement de la campagne présidentielle de 2002 de Jacques Chirac. Alors que la polémique n’est pas retombée, Le Quotidien a publié ce 13 septembre un câble de Wikileaks faisant état de son arrestation en 2009 au Maroc pour détention de drogue.
Tout ceci est venu s’ajouter à une très longue liste de scandales dans lesquels il a été cité : la réfection à hauteur de 17 milliards de francs cfa de l’ancien avion présidentiel aujourd’hui à l’abandon, le détournement du fonds taïwanais, les malversations dans la gestion de l’Anoci, l’affaire de la renégociation de la licence de Tigo, la polémique autour d’un jet privé dont la propriété lui est attribuée… Son nom revient-il à juste titre ou injustement ?
Coupable ou bouc émissaire, Karim Wade en est arrivé à traîner aux yeux de l’opinion nationale mais également internationale (les télégrammes diplomatiques le surnomment selon les cas « Monsieur 10% » ou « Monsieur 15% ») la sulfureuse réputation d’un homme corrompu jusqu’aux os, maître d’œuvre d’un système sophistiqué de délocalisation des deniers publics sénégalais vers des comptes de sociétés-écran domiciliées dans des paradis fiscaux.
Est-il accusé à tort ou à raison ? Là n’est plus la question, dès lors que la réponse, quelle qu’elle soit, ne change rien à la perception du plus grand nombre. Les plaintes tous azimuts n’y changeront rien. Gagner tous les procès du monde n’y pourra rien. D’autant qu’abuser de plaintes quand on est le fils du président du Conseil supérieur de la magistrature, dans un pays où la justice est inféodée à l’Exécutif, a quelque chose de particulièrement indécent. A force d’en user, l’arme de la poursuite judiciaire n’arrive d’ailleurs plus à lui garantir d’être craint. Et lui colle plutôt l’image de quelqu’un qui abuse d’une position dominante. On touche là au cœur du problème Karim Wade.
Etre le fils du président de la République, être successivement nommé à des postes où coulent d’énormes sommes d’argent, cumuler des départements ministériels sans aucun autre lien que celui de drainer des fonds importants… posent de grandes questions de décence, d’élégance républicaine, d’éthique…
Sa posture au sein de l’Etat symbolise un troublant mélange des genres entre service public et intérêts familiaux. Le fait qu’il soit le fils du président, dans un contexte africain de personnalisation du pouvoir, fausse les règles de la hiérarchie gouvernementale. Ministre des Infrastructures, des Transports aériens, de la Coopération internationale et de l’Energie, il a plus de pouvoirs que le Premier ministre.
Logiquement exposé par son large spectre dans les affaires publiques, Karim Wade est et sera la cible privilégiée. Dakaractu, qui l’avait annoncé le 12 septembre, réitère que le déballage destiné à le carboniser ne fait que commencer. Le parquet de Paris a ouvert sur l’affaire des valises remises à l’Elysée une instruction dont il est l’une des cibles. Lui-même est à l’origine de procédures judiciaires passées et à venir. On ne peut pas être impliqué dans toutes ces procédures et rester dans un gouvernement.
Devenu par la force des choses un point de fixation, comme il l’a lui-même reconnu dans une lettre ouverte qu’il a adressée aux Sénégalais, le fils du président doit disparaître de la sphère étatique pour cesser de polariser l’attention sur lui au détriment de l’essentiel. Cette nécessité d’une clarification relève d’une hygiène de la gestion publique. Jean Sarkozy a bien renoncé à la présidence de l’Epad, face au rejet par l’opinion française d’une promotion népotique.
L’idée que Karim Wade doit rester parce qu’il peut ou est en train de faire le travail est en-dessous de l’enjeu de la question. Ce ne sont pas ses qualités ou ses compétences qui sont en cause. Brillant ministre des Finances sous Lionel Jospin, Dominique Strauss Kahn a démissionné pour avoir été cité dans l’affaire de la MNEF. On ne profite pas d’une position de pouvoir pour plaider une cause privée.
