Zakat al-fitr, un impôt légal purificateur


Ramadan. Qu’est-ce que cette zakat al-fitr que le musulman doit payer obligatoirement à la fin de ramadan ? Nous arrivons au terme du mois de ramadan. Le mois suivant, le mois de chawwal, est annoncé pour demain ou après-demain et avec lui la fête de l’aïd al-fitr, appelée aussi « aïd as-saghir » (ou seghir) en opposition à aïd el-kebir, appelée aussi « aïd al-adha », la fameuse fête du mouton qui a lieu pendant la période du hajj (pèlerinage à La Mecque). Cette fête, l’aïd al-fitr, doit être une fête pour tout le monde, riches comme pauvres. C’est pour cela notamment qu’a été instituée la zakat al-fitr.

On traduit traditionnellement « zakat al-fitr » par « aumône de la rupture ». On lui préfère toutefois une autre traduction qu’aumône, celle « d’impôt purificateur ». On retiendra d’ailleurs que le mot « zakat » vient de la racine arabe z-k-w qui a, entre autres, le sens de purification. La zakat al-fitr est le moyen pour le musulman jeûneur de se purifier des péchés et des abus passés. Mais pas seulement : la zakat al-fitr est une aide, un soutien, un acte de solidarité à l’égard des pauvres afin qu’ils profitent eux aussi de l’aïd al-fitr et ne se retrouvent pas à quémander.

Cet impôt purificateur, cette zakat al-fitr est obligatoire pour toute personne qui a de quoi manger pour un jour et une nuit et qui possède un surplus de nourriture. Elle doit être payée au nom de toute personne à charge. Par exemple, un père de famille ayant trois enfants à charge devra payer la zakat pour lui, pour son épouse et pour ses trois enfants. Soit le montant établi de la zakat al-fitr multiplié par cinq. Le montant de la zakat al-fitr est en effet toujours indiqué à l’unité.

Que doit-on donner et à combien s’élève la zakat al-fitr ?

La zakat al-fitr peut se donner soit sous forme de denrées alimentaires soit sous forme pécuniaire, c’est-à-dire avec de l’argent, conformément à deux avis juridiques. Certains savants soutiennent en effet qu’on ne peut donner la zakat que sous forme de denrées alimentaires (orge, blé, riz, etc.), d’autres, comme l’imam Abû Hanîfah, permettent qu’on offre de l’argent à la place de la nourriture. Comme le rappelle Mouhammad Patel sur son site :

« Cette façon de procéder de l’Imâm Abou Hanîfah r.a. en ce qui concerne la Zakâte est en accord avec la pratique qui est rapportée de certains Compagnons (radhia Allâhou anhoum) (comme Mouâdh (radhia Allâhou anhou), qui avait demandé aux gens du Yémen de s’acquitter de la Zakâte de leurs récoltes en donnant des étoffes, leur expliquant que cela serait plus aisé pour eux (vu que leur activité principale était justement la confection des étoffes)…). C’est d’ailleurs pour cette raison que, sur cette question, l’Imâm Boukhâri r.a. semble avoir un avis similaire à celui de l’Imâm Abou Hanifah r.a., comme le relève l’Imâm Nawawi r.a. et Ibné Rouchd r.a. Ces derniers se fondent sur le critère de solidarité, d’entraide sociale qui fonde la zakat al-fitr. Par ailleurs, il est rapporté que des compagnons du Prophète avaient déjà opté pour un paiement en argent et non en nourriture. » (source : www.muslimfr.com)
Payer en denrées alimentaires
Le montant de la zakat al-fitr répond à des critères très précis, que l’on paye en nature ou avec de l’argent. Pour le déterminer, on se réfère, comme il se doit, au Prophète (saws), lequel l’avait fixé à un sa’. Concrètement, le sa’ équivaut à quatre fois la quantité que peuvent contenir deux mains en denrées alimentaires, soit aux alentours de 2 litres de nourriture. La denrée alimentaire doit correspondre à ce qui est consommé dans le pays où l’on vit. Si aujourd’hui beaucoup de musulmans en France, sinon la majorité, donnent de l’argent plutôt que de donner des denrées alimentaires, il est une bonne chose de préférer la façon originelle et prophétique et de donner de la nourriture. Outre les mérites liés à l’attachement de la sunna dans toute son authenticité, ce choix permet de revivifier les pratiques prophétiques et de remette au jour une symbolique que l’argent altère.

Equivalence nourriture-zakat al-fitr

Semoule : 2 000 g = 2 kilos
Raisins secs : 1 640 g = 1,640 kilos
Farine : 1 400 g = 1,4 kilos
Couscous : 1 800 g = 1,8 kilos
Lentilles : 2 100 g = 2,1 kilos
Plombs (Mahmassah) : 2 000 g = 2 kilos
Haricots blancs : 2 060 g = 2,06 kilos
Dattes : 1 800g = 1 kilo 800 grammes
Pois cassés : 2 240 g = 2 kilos 240 grammes
Pois chiches : 2 000 g = 2 kilos
Blé : 2040g = 2 kilos 40 grammes
Riz : 2300g = 2 kilos 300 grammes
Source : Fourqane, d’après une fatwa de Cheikh Ferkouss
Payer avec de l’argent
Concernant le montant, il semblerait (à confirmer) que, comme pour les années précédentes, il soit de cinq euros par personne. Ainsi, pour reprendre l’exemple précédent, le père de famille ayant trois enfants et une épouse devra payer 5 fois 5 euros, soit 25 euros. Si vous ne savez pas à qui donner votre zakat al-fitr, renseignez-vous rapidement autour de vous ou auprès de votre mosquée. Il est fort probable que parmi vos voisins il est des pauvres dont vous ne soupçonnez pas l’existence. Sinon, vous pouvez la remettre directement aux responsables de votre mosquée, qui souvent ont disposé des caisses à l’entrée du lieu de culte.

Quand donner la zakat al-fitr ?

Avant la prière de l’aïd al-fitr. Ce point ne souffre aucune divergence. Il faut absolument s’acquitter de la zakat al-fitr avant la prière. Il y a unanimité à ce sujet. Le mieux est de la donner le jour de l’aïd, depuis l’aube jusque avant l’accomplissement de la prière, comme l’a recommandé le Prophète (saws). On peut tout de même la donner un ou deux jours avant. Certains disent même avant. Celui qui la donnera après la prière ne se sera pas acquitté de la zakat al-fitr. Son don ne sera considéré que comme une simple aumône. Malgré tout, il en sera toujours redevable et devra absolument s’en acquitter.

Zakat al-fitr et zakat al-mâl

Attention il faut distinguer zakat al-fitr de zakat al-mâl. Zakat al-mâl, qui est l’un des cinq piliers de l’islam (avec la shahada, la prière, le hajj et le jeûne du mois de ramadan), est un impôt sur l’épargne. Cet impôt est à hauteur de 2,5 % de l’épargne du musulman, si cette épargne est égale ou dépasse le nissab, seuil à partir duquel on devient imposable et dont le montant est de 85 grammes d’or, soit actuellement environ 3 400 euros. Pour calculer le montant de la zakat al-mâl, on se base sur une année lunaire entière. En d’autres termes, la zakat al-mâl, c’est 2,5 % de l’argent (et biens matériels) que l’on possède sur une année entière. C’est un impôt obligatoire que tout musulman doit payer, et qui lui aussi est redevable à vie ; ce qui veut dire que si une personne ne l’a jamais payé alors qu’elle en était redevable et qu’elle prend conscience de ce manquement, elle doit calculer ce qu’elle aurait dû payer et s’acquitter de sa dette.

( al-kanz.org ) 
Mercredi 31 Aout 2011