Ne serait-ce pour mettre à l’aise son père, qui a franchi les limites de la pudeur pour lui donner tout ce qu’il voulait, Karim Wade doit démissionner.
Tout ceci est venu s’ajouter à une très longue liste de scandales dans lesquels il a été cité : la réfection à hauteur de 17 milliards de francs cfa de l’ancien avion présidentiel aujourd’hui à l’abandon, le détournement du fonds taïwanais, les malversations dans la gestion de l’Anoci, l’affaire de la renégociation de la licence de Tigo, la polémique autour d’un jet privé dont la propriété lui est attribuée… Son nom revient-il à juste titre ou injustement ?
Coupable ou bouc émissaire, Karim Wade en est arrivé à traîner aux yeux de l’opinion nationale mais également internationale (les télégrammes diplomatiques le surnomment selon les cas « Monsieur 10% » ou « Monsieur 15% ») la sulfureuse réputation d’un homme corrompu jusqu’aux os, maître d’œuvre d’un système sophistiqué de délocalisation des deniers publics sénégalais vers des comptes de sociétés-écran domiciliées dans des paradis fiscaux.
Est-il accusé à tort ou à raison ? Là n’est plus la question, dès lors que la réponse, quelle qu’elle soit, ne change rien à la perception du plus grand nombre. Les plaintes tous azimuts n’y changeront rien. Gagner tous les procès du monde n’y pourra rien. D’autant qu’abuser de plaintes quand on est le fils du président du Conseil supérieur de la magistrature, dans un pays où la justice est inféodée à l’Exécutif, a quelque chose de particulièrement indécent. A force d’en user, l’arme de la poursuite judiciaire n’arrive d’ailleurs plus à lui garantir d’être craint. Et lui colle plutôt l’image de quelqu’un qui abuse d’une position dominante. On touche là au cœur du problème Karim Wade.
Etre le fils du président de la République, être successivement nommé à des postes où coulent d’énormes sommes d’argent, cumuler des départements ministériels sans aucun autre lien que celui de drainer des fonds importants… posent de grandes questions de décence, d’élégance républicaine, d’éthique…
Sa posture au sein de l’Etat symbolise un troublant mélange des genres entre service public et intérêts familiaux. Le fait qu’il soit le fils du président, dans un contexte africain de personnalisation du pouvoir, fausse les règles de la hiérarchie gouvernementale. Ministre des Infrastructures, des Transports aériens, de la Coopération internationale et de l’Energie, il a plus de pouvoirs que le Premier ministre.
Logiquement exposé par son large spectre dans les affaires publiques, Karim Wade est et sera la cible privilégiée. Dakaractu, qui l’avait annoncé le 12 septembre, réitère que le déballage destiné à le carboniser ne fait que commencer. Le parquet de Paris a ouvert sur l’affaire des valises remises à l’Elysée une instruction dont il est l’une des cibles. Lui-même est à l’origine de procédures judiciaires passées et à venir. On ne peut pas être impliqué dans toutes ces procédures et rester dans un gouvernement.
Devenu par la force des choses un point de fixation, comme il l’a lui-même reconnu dans une lettre ouverte qu’il a adressée aux Sénégalais, le fils du président doit disparaître de la sphère étatique pour cesser de polariser l’attention sur lui au détriment de l’essentiel. Cette nécessité d’une clarification relève d’une hygiène de la gestion publique. Jean Sarkozy a bien renoncé à la présidence de l’Epad, face au rejet par l’opinion française d’une promotion népotique.
L’idée que Karim Wade doit rester parce qu’il peut ou est en train de faire le travail est en-dessous de l’enjeu de la question. Ce ne sont pas ses qualités ou ses compétences qui sont en cause. Brillant ministre des Finances sous Lionel Jospin, Dominique Strauss Kahn a démissionné pour avoir été cité dans l’affaire de la MNEF. On ne profite pas d’une position de pouvoir pour plaider une cause privée.
Ne serait-ce pour mettre à l’aise son père, qui a franchi les limites de la pudeur pour lui donner tout ce qu’il voulait, Karim Wade doit démissionner.
